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Anne Parent : Le Vin Conjugué Au Féminin

Anne Parent, Dirigeante du Domaine Parent et Marraine des Trophées "Les Femmes de l'économie" Bourgogne-Franche-Comté
Anne Parent

Entretien avec Anne Parent, dirigeante du Domaine Parent à Pommard et marraine de la 1ère édition Bourgogne Franche-Comté des Trophées « Les Femmes de l’économie ».

• Quelles sont les grandes lignes de votre parcours professionnel ?

Mon parcours s’est essentiellement construit dans l’univers du vin. Après des études de droit privé et une série de formations professionnelles reconnues dans le monde viticole, j’ai débuté ma carrière en tant que commerciale dans une maison de négoce. Quelques années plus tard, je choisis d’explorer un tout autre secteur d’activité, celui de la formation professionnelle. J’intègre alors l’Institut Français de Gestion, au titre de Responsable commerciale et pédagogique pour la Bourgogne Franche-Comté. 

1998 est l’année de mon retour aux sources et à ce qui était ancré au plus profond de moi. En partenariat avec ma sœur Catherine, je reprends la direction du domaine familial et l’activité de négoce. Nous sommes ainsi la 12ème génération à perpétuer la tradition familiale. Ce Domaine d’une dizaine d’hectares est situé à Pommard, j’ai en charge la partie technique : le suivi des méthodes culturales qui sont orientées depuis plusieurs années en biologique et bio-dynamie, la vinification mais aussi la commercialisation et la promotion de nos vins sur les marchés à l’exportation. 

En parallèle à mes fonctions de dirigeante, j’ai fondé en 2000 l’association Femmes et vins de Bourgogne, regroupant une quarantaine de femmes ayant repris ou créé des domaines viticoles ou des sociétés de négoce. L’objectif de cette association est de pouvoir échanger, d’apprendre à se connaître, aller déguster chez les unes et les autres, s’entraider mutuellement tout en faisant la promotion du vin en général et des vins de Bourgogne en particulier. Avec la multiplication des associations viticoles françaises, nous avons souhaité fédérer l’ensemble de ces dernières autour d’un cercle national, baptisé Femmes de vin, dont j’ai été la Présidente de 2010 à 2013 puis la Vice–présidente jusqu’en avril dernier. Femmes de vin regroupe aujourd’hui 10 associations et 300 femmes des régions viticoles françaises.

• Quel constat dressez-vous de la place de la femme dans le monde viticole, traditionnellement masculin ?

Aujourd’hui, les femmes qui choisissent cette voie le font d’une manière déterminée et motivée, alors qu’il y a encore quelques années, c’était souvent un choix par défaut. Même si l’univers viticole reste majoritairement masculin, les mentalités ont beaucoup évolué. De plus en plus de femmes reprennent des exploitations viticoles.

On perçoit également une belle progression de la mixité dans les métiers liés au vin. Par exemple, dans les années 70, seulement 2% de femmes exerçaient le métier d’œnologue. Aujourd’hui, elles sont 49%. Il en va de même pour les métiers de la sommellerie.

Bien sûr, il reste encore beaucoup de choses à faire. Pour ma part, je trouve cela navrant d’avoir été la seule femme élue à l’Interprofession des Vins de Bourgogne pendant plus de 10 ans, et de constater que depuis mon départ en 2015, aucune femme n’a été renommée au sein du Comité permanent.

• Avez-vous des modèles, féminins ou masculins, qui vous inspirent au quotidien ? 

Mes parents sont les deux modèles qui m’ont inspirée. Ma mère était une femme très dynamique, une commerciale dans l’âme, qui s’est beaucoup impliquée dans diverses organisations. Je pense que j’ai hérité de son tempérament et de son envie de faire bouger les choses, d’être à l’origine et toujours à l’écoute. Quant à mon père, c’était un vrai pionnier dans le domaine viticole. Il a su oser, avancer, comprendre, évoluer, tout en étant très exigeant et sans compromission sur la qualité de ses vins. C’était l’un des premiers vignerons de Côte d’Or dès le début des années 60 à vendre toute sa récolte en bouteille et à exporter une part significative de sa production.

Il y a également beaucoup de femmes qui m’inspirent. Je pense notamment à Christine Lagarde, pour qui j’ai beaucoup d’admiration, car elle a su s’imposer dans un milieu financier. Des femmes également dont la vie me bouleverse, comme Simone Veil. J’ai aussi beaucoup de respect et de fascination pour des hommes comme Paul-Emile Victor et Eric Tabarly.

• En tant que marraine de la 1ère édition des Trophées « Les Femmes de l’économie » en Bourgogne Franche-Comté, quel message d’encouragement souhaitez-vous adresser à toutes nos candidates ?

Nous avons la chance d’avoir une région extraordinaire, riche et variée, où des domaines d’activité « traditionnelle » côtoient des secteurs de pointe. Je trouve que nos femmes chefs d’entreprise reflètent parfaitement cet environnement. J’ai envie de dire à toutes les candidates des Trophées qu’il faut continuer à montrer cette audace, à s’engager, et surtout avoir confiance en soi. Osez ! L’ambition n’est pas un gros mot. Prenez également du plaisir dans ce que vous faites et sachez le transmettre.

• Pour conclure, auriez-vous une citation à nous transmettre ?

Tout d’abord, cette citation de Guillaume Apolinaire : « Il est grand temps de rallumer les étoiles. » C’est tout à fait à propos car je considère que les femmes sont des étoiles. Ensuite, une citation de Ghandi que je trouve très appropriée au contexte actuel : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. »

Tous les petits ruisseaux font de grandes rivières, toutes les femmes chefs d’entreprises contribuent à notre économie, et au rayonnement de notre pays.

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