AI Paris, le premier grand rendez-vous français sur l’intelligence artificielle en entreprise se déroule les 6 et 7 juin à la Cité universitaire internationale de Paris. Entre conférences et rencontres professionnelles, les contours de l’intelligence artificielle en entreprise se dessinent : grands groupes et start-up investissent des moyens humains et financiers pour développer chatbots, assistants virtuels, ou solutions pour améliorer l’expérience client. Compte rendu.
En 2001, Alexandre Lebrun, de Facebook AI research, découvre Cybelle. Après une courte idylle, il se lasse rapidement de ce chatbot peu évolué. Sa passion pour l’intelligence artificielle, elle, restera. L’anecdote inaugure les deux journées AI Paris, conférences et rencontres organisées à la Cité universitaire internationale de Paris les 6 et 7 juin, avec le soutien du secrétariat d’Etat au Numérique et à l’Innovation. De nombreux orateurs, issus des géants du numérique, comme Facebook et Google, ou issus de grands groupes français sont montés sur scène pour présenter leurs projets de R&D, leurs innovations et leurs mises en pratique. Autrefois cantonnée à la science fiction, l’intelligence artificielle commence à faire son apparition en entreprise. Selon France IA, plan lancé en janvier 2017 sous l’impulsion des secrétaires d’Etat de l’époque Axelle Lemaire (numérique et innovation) et Thierry Mandon (enseignement supérieur et recherche), l’intelligence artificielle en France concerne déjà 5500 chercheurs, 18 Masters, 80 petites et moyennes entreprises et 345 start-up, dont 75% créées après 2013.
L’intelligence artificielle connaît un regain d’intérêt depuis le début des années 2010, mais elle est probablement née avec la création des machines modernes. Comme le rappelle Alexandre Lebrun, en 1950, Alan Turing développe un test qui permet d’évaluer les machines en fonction de leur capacité à imiter les conversations humaines. Et en 1966, Eliza, un bot créé par Joseph Weizenbaum, se fait passer pour un psychanalyste. Une petite astuce imaginée car Eliza avait pour habitude de relancer son interlocuteur par des « peux-tu m’en dire plus ? » quand elle se trouvait coincée dans la conversation.
La machine apprend
Aujourd’hui, « on a changé de paradigme », selon Alexandre Lebrun. En effet, il explique que « ce ne sont plus des instructions, mais des exemples qui sont donnés à l’ordinateur ». Une fois que la machine a intégré suffisamment d’éléments, elle va pouvoir deviner des choses par elle-même. L’ordinateur peut désormais percevoir et décrire ce qu’il y a sur une image, répondre à des questions simples et même faire quelques prédictions. Cependant, Alexandre Lebrun insiste sur un élément : « il y a un plafond de verre entre l’apprentissage supervisé et l’apprentissage non supervisé. A la différence d’un enfant, la machine aura besoin de s’ébouillanter 1000 fois pour comprendre que c’est dangereux. »
Mais la machine commence à établir des liens entre toutes les données qu’elle engrange et les questions qui lui sont posées. Depuis 2015, Google développe le machine learning, comme le précise Martin Görner de Google. L’assistant du géant américain présente 90% de précision dans la reconnaissance vocale, il est capable d’analyser une phrase et de la comprendre, ainsi, il pourra répondre sans problème à une question orale du type « qui est le président de la République Tchèque ? ». Martin Görner précise que si on demande « depuis quand ? », l’intelligence artificielle ne saura répondre, mais proposera la page Wikipédia dans laquelle se trouve la réponse. La machine n’a pas toutes les solutions, mais développe des stratégies pour satisfaire l’internaute.
Quelles utilisations en entreprise
Les entreprises ont bien perçu le potentiel de l’intelligence artificielle. Ainsi, des tâches automatisables peuvent de plus en plus être remplacées par la machine. Un élément qui pose la question de l’emploi. Bernard Georges, responsable prospective stratégique à la Société Générale, affirme que « les agences bancaires vont disparaître dans les prochaines années, il va donc falloir réorienter les agences physiques sur des activités à forte valeur ajouté. » C’est ce que propose Owi, une entreprise de 27 salariés qui permet aux employés des grands groupes de se soulager du poids exponentiel des courriels reçus – et donc auxquels il faut répondre. Natixis a constaté l’augmentation de 200 000 mails par an, « un volume à gérer qui nécessitait une réaction ». Car l’explosion du nombre de mails à traiter a des conséquences sur la qualité de vie au travail des salariés, ainsi que sur leur productivité. Depuis deux ans, Natixis utilise les services de Owi : 15% des courriels, soit 200 mails par jour, sont désormais traités par une intelligence artificielle. Gain de temps et de productivité.
Pour choisir les outils, les entreprises adoptent des stratégies « try and learn ». Chez la Société Générale, « on expérimente », affirme Bernard Georges. La vraie question, selon Emmanuel Vignon de IBM France, est de percevoir quel est le besoin de l’entreprise. Est-ce pour améliorer l’expérience client, pour faciliter la vie des employés, pour proposer un outil innovant… Autant de questions évoquées durant ces deux jours de conférences qui se concluront par la remise des AI Paris awards, des trophées qui offrent l’opportunité à quatre finalistes de pitcher devant les professionnels du secteur.
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