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Ahmed Mhiri, Sur La Route De La Voiture Partagée

voiture partagée
Credits : DR

Cet entrepreneur franco-tunisien a révolutionné un des angles morts du secteur du tourisme. En 2012, il a lancé TravelCar, plate-forme qui propose aux voyageurs la mise en location de leur voiture en échange d’un parking gratuit à l’aéroport lorsqu’ils partent en vacances. Il a vendu sa société en 2019 à PSA et ambitionne d’offrir une solution complète de mobilité.

« J’ai pris le moins sexy du voyage, je suis resté sur le parking de l’aéroport », s’amuse Ahmed Mhiri, 37 ans. Quand en 2012, au sein du programme de formation d’entrepreneurs du Founder Insitute, il doit brainstormer sur un potentiel projet de business, Ahmed Mhiri décide de reprendre tout le parcours utilisateur d’un voyageur qui souhaite organiser ses prochaines vacances. Lui qui voyage presque deux fois par mois à la découverte des grandes capitales européennes, a quelques expériences dans le domaine. Il se rend compte qu’il existe une solution pour presque tout : réserver une chambre d’hôtel, trouver les vols le moins chers… Mais il restait un angle mort : « Quand j’allais à l’aéroport et que je voyais ces parkings pleins, je me demandais : soit ces gens qui payent aussi cher ces places de stationnement sont blindés, soit ils ne peuvent pas faire autrement. » C’est évidemment la deuxième option qui est en jeu. Les personnes qui vont à l’aéroport en voiture sont ceux qui n’ont pas le luxe d’avoir des transports en commun qui relient leur foyer au tarmac. Et souvent s’acquitter d’un coût exorbitant de stationnement.

L’importance de la transversalité du service 

D’où l’idée de TravelCar. Intégré au mouvement de la consommation collaborative depuis fin 2012, TravelCar propose aux propriétaires de véhicules une solution solidaire et éco-responsable : la mise en location de leur voiture en échange d’un parking gratuit à l’aéroport lorsqu’ils partent en vacances. Le propriétaire mutualise ainsi son véhicule et permet à un autre voyageur de profiter d’une location de voiture à moindre coût, jusqu’à 50% moins chers qu’un loueur traditionnel. Pour les personnes non désireuses de partager leur véhicule, TravelCar propose une large offre de parking « payants » aux aéroports dans plus de 60 pays : parkings officiels, parkings avec navette, parking avec voiturier pour répondre aux attentes de chaque voyageur. TravelCar compte aujourd’hui plus d’1,5 million d’utilisateurs, est présent dans 180 pays pour la location de voitures et 62 pays pour la réservation de parkings et continue d’étendre son service dans le monde entier. 

Le succès d’Ahmed Mhiri est tel que sa boîte a été rachetée par PSA en 2019 pour un montant encore secret. Le mariage entre le géant de l’automobile et la jeune entreprise de près de 250 salariés s’est construit sur une vision commune de ce que doit être la mobilité : une transverse à des besoins de déplacement.  « Depuis nos débuts, nous avions beaucoup d’activités : de la location, du car sharing, etc, explique M. Mhiri. Tout était complémentaire. Beaucoup de gens qui ont investi dans TravelCar [21 millions d’euros ont été levés en trois fois depuis 2012, ndlr] nous conseillaient de nous focaliser sur une seule de ces activités. PSA, est rentré dans notre capital en 2017, a toujours partagé avec nous cette vision de la transversalité. Désormais, TravelCar fait partie de la même entité que Free2Move, le service d’autopartage de PSA. 

Une expérience-client « sans rupture »

Bien sûr, Ahmed Miri n’est pas un obsessionnel de l’automobile. Il n’a d’ailleurs plus de voiture depuis deux ans. Entre les problèmes de bouchons et de pollution, il sait que ce moyen de transport est en crise. Mais il y croit encore : « Il y a une remise en question de la voiture, mais on remet davantage en cause sa possession que son utilisation. Je pense d’ailleurs qu’il y aura toujours des voitures car elles répondent à des très nombreux besoins. »

Pour répondre à tous les besoins de transport, Ahmed Mhiri a pour ambition de mettre en place de nouveaux services comme du car-on-demand, soit l’équivalent du leasing. Il veut aussi mettre en commun, via Free2Move, tous les services disponibles pour le transport : voitures donc, mais aussi, métro, trains, vélo, trottinettes… « Aujourd’hui, ce qui est embêtant, c’est que que vous devez jongler entre quinze applications pour vous déplacer. Nous voulons améliorer l’expérience client du transport pour faire profiter de tous ces services déjà disponibles, et ce sans rupture. »

« Les enfants, c’est pire qu’un investisseur »

Entrepreneur depuis près de 10 ans, Ahmed Mhiri a trouvé dans cette vie de nombreuses raisons de ne pas s’ennuyer. Ingénieur informatique de formation, dans la sécurisation des systèmes d’information en particulier, il obtient à 29 ans, début 2012, un poste de manageur de projet chez Kenynectis, une filiale du groupe Atos. « J’avais trouvé tout ce dont on peut rêver : le bon poste au bon salaire, dans le bon environnement. Mais finalement, ce n’était pas ce que je voulais. » Il quitte ce job en or au bout de quatre mois, se lance dans une première aventure entrepreneuriale en voulant lancer des salles de sport dans Paris en s’appuyant sur une grande marque en tant que franchise. C’est un échec. Avant le succès de TravelCar.

Curieux, toujours à la recherche d’info, il a quitté sa Tunisie natale à 23 ans pour voir du pays.  La France sera sa terre d’accueil et aussi le point de départ de très nombreux voyages, notamment dans les grandes capitales européennes qu’il aime découvrir. Il passe son temps à s’informer sur le business et le monde de l’investissement : « J’ai l’impression de ne jamais travailler », affirme-t-il posément. Enfin presque. Père de deux petites filles de deux ans et demi et un an, il a dû lâcher un peu de lest avec son goût exacerbé pour les affaires et tous les sujets qui gravitent autour : « Les enfants c’est un autre niveau de compétence, s’amuse-t-il. Le pitch, la séduction, ça ne marche pas. C’est pire qu’un investisseur. »

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