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Aérophile, l’entreprise qui a transporté la vasque olympique, à la conquête de l’innovation verte

Ballon des Tuileries Aérophile JO@AugustinProbst

S’élevant avec grâce dans les airs, le ballon et sa vasque olympique, ont subjugué des milliards de téléspectateurs à travers le monde, incarnant l’esprit des Jeux et une forme d’unité. Derrière cette prouesse technique, Aérophile, une entreprise française créée en 1993 par deux ingénieurs de Polytechnique. Connue à Paris pour son ballon Generali qui transporte 60 000 passagers par an, la société s’est imposée comme le leader mondial du ballon captif. Confrontée aux enjeux techniques de ses ballons, elle a développé un système inédit, né de l’observation de phénomènes d’électricité atmosphérique, capable de filtrer jusqu’à 95 % des particules fines. Fidèle à son esprit d’innovation, Aérophile continue de miser sur des technologies écologiques de rupture, ouvrant la voie à de nouvelles solutions pour la dépollution de l’air, comme l’explique Jérôme Giacomoni, co-fondateur de l’entreprise.

 

Désirée de Lamarzelle : Vous mentionnez des ballons captifs plutôt que des montgolfières. En quoi diffèrent-elles ?

Jérôme Giacomoni : Les deux technologies coexistent. La montgolfière, bien connue et inventée par les frères Montgolfier, utilise un brûleur au propane pour s’élever. Le ballon captif, lui, est gonflé à l’hélium, un gaz plus léger que l’air, et reste relié au sol par un câble, contrôlé par un treuil.

Ballon vasque JO Parsi 2012
@aérophile

Est-ce votre technologie ?

J. G. : Oui, nous nous sommes inspirés du premier ballon captif conçu en 1878 par Henri Giffard, installé dans les jardins des Tuileries à Paris. Ce ballon a permis à 35 000 personnes de découvrir Paris vu du ciel, une véritable révolution à l’époque. Aujourd’hui, nous avons modernisé cette technologie.

 

Quels sont ses avantages ?

J. G. : Le ballon captif ne pollue pas, le gaz est recyclable, et sa capacité de transport est impressionnante : près de trois tonnes, jusqu’à 300 mètres de hauteur. Aérophile est désormais leader mondial de cette technologie, rentable et respectueuse de l’environnement. Nous pouvons accueillir une trentaine de passagers par vol.

 

Beaucoup de parisiens connaissent le ballon Generali au-dessus du parc André Citroën. Quel est votre modèle économique ?

J. G. : Notre modèle s’appuie sur plusieurs sources de revenus : vente, location, événementiel notamment pour les professionnels du loisir. Notre cœur d’activité reste l’installation et l’exploitation de ballons captifs dans des lieux emblématiques à travers le monde. Nous sommes présents dans près de 40 pays avec près de 150 ballons vendus et 12 millions de passagers transportés. À Disneyland Paris, Disney World Orlando ou encore au Orange County Great Park à Los Angeles, nos ballons offrent aux visiteurs une expérience inédite. Le ballon Generali a été notre premier aéronef, installé en 1999, et il sert aussi d’indicateur de la qualité de l’air et des gaz à effet de serre. Il s’est transformé en laboratoire volant en quelque sorte.

 

Avec la vasque des JO, Aérophile a-t-il franchi un cap ?

J. G. : Absolument. Ce projet, initié par EDF et conçu par le designer Mathieu Lehanneur, a marqué une avancée importante. Nous avons en partie gagné en appel d’offre parce que notre technologie était durable. Et avec la flamme olympique, faite d’eau et de lumière, par un procédé visuel ultra réussi, c’est tout l’ensemble qui a symbolisé un futur plus propre et qui a incarné pleinement l’esprit de durabilité des JO 2024. Cela a généré une reconnaissance auprès des professionnels mais aussi un partage avec les gens.

 

Peut-on parler de connexion émotionnelle avec le public ?

J. G. : C’était un moment d’une intensité incroyable. Lorsque la vasque s’est élevée dans le ciel, des milliards de téléspectateurs ont suivi cet instant. Ce fut un moment de pure émotion, un véritable rendez-vous pour les Parisiens durant les JO, mais qui a également même transcendé les frontières.

 

Des rumeurs circulent sur la pérennisation du ballon portant la vasque…

J. G. : Ce serait fantastique et tout à fait envisageable, mais rien ne nous a encore été confirmé (rires). Pour l’instant, comme prévu, il est question de réutiliser le ballon ailleurs et de recycler le gaz.

 

Vous avez remporté un autre appel d’offre de dépollution de l’air pour les JO, un tournant pour Aérophile ?

J. G. : Oui, la Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO) recherchait un prestataire pour purifier l’air du village olympique lors des pics de pollution. Aérophile a été retenu avec notre système Para-PM, que nous avons développé en observant un phénomène d’électricité atmosphérique : les particules fines se fixaient naturellement sur le ballon Generali. Ce système breveté d’ionisation et de filtration électrostatique élimine jusqu’à 95 % des particules fines sans besoin de filtre, réduisant ainsi les besoins d’entretien et la consommation d’énergie.

 

Quelle est la prochaine étape pour cette technologie ?

J. G. : Sans les JO, il est possible que nous n’aurions pas entrepris le développement d’une technologie aussi complexe, bien que l’idée ait déjà germé. Nous allons continuer à la développer. Nous allons tester le procédé dans le métro  (Lyon), où la concentration de particules fines peut être jusqu’à 10 fois plus élevée qu’à l’extérieur en raison de la circulation des rames et des mouvements d’air. L’objectif est d’améliorer la qualité de l’air dans cet environnement fermé.

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