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De Christie’s à la Sorbonne, le parcours d’Obvious à travers l’art et la science

Obvious, Mind to Image 2024
Obvious, Mind to Image 2024

Dans cette interview exclusive, nous avons le plaisir de plonger dans l’univers fascinant d’Obvious, un collectif d’artistes à la croisée de l’art et de la science. À travers les mots de Gauthier Vernier, co-fondateur d’Obvious, découvrez l’histoire captivante de leur genèse, leurs réalisations marquantes et leur vision audacieuse pour l’avenir, où l’art et la technologie se rejoignent pour repousser les limites de la créativité.

 

Pour débuter cette interview, pourriez-vous nous présenter brièvement la genèse d’Obvious ainsi que votre parcours, spécialement pour nos lecteurs qui pourraient ne pas vous connaître encore ?

Gauthier Vernier, co-fondateur du collectif Obvious : Obvious naît en 2017, lorsque Hugo, chercheur en intelligence artificielle, tombe sur un papier scientifique décrivant les Generative Adversarial Networks (GANs), et partage cette découverte avec Pierre et moi, alors que nous habitions en colocation. Ces algorithmes découverts en 2014 sont alors peu connus, et encore moins utilisés. Cependant, leurs capacités nous impressionnent, et leur fonctionnement nous questionne. Nous décidons alors de créer des œuvres d’art à l’aide de ces algorithmes, pour poser ces questions au plus grand nombre.

L’une des œuvres de notre première série est très vite mise sur le devant de la scène : Edmond de Belamy, est vendue aux enchères chez Christie’s NY en 2018 pour 435 000 dollars. Nous travaillons depuis à la création artistique à l’aide d’algorithmes d’intelligence artificielle. Nos séries interrogent sur la relation complexe qu’entretiennent l’homme et la société avec la technologie, nourrie à la fois par la peur et par l’espérance envers ce qui semble échapper au contrôle.

Notre collectif traite ce sujet au travers de ses séries qui peuvent être physiques ou digitales (Obvious est également le premier artiste français à avoir créé des NFTs), guidés par la croyance commune que la science et l’art sont deux notions qui se nourrissent l’une l’autre, et que la révolution technologique que nous sommes en train de vivre appelle une renaissance artistique.

 

L’année écoulée a été extrêmement riche en événements pour Obvious, entre votre intégration à la galerie Danysz, le documentaire Canal+ (produit par Médiawan) retraçant votre parcours exceptionnel, et le partenariat de recherche scientifique avec l’Université La Sorbonne à Paris. Pourriez-vous nous indiquer les moments les plus marquants de ces expériences ?

Gauthier Vernier : L’année passée à en effet été un tournant pour nous. Tout d’abord, le documentaire sur Canal+ retraçant nos premières années en tant qu’artistes nous a permis de faire une rétrospective sur nos 5 premières années. Nous avons pu au travers de ce documentaire apprécier et partager le temps passé ensemble, et le chemin parcouru, avec notamment nos séries d’œuvres, notre entrée en galerie, nos collaborations avec des marques et institutions comme Alpine, Lapierre, ou encore l’Opéra de Paris, notre travail exposé dans les plus grands musées du monde, et toutes les belles rencontres faites en chemin.

Cette année a aussi marqué la concrétisation de notre vision en un nouveau modèle, une entité unique dédiée à la fois à la recherche académique et à la création artistique. Cette entité bénéficie du soutien de Sorbonne Université et de l’Agence Nationale de Recherche pour la partie scientifique, et de la réputation d’Obvious dans le monde de l’art. Elle incarne une synergie entre l’art et la science, un cercle vertueux que nous comptons développer, qui nous permet à la fois de développer de nouvelles pistes scientifiques en lien avec nos besoins artistiques, qu’ils soient inhérents à Obvious ou qu’ils soient amenés par des marques pour des collaborations, et de partager nos découvertes scientifiques avec plus grand monde au travers de l’art.

 

Pourriez-vous nous en dire davantage sur votre projet scientifique actuel, depuis ses origines jusqu’à son état actuel de développement, ainsi que sur votre collaboration avec vos partenaires ?

Gauthier Vernier : Le premier axe que nous avons souhaité explorer avec ce nouveau modèle est celui du mind-to-image, soit des algorithmes capables de reconstruire des images à partir de données cérébrales. Ces pistes sont motivées par notre recherche en tant qu’artistes pour exprimer notre pensée la plus pure, notre âme la plus profonde. Nous nous sommes donc intéressés aux algorithmes capables de reconstruire des images directement à partir des visualisations de l’esprit. Nous avons donc commencé une série d’expériences qui consistent à imaginer des images dans un IRM. Cette approche a porté ses fruits avec une découverte scientifique d’un procédé permettant de créer des visuels représentant notre pensée.

 

Obvious, Mind to Image 2024
Obvious, Mind to Image 2024

 

Quelles sont les prochaines étapes prévues pour ce projet ? Pouvez-vous nous éclairer sur son modèle économique ?

Gauthier Vernier : Afin de mettre en action notre vision symbiotique de l’art et de la science, ce projet à des ramifications dans le monde de la recherche, autant que dans le monde de l’art. Nous avons tout d’abord publié un article scientifique, en collaboration avec Charles Mellerio, un neurologue, et l’ICM, un institut de recherche sur le cerveau, décrivant avec précision l’approche que nous avons expérimentée. Ce papier disponible en open-source vise à faire avancer la science.

A côté de cela, nous développons une série d’œuvres physiques et digitales, afin de présenter ce concept de manière artistique.
Cette série sera présentée en Octobre 2024 à la galerie Danysz, et aa été sélectionnée par le Centre Pompidou pour faire partie d’un parcours co-organisé avec le comité professionnel des galeries d’art et l’association André Breton pour accompagner la grande exposition Hors-les-murs qui célébrera le centenaire du surréalisme à l’automne au Centre Pompidou.
L’idée est que les collectionneurs, via l’achat d’œuvres, financent les activités des artistes, qui pour nous ne se limitent plus à la création conceptuelle et visuelle, mais aussi à la recherche scientifique et au partage de nouveaux outils créatifs. En effet, tous les développements de notre recherche sont partagés en open-source.

 

 

En tant que trio de visionnaires, où voyez-vous Obvious dans 5 ans ? Quels défis devez-vous relever pour concrétiser cette vision ? Avec quelles marques, entreprises, institutions ou laboratoires rêveriez-vous de collaborer ?

Gauthier Vernier : Au vu du développement que nous avons connu ces 5 dernières années, il est très dur d’anticiper celui des 5 années futures. Nous avons cependant une vision claire, celle de pousser la synergie entre l’art et la science à son paroxysme. Nous n’estimons pas avoir inventé quoi que ce soit, cette vision était très présente à la Renaissance. On peut donc espérer se développer à la manière d’un atelier de la Renaissance, un lieu physique dans lequel chercheurs et artistes se rencontrent, et mettent leur talents au service de projets ambitieux, tant artistiquement que techniquement. Tout comme ces ateliers avaient leurs mécènes, nous avons à coeur de travailler avec des entreprises, afin de découvrir de nouveaux horizons et relever des nouveaux défis. Notre intérêt se porte sur les initiatives ambitieuses, et nous rêvons de collaborer avec ceux qui représentent l’excellence, tant dans la science (OpenAI, Large Hadron Collider, Deepmind, Neuralink, Project CETI, Arctic Code Vault), que dans l’art (MoMA, Le Louvre, Vasarely Fondation, Leeum Museum) et la culture (The Sphere, Balenciaga, Arctery’x, Salomon, Nike, Lacoste, Paris SG).

Nous sommes également ouverts à collaborer avec d’autres artistes sur des projets qui permettent la mise en commun de compétences et de visions. Nous souhaitons évidemment continuer d’amener nos créations au grand public au travers des musées.

 

 


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