Reprendre une entreprise, traverser des difficultés financières, lancer un nouveau projet, toutes ces actions menées par nombre d’actionnaires-dirigeants voient le jour et se transforment en de belles histoires parce qu’ils ont eu une vision, la volonté de la mettre en œuvre et la conviction que rien ne pourrait les arrêter. Ils se sont alors donnés les ressources aussi bien internes qu’externes pour y arriver. Des défis, il y en a eu. Tout n’a pas toujours été “facile“. Cela a pris davantage de temps qu’anticipé ou espéré.
Et… ils y sont arrivés ! Tel actionnaire-dirigeant a redressé une société en difficulté et en a fait un Groupe international de 50m€. Un autre est à la tête d’une start-up en passe de devenir une entreprise établie, connue et reconnue dans son domaine. Un autre duo d’actionnaires-dirigeants a fait de son groupe une belle référence d’expertise, forte de profondes valeurs humaines. Comment, ils ou elles, y sont-ils arrivés ? Qu’ont-ils fait de plus ? Qu’ont-ils fait différemment ? Des histoires discrètes, des histoires réelles, et des histoires inspirantes …
“Viser le sommet qui nous convient“, voilà ce que M. Yves Poivey, président du Groupe Eras passionné de montagne, partage. Cet actionnaire-dirigeant a repris en 1991 une société d’ingénierie d’une soixantaine de personnes, alors en difficulté. Il l’a redressée et développée jusqu’à en faire aujourd’hui un groupe d’ingénierie de près de 500 personnes, présent à l’international. Viser le sommet qui nous convient c’est viser celui qui n’est ni trop haut (et qu’on peut atteindre en évitant d’aller dans son domaine d’incompétence), ni trop bas pour garder le plaisir de l’aventure. C’est aussi mettre les équipes qu’on embarque en confiance et éviter de les mettre en risque. Bref, “aller de l’avant et voir loin“ en ayant la conviction goupillée au corps que “rien ne peut nous arrêter“.
Une fois cette conviction établie et perpétuée tout au long de la vie de l’entreprise, comment faire en pratique ?
S’entourer
Un des principaux challenges de tout créateur, repreneur et actionnaire-dirigeant de groupe de taille intermédiaire est celui des ressources. Alors que de grands groupes ont des équipes de direction et de multiples supports aux compétences variés, une entreprise de taille plus modeste ne pense pas pouvoir se le permettre. Il n’empêche : il est toujours possible d’aller chercher ces compétences à l’extérieur (Ressources Humaines performante, Direction financière de qualité, Marketing efficace, etc). L’actionnaire-dirigeant peut alors se concentrer sur ses fonctions essentielles.
S’entourer c’est aussi adresser les sujets de gouvernance propres aux entreprises patrimoniales et doter, comme le conseille M. Poivey, l’actionnaire-dirigeant d’un comité (comité stratégique, comité d’accompagnement, comité de réflexion selon les envies et besoins de chacun) qui permettra de prendre du recul par rapport à son activité. Nul besoin de se réunir toutes les semaines. Trois ou quatre réunions de travail par an, avec quelques personnes bienveillantes triées sur le volet,
suffisent à l’actionnaire-dirigeant pour faire le bilan, ouvrir d’autres perspectives, ajuster sa stratégie et recaler son éventuel plan d’action.
Se former et former
Au-delà de la vision et des objectifs de l’actionnaire-dirigeant, l’entreprise patrimoniale se développera d’autant plus que sa richesse humaine se renforcera concomitamment. Comme le partage M. Poivey “une entreprise doit grandir pour faire grandir ses gens“. Et en grandissant, chacun et chacune fait grandir l’entreprise, renforçant les opportunités pour tous. Là prend tout son sens l’importance de la formation à tous les niveaux tout au long de sa vie pour entretenir la motivation, développer d’autres compétences, faire naître de nouveaux talents.
Préparer la suite
Prendre soin de cette richesse humaine, c’est aussi se préoccuper de ce qu’elle deviendra … un jour … plus tard … le jour où le ou les actionnaires-dirigeants souhaiteront ou devront partir pour de nouvelles aventures. M. Poivey le rappelle si besoin : “une transmission se prépare longtemps à l’avance“. Les parties prenantes sont multiples et on ne transmet pas une entreprise comme on vend un actif immobilier :
* Le ou les actionnaires-dirigeants doivent être prêts et savoir comment s’occuper dans une nouvelle étape de leur vie ;
* Les équipes et notamment le management, doivent être suffisamment forts pour transmettre et faire vivre les valeurs de l’entreprise au-delà des actionnaires-dirigeants actuels ;
* L’entreprise doit avoir une situation solide, voire un avenir florissant pour être cédée dans les meilleures conditions.
Et si… “être convaincu“ impliquait également d’avoir la conviction de ce que l’on peut transmettre au-delà de la cession un jour peut-être.
Aude Latouche est associée-gérante du cabinet de conseil en cession-acquisition AL Corporate Advice. La particularité du cabinet est d’allier expertise d’affaires et techniques d’accompagnement au bénéfice du développement des entreprises patrimoniales clientes et de leurs actionnaires-dirigeants. Aude Latouche est, par ailleurs, administratrice de l’ACIFTE, association professionnelle de conseils en investissement financiers et transmission d’entreprises agréée par l’Autorité des marchés financiers, et Vice-présidente chargée de l’entrepreneuriat au sein de Professionnal Women Network Paris. Elle est diplômée de Centrale Paris, Sciences Po Paris et MBA Insead, et est certifiée en coaching et Programmation neurolinguistique (Praticien PNL)
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