À SUIVRE | Aldoria, gardienne de la sécurité spatiale

Fondée en 2017 par Romain Lucken, Aldoria est une start-up spécialisée dans la sécurité spatiale dont l’objectif est de protéger les ressources et optimiser la gestion du trafic orbital. Pour ce faire, la jeune pousse française a développé une technologie pour surveiller l’espace et prévenir les collisions en orbite terrestre basse, contribuant ainsi à la sécurité des satellites et à la régulation des opérations spatiales mondiales.

Avec près de 30 000 satellites prévus en orbite d’ici 2030 et 40 000 conjonctions spatiales dangereuses recensées en 2023 – soit 110 par jour –, la surveillance de l’espace devient un impératif. D’autant que les satellites jouent un rôle fondamental dans notre quotidien puisqu’ils facilitent et amplifient les communications, la sécurisation des échanges et l’analyse des crises militaires et climatiques. Aldoria a conçu des stations d’observation multi-télescopes (MTOS) capables de détecter, suivre et anticiper les risques de collision, y compris pour les objets les plus petits et furtifs. Assemblées dans le 11e arrondissement de Paris, ces stations sont aujourd’hui réparties sur quatre continents, assurant une couverture mondiale et une surveillance en temps réel.

« Demain, les solutions d’Aldoria ne permettront pas seulement d’éviter les collisions avec des objets spatiaux de plus de 6 cm, mais aussi d’attribuer les comportements hostiles dans l’espace », prédit Romain Lucken, fondateur et PDG d’Aldoria.

Plusieurs partenariats et une expansion déjà amorcée

Romain Lucken, ancien diplômé de Polytechnique et passionné d’astronomie, a rapidement perçu l’urgence de mieux gérer l’environnement orbital. Dès la fin de sa thèse, il a conçu des solutions pour le recyclage des débris spatiaux et la gestion durable de l’espace et a remporté un challenge d’innovation pour ses travaux. Anciennement connue sous le nom de Share My Space, Aldoria est aujourd’hui basée à Paris et Toulouse et compte une cinquantaine de salariés. Soutenue financièrement par l’Union européenne via le Conseil Européen de l’Innovation (CEI), la start-up française a su convaincre et se développer en dehors des frontières. L’entreprise compte actuellement plus de 20 clients et opère dans 17 pays, fournissant ses services à des acteurs commerciaux, gouvernementaux et militaires.

« Grâce à son réseau mondial de capteurs optiques alliant capacités de détection et de caractérisation des objets spatiaux, Aldoria rend la situation spatiale complètement transparente pour ses clients », affirme Romain Lucken.

Avec l’appui du Laboratoire de physique des plasmas, dans lequel Romain Lucken a mené sa thèse, Aldoria a très vite réussi son transfert de technologie et a remporté dès 2022 plusieurs contrats majeurs, dont un avec le CNES. En janvier 2024, l’entreprise a même bouclé une levée de fonds de 10 millions d’euros pour accélérer le déploiement de ses stations et renforcer ses capacités de surveillance.

« Afin de limiter la prolifération des débris et d’améliorer la sécurité, il est nécessaire de maintenir un catalogue aussi complet que possible. Le concept de station MTOS d’Aldoria est technologiquement innovant et représente une solution prometteuse pour améliorer la capacité de l’Europe à observer et cataloguer la population de débris spatiaux », souligne Lionel Suchet, directeur général adjoint du Centre national d’études spatiales (CNES).

La start-up prévoit aujourd’hui d’étendre son réseau de stations de surveillance, avec l’objectif de passer de 6 à 12 stations d’ici 2025. De nouveaux bureaux devraient être ouverts à Toulouse dès la semaine prochaine.