Cliché de fille ?
Il y a de nombreux stéréotypes sur la femme entrepreneure, notamment le cliché de la femme de petit gabarit, blonde, sensible : « vous n’êtes pas fait pour cela vous êtes trop sensible » entendis-je avec stupeur. « Ah entrepreneure, tu veux dire que tu es … Auto-Entrepreneure ? ». Il y a encore beaucoup de freins à l’entreprenariat au féminin. Trop sensibles ? Pourtant la sensibilité génère de la performance car elle permet de faire preuve d’empathie avec le client pour imaginer des offres pertinentes, elle met de l’humanité dans les relations avec les équipes, et de la bienveillance avec tout l’éco-système de l’entreprise.
Lors d’une formation, on m’a définie comme « Entreprenante », c’est-à-dire audacieuse, déterminée, proactive, avec une pointe de rébellion face à l’autorité mais également « Artiste », c’est-à-dire sensible, créative, m’incitant à utiliser mon imaginaire débordant au travail. Des coachs me disaient « votre sensibilité est une force faites en un atout », il a fallu une bonne décennie pour comprendre comment mettre en œuvre cette sensibilité en entreprise et cela est tout à fait possible, que ce soit dans le style de son management, sa créativité, son relationnel avec les clients ou investisseurs.
La sensibilité, apanage des femmes ? Certaines études démontrent que les femmes feraient preuve de plus d’empathie que les hommes ; nous serions plus à l’aise pour écouter les clients, monter des activités autour de l’humain. Mais ne nous trompons pas, cela n’est pas inné mais simplement dû aux stéréotypes que nous véhiculons, fruits de notre éducation et des usages de la société. D’ailleurs certains hommes rêvent de mettre plus d’émotion dans leur travail, et ne savent pas toujours comment faire car ils n’ont pas été formés dans ce sens, n’ont pas côtoyé de modèle inspirant ou n’osent pas, de peur d’être stigmatisé ; à l’inverse j’ai côtoyé des femmes particulièrement dures. Donc soyons des femmes entrepreneures, sensibles ou non, allons-y.
L’entrepreneur optimiste de nature ?
Nous en croisons des non convaincus, stoppeurs d’élans, des piques, nous en vivons des échecs, des déceptions ! En réalité tout cela se travaille pour rester concentré vers son objectif, ce n’est pas inné. Nous pouvons par exemple lutter contre la tendance à dire « Oui Mais » face à une étape franchie (« OUI il s’est passé cela de positif, MAIS il reste cela à faire »), cette façon morose de voir les choses qui casse la confiance en soi. Nous pouvons à l’inverse reconnaitre les petites victoires puissantes dont nous sommes à l’origine, les avancées positives, les actions terminées, sans se focaliser sur les problèmes ou les étapes qu’il reste à franchir.
L’entrepreneur passe ses journées à rester concentré pour oublier les mauvaises nouvelles, se protéger des ondes négatives qui brident la créativité et la prise de risque. Tout le monde peut travailler cette vision positive, cette audace s’acquiert. N’est-ce pas notre devoir d’exemplarité pour les futures générations que de montrer l’exemple en termes d’autonomie et de confiance en l’avenir en lançant des projets, des idées, chacun à son échelle, en commençant par son foyer ? Lançons-nous, tout le monde peut y arriver, l’optimisme c’est comme un régime : ça se travaille tous les jours, y compris pour les champions du domaine.
L’entrepreneur n’aurait peur de rien ?
L’entrepreneur ressent du stress, celui qui boost et celui qui fatigue aussi. L’entrepreneuriat nous fait aller au bout de toutes nos capacités, remue nos convictions. Il est vrai que certains entrepreneurs sont de véritables forces de la nature, mais la plupart sont juste normaux. Une bonne condition psychique, une bonne condition physique et une bonne connaissance de soi permettent de faire face à ces vulnérabilités. Prenons l’exemple du pitch, rituel de l’entrepreneur pour convaincre en quelques minutes un panel d’investisseurs ou de clients.
Savez-vous que la plupart des gens qui interviennent ainsi en public m’ont confié être morts de trouille, certains se cachent dans les toilettes, d’autres ne mangent pas pendant 24 heures, d’autres refusent toute intervention ? Depuis, je n’écoute pas les pitchs de la même façon. Plutôt que de rouler les mécaniques et d’annoncer des chiffres qui donnent le tournis, certains tentent d’être eux-mêmes en plaçant des anecdotes, une émotion, quelque chose qui les amuse ou surprend, un échange humain avec le public, … tout en gardant en tête le fond du sujet à traiter. Pas besoin d‘être un gladiateur, ne nous arrêtons pas à nos peurs et faisons à notre façon.
L’entrepreneur a de la finesse dans sa vision, une bonne idée venue d’un coup ?
Non, souvent une idée est plutôt le fruit de tentatives plus ou moins fructueuses, de bidouille dans sa cuisine, une écoute fine des besoins des clients en « bonne mère de famille », du « bon sens paysan » et un gout de l’action parfois un peu bourrin. Je suis naturellement tournée vers l’action, au collège un professeur m’appelait « TGV », ce qui signifie qu’on passe à l’action maintenant, qu’on verra après pour peaufiner même si c’est un peu « Quick & Dirty ».
Tous les entrepreneurs qui innovent se lancent en ayant un peu honte de leurs premières versions, se demandant ce que vont penser leurs proches, l’image que cela donne de l’entreprise, car tout n’est jamais calé quand on se lance (sinon c’est que c’est trop tard). Les idées paraissent un peu fofolles, aucun budget ne permet de faire de focus group, il faut tester en live. Finalement l’action sur le terrain, sans tergiverser, nous apprend que lorsque le produit ou le service répond à la demande d’un client, il ne s’encombre pas du perfectionnisme. On tente quelque chose qui ne marche pas ? C’est normal, ce n’est pas grave, on tentera autre chose. Le fait de ne pas avoir peur de l’échec et de favoriser le passage à l’action rend libre.
« Un Super Binôme », il faut attendre « La rencontre » : l’art délicat de s’associer.
Là aussi s’associer est un vrai job, car « Le binôme » ne tombe pas du ciel, il faut aller le chercher. L’idée de s’associer apparait comme un choix ou une nécessité au regard de l’ampleur que prennent les projets. Parfois le challenge est d’autant plus complexe qu’un fondateur ayant une idée cherche quelqu’un qui accepte de rejoindre l’aventure en respectant sa place de fondateur, président, actionnaire majoritaire et manager, tout cela pour un salaire ridiculement bas (comme le sien).
Certains candidats-associés ont des attentes de salaires dignes d’un grand groupe, d’autres veulent juste tester un projet mais n’ont pas la fibre entreprenariale, certains veulent être dans la stratégie alors l’entrepreneur cherche un associé pour piloter l’opérationnel, quand d’autres demandent leur définition de fonction pour les 3 années à venir. Lorsqu’un projet démarre il est parfois difficile de se positionner, il y a peu de clients, tout le monde met la main à la pâte. Personnellement, après 5 ou 6 tentatives infructueuses, j’ai eu la chance de créer un vrai binôme avec mon associée pendant 10 ans. Finalement trouver le binôme c’est une action préalable, comme trouver des fonds ou un local.
Pas besoin d’autre carburant pour l’entrepreneur, la flamme suffirait pour le nourrir ?
L’entrepreneur a-t-il besoin de reconnaissance ? Comment faire quand on n’a pas de supérieur hiérarchique ni un salaire de marché ? On passe ses journées à écouter ses clients, ses investisseurs, ses salariés, mais qui prend soin de la reconnaissance de l’entrepreneur sous-payé qui a investi toutes ses économies, prend des risques et travaille tard le soir ? Comme le démontre la pyramide de Maslow, l’entrepreneur lui aussi a besoin de reconnaissance, elle passe alors par d’autres leviers que le salaire ou le mot sympa du patron, car personne dans l’entreprise n’est là pour cela. Que ce soient la création d’emplois, les concours obtenus qui mettent en exemple la croissance, l’innovation, l’audace, l’esprit d’équipe… l’entrepreneur n’est pas un être à part, il a aussi besoin de son shot de reconnaissance comme tout être humain. Que vous soyez salarié, actionnaire ou conjoint, prenez en soin…
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