Elles sont femmes et entrepreneures. Et elles en ont eu assez d’entendre toujours les mêmes questions, les mêmes clichés. Sous le mot-dièse #Entrepreneusedonc Sarah Azan et Hannah Oiknine, cofondatrices de Babbler ont décidé de prendre la parole et de la donner à quelques-unes de leurs consœurs. Objectif : dénoncer les clichés auxquels sont réduites les femmes entrepreneures.
« Avec ma sœur, nous en avions assez d’entendre les mêmes questions, les mêmes clichés. » Pour l’une c’était « t’es entrepreneure, donc tu es une mauvaise mère », pour l’autre, « t’es entrepreneure, donc tu es carriériste ». Sarah Azan et Hannah Oiknine, les cofondatrices de la plate-forme de relation presse Babbler, ont décidé de dire stop aux clichés. Pour cela, elles ont pris la plume et demandé à une dizaine d’autres entrepreneures d’en faire de même. Célines Lazorthes (Leetchi), Charlotte Cadé (Selency), Siham Jibril (Génération xx)…
« C’est horrible que les gens se permettent d’enfermer les femmes dans des cases », s’insurge Hannah Oiknine dont l’objectif est de montrer que les femmes entrepreneures sont des femmes comme les autres… Et des entrepreneures comme les autres. Mettre en avant tous les clichés pour mieux les démonter.
Le manque – ou le trop – d’ambition
C’est ainsi que Céline Lazorthes, créatrice de la cagnotte en ligne Leetchi, dénonce le manque d’ambition que l’on accole aux femmes. « Nous comptons 10 millions d’utilisateurs de Leetchi […] Les femmes peuvent évidemment entreprendre et avoir des ambitions internationales au même titre qu’un homme ! Les femmes ne sont pas moins ambitieuses que les hommes, elles osent moins. C’est surtout un problème d’éducation », résume la jeune femme qui a monté son entreprise à 26 ans. Le manque d’ambition – et à l’inverse le trop-plein d’ambition – sont les deux principaux reproches qu’entendent les femmes entrepreneures. Outre Céline Lazorthes « tu as moins d’ambition que tes pairs masculins », Charlotte Cadé, cofondatrice de Selency a eu droit au « ce ne sera pas un projet super ambitieux » et Claire Chouraqui, cofondatrice de Dreamact à « tu montes un petit projet à faible ambition et plein d’utopies ».
Si d’un côté elles ne sont pas prises au sérieux, certaines femmes entrepreneures souffrent au contraire d’être perçues comme des monstres d’ambition prêtes à tout pour réussir. C’est ainsi le cas de Sarah Azan à qui l’on reproche d’être une mauvaise mère et Hannah Oiknine d’être carriériste. « Mon métier ne définit pas ma personnalité dans ma vie privée », précise-t-elle en réclamant, comme tout le monde la possibilité de séparer sa vie personnelle et sa vie professionnelle.
Un business de femmes
« Nous ne pensions pas que ces femmes se confieraient autant ! », indique la cofondatrice de Babbler. « C’est le signe d’un raz-le-bol. » Parmi ce coup de gueule, le cliché d’avoir monté un « business de femmes », selon l’expression de Séverine Grégoire, fondatrice de MesDocteurs. Siham Jibril, créatrice du podcast Génération xx ne comprend pas le jugement « tu entreprends au féminin ». « Je cherche encore le pendant qui serait entreprendre au masculin », s’amuse la jeune femme. Dans son podcast, elle met en avant les femmes entrepreneures et constate : « il y a autant de femmes que de façons d’entreprendre ». Même constat chez la fondatrice de Too Good To Go, Lucie Basch qui ne comprend pas l’opposition femme entrepreneure vs homme entrepreneur.
Certaines dénoncent même les préjugés sexistes. « Tu obtiens ce que tu veux en faisant du charme », a entendu Agathe Molinar, fondatrice de Lemon Curve. « Cumuler le jeune âge avec la féminité ne m’a pas aidé en terme de crédibilité, notamment face à des investisseurs. Le moindre faux pas et on est catégorisé minette », regrette l’entrepreneure. Il reste du travail. En 2018, seulement un tiers des entrepreneurs sont des femmes, selon l’observatoire BNP Paribas de l’entrepreneuriat féminin par occurrence. Pour faire progresser les mentalités, Sarah et Hannah lancent le mot-dièse #Entrepreneusedonc.
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