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Summit Therapeutics : une immigrante iranienne devient milliardaire grâce à sa société de biotechnologie

Summit Therapeutics
Maky Zanganeh, co-directrice générale de Summit Therapeutics. Crédit photo : Maky Zanganeh

Les actions de Summit Therapeutics, dont le candidat-médicament contre le cancer a suscité l’attention en surpassant le traitement phare de Merck, connaissent une envolée spectaculaire. Aujourd’hui, ses deux co-PDG sont devenus milliardaires.

Un article de Kerry A. Dolan pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

 

Dans le monde ultra-concurrentiel des médicaments contre le cancer, Summit Therapeutics fait figure de petit poucet. Cette société de biotechnologie, créée il y a 21 ans, ne compte que 130 employés, n’a pas de chiffre d’affaires et aucun médicament approuvé. Cependant, au cours des deux dernières semaines, sa capitalisation boursière a explosé suite à des nouvelles positives concernant son candidat-médicament le plus prometteur.

Les actions de l’entreprise cotée au Nasdaq ont presque doublé depuis le 6 septembre, portant la capitalisation boursière de la société à 17 milliards de dollars. (Les actions ont culminé à 31,93 dollars le 13 septembre avant de retomber à 23,16 dollars six jours plus tard.) Cette évolution a fait de sa codirectrice générale, Maky Zanganeh, qui détient une participation d’un peu moins de 5 % ainsi qu’un grand nombre d’options, une nouvelle milliardaire, dont la fortune est estimée à 1,1 milliard de dollars. Elle est l’une des 34 femmes milliardaires américaines autodidactes et l’une des trois Américaines à avoir fait fortune dans le secteur de la santé. Les deux autres sont Alice Schwartz, cofondatrice de Bio-Rad Laboratories, et Martine Rothblatt, fondatrice de United Therapeutics.

L’autre codirecteur général de Summit Therapeutics, Robert Duggan, a rejoint les rangs des milliardaires de Forbes en 2013 grâce au succès de Pharmacyclics, une entreprise de développement de médicaments en difficulté qu’il a redressée, avec l’aide de Zanganeh, qui a occupé le poste de directrice générale. La fortune de Duggan, qui possède 75 % des actions de Summit (il a récemment dépensé 75 millions de dollars pour augmenter sa participation), est aujourd’hui estimée à 14,9 milliards de dollars.

Percée significative pour Summit Therapeutics

La dernière hausse des actions de Summit a commencé le lundi 9 septembre, le lendemain de la présentation des résultats d’un essai récent lors de la Conférence mondiale sur le cancer du poumon à San Diego. L’essai a montré que dans le cancer du poumon non à petites cellules (le type de cancer du poumon le plus courant), le traitement expérimental de Summit Therapeutics, l’ivonescimab, était plus efficace que le Keytruda de Merck, un médicament à succès qui a généré 25 milliards de dollars de ventes l’année dernière, ce qui en ferait le médicament le plus vendu au monde.

« La grande nouvelle, c’est que nous étions capables de battre le Keytruda », déclare Zanganeh.

L’essai a révélé que l’ivonescimab réduisait de 49 % le risque de progression tumorale par rapport au Keytruda. Les patients qui ont pris l’ivonescimab ont passé 11,4 mois avant que les tumeurs ne se développent à nouveau, contre 5,8 mois pour les patients qui ont pris le Keytruda.

Summit Therapeutics a obtenu une licence pour l’ivonescimab de la société Akeso, cotée à Hong Kong, en décembre 2022, pour un montant initial de 500 millions de dollars et un montant supplémentaire de 4,5 milliards de dollars si certaines étapes sont franchies. Summit a le droit de commercialiser le médicament aux États-Unis, au Canada, en Europe, au Japon, en Amérique latine, en Afrique et au Moyen-Orient. Xia Yu, cofondatrice, PDG et présidente d’Akeso, également connue sous le nom de Michelle Xia, siège au conseil d’administration de Summit Therapeutics.

Les données présentées le 8 septembre étaient basées sur un essai mené en Chine. Pour que la Food and Drug Administration américaine approuve l’ivonescimab, Summit Therapeutics devra mener un essai de phase 3 à l’échelle mondiale, un processus qui pourrait prendre 18 mois ou plus. Les analystes de la banque d’investissement Stifel ne prévoient pas de revenus pour Summit jusqu’en 2025.

L’Ascension de Maky Zanganeh : de l’Iran au sommet de la biotechnologie

Âgée de 54 ans, Zanganeh a suivi un parcours atypique pour devenir PDG d’une entreprise de biotechnologie. Née à Téhéran, en Iran, elle est la cadette d’une fratrie de trois filles, avec des parents architectes. Elle n’avait que huit ans lorsque le Shah a été renversé au début de 1979, et l’année suivante, la guerre Iran-Irak a éclaté. « Nous vivions constamment sous la menace des bombardements », écrit-elle dans ses mémoires de 2021, The Magic of Normal. « Nous ne savions jamais si notre maison serait touchée ou non. » Vers l’âge de 11 ans, un ami de son père, basé en Allemagne, a aidé la famille à obtenir des visas allemands pour fuir l’Iran. Cependant, la véritable difficulté était de trouver un vol au départ de Téhéran, car les aéroports étaient souvent fermés. Finalement, ils ont réussi à embarquer pour l’Allemagne via l’Autriche, comme elle le raconte dans ses mémoires. Ils se sont installés à Oldenbourg, une petite ville près de Hambourg, où elle a appris l’allemand. Ses parents sont retournés en Iran, mais elle a choisi de rester en Allemagne pour terminer ses études secondaires, d’abord chez une amie, puis chez un oncle.

Ses deux sœurs ont finalement fait des études de médecine à Strasbourg, en France, et son père l’a encouragée à les rejoindre pour y suivre également un cursus universitaire, ce qui l’a obligée à apprendre le français. Elle a suivi des études dentaires à l’université de Strasbourg, avec une spécialisation en odontologie pédiatrique, et a obtenu son diplôme en 1995, mais elle n’était pas convaincue de vouloir faire carrière en tant que dentiste. En 1997, un ami iranien travaillait en Europe pour la société américaine de chirurgie robotique Computer Motion, dont le PDG était Bob Duggan. Zanganeh s’est passionnée pour ce travail et a accepté un poste de coordinatrice pour l’Europe au sein de la société, tout en obtenant un MBA à l’université Schiller, une école américaine ayant un programme à Strasbourg. Elle a finalement été promue à la tête de Computer Motion pour l’Europe et le Moyen-Orient, puis, en 2002, au poste de vice-présidente mondiale pour la formation et l’éducation, ce qui l’a amenée à déménager au siège de l’entreprise à Santa Barbara, en Californie. L’année suivante, le concurrent Intuitive Surgical a racheté Computer Motion et Zanganeh a quitté l’entreprise.

Elle a fini par travailler avec Duggan dans sa société d’investissement, Robert Duggan & Associates, en tant que vice-présidente du développement commercial, et c’est ce qui les a conduits au chapitre suivant. À la recherche d’investissements, ils sont tombés sur un petit développeur de médicaments coté en bourse, Pharmacyclics, dans lequel ils ont investi pour la première fois en 2004. L’entreprise a eu du mal à faire approuver un médicament et Duggan en a repris la direction en 2008 après la démission du conseil d’administration. Zanganeh est devenue vice-présidente du développement commercial cette année-là et, en 2012, directrice générale. Pharmacyclics a connu un immense succès grâce à son médicament Imbruvica, approuvé pour le traitement de la leucémie lymphoïde chronique, un type de cancer du sang. En 2015, le géant pharmaceutique AbbVie a racheté Pharmacyclics pour la somme colossale de 21 milliards de dollars, en numéraire et en actions.

En 2020, Duggan a acheté plus de 60 % des actions de Summit Therapeutics pour 63 millions de dollars et est devenu PDG. Zanganeh, dont le cancer du sein a été diagnostiqué en 2020 et qui s’est rétablie depuis, a rejoint le conseil d’administration de Summit à la fin de 2020 et est devenue co-PDG en septembre 2022, plusieurs mois avant de conclure l’accord avec Akeso.

Zanganeh et Duggan placent de grands espoirs dans l’ivonescimab développé par Summit Therapeutics. Actuellement, vingt essais cliniques sont en cours en Chine pour ce candidat-médicament, incluant des traitements contre le cancer du sein triple négatif, le cancer colorectal et les cancers de la tête et du cou. « Les chances de succès sont très élevées », affirme Duggan. « C’est rare dans le domaine de la biotechnologie. »


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