Budgets des clubs, droits télévisés, contrats de sponsoring, nombre de licenciées, affluences aux stades, la mutation du football féminin se fait à tous les niveaux et rien ne semble arrêter cette dynamique puisque le football est désormais devenu le sport préféré des femmes devant le tennis selon le baromètre d’image annuel réalisé par l’institut Ipsos.
Une contribution de Sabah Seghir, joueuse au FC Bâle, et Grégoire Akcelrod, agent FIFA, un article issu du numéro 28 – automne 2024, de Forbes France
Avec plus de 3 500 joueuses professionnelles évoluant en Europe, le niveau général continue de progresser et d’attirer de plus en plus de passionnées. La Fédération française de football compte désormais 247 160 licences féminines, un record et un chiffre en augmentation de 12 % par rapport à l’année dernière à la même époque.
Le remplissage des stades de la dernière coupe du Monde en Australie en 2023 a établi un nouveau record avec 30 904 spectateurs de moyenne. Une progression de plus de 50 % par rapport à la précédente coupe du Monde en France de 2019. Financièrement, ce tournoi a généré un revenu de 520 millions d’euros grâce à la vente des droits télévisuels qui représentent 270 millions d’euros. Cela en fait le second événement le plus rentable au monde dans le sport. Au niveau médiatique, les chaines TV qui ont récupéré les droits ont établi de nombreux records d’audience puisque la demi- finale de la coupe du Monde entre l’Australie et l’Angleterre a été regardée par plus de 11,5 millions de personnes dans le pays hôte. L’audience du football féminin est composée de nouveaux passionnés puisque 57 % des fans suivent ce sport depuis moins de cinq années selon le rapport de l’UEFA, ce qui en montre le potentiel.
Après avoir battu deux fois de suite un record d’affluence cette saison en championnat d’Angleterre féminin avec une affluence de plus de 60 000 spectateurs par match à l’Emirates Stadium, la direction d’Arsenal a pris une décision inattendue : la pelouse du club londonien sera partagée entre l’équipe masculine et féminine à partir de la saison prochaine.
Afin de soutenir davantage l’évolution du football féminin, la FIFA a décidé de créer un Mondial des clubs tous les quatre ans, dans un format opposant 16 équipes, qui commencera en 2026. Un événement qui permettra d’accélérer la promotion du football féminin et d’offrir aux clubs participants une visibilité mondiale.
Les États-Unis sont indiscutablement la meilleure nation du monde depuis que le football féminin s’est internationalisé dans les années 90. Cette domination vient d’un modèle qui a réussi à le faire devenir au niveau national le sport féminin par excellence. Aujourd’hui, plus du tiers des footballeuses licenciées dans le monde jouent aux États-Unis. Elles sont dix fois plus nombreuses qu’en France.
Symbole du retard pris par le football féminin français, le montant des droits TV de la D1 Arkema dépasse à peine la barre du million d’euros par an alors que le championnat d’élite féminin nord-américain a signé un montant record de 225 millions d’euros pour la retransmission de ses rencontres lors des quatre prochaines saisons sur le marché américain. Un contrat qui change totalement l’économie du football féminin aux USA.
Dans le football féminin, le jeu est moins stéréotypé que chez les hommes, beaucoup plus ouvert et les spectateurs tombent sous le charme de ce football total. Comme la grande majorité des joueuses ont des revenus raisonnables, elles sont aussi plus accessibles et cela donne l’occasion de pouvoir discuter avec elles à la fin des matchs dans une ambiance paisible.
Par leur mentalité et leurs valeurs dignes de l’esprit olympique, les femmes deviennent des exemples à suivre dans le monde du football. Nous serons heureux et fiers de suivre les Bleues lors des prochains JO à Paris.
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