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Entreprise: Le Bonheur D’Être Soi

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Vous les connaissez forcément : les profils atypiques qui ne trouvent pas leur place en entreprise, les volontaires qui s’ennuient au travail, les énergiques qui se disent surmenés. Ils sont aussi dans votre entourage : ceux qui cherchent inlassablement le travail qui leur correspond le mieux… et ceux qui rencontrent des difficultés à trouver le meilleur profil.

Le monde de l’entreprise tel que nous le connaissions fait face aujourd’hui à une profonde mutation. Mais au lieu de s’inquiéter, c’est l’occasion d’y voir une opportunité. Alors comment s’y prendre pour créer un avenir où travail rimera – la plupart du temps – avec plaisir ? Comment s’assurer que chaque personne se sente reconnue et valorisée pour le rôle qu’elle joue en entreprise, et ce sans redouter d’être en contradiction avec ses valeurs ou de se voir mis à l’écart ?

Faire primer les appétences sur les compétences

Plus des trois quarts des métiers de 2030 n’existent pas encore, tandis que la moitié de nos compétences actuelles seront obsolètes d’ici deux ans (source : Dell Technologies). Dans ces conditions, si les entreprises veulent accroître leurs performances et trouver des solutions inédites face à des opportunités inédites, elles ne peuvent plus raisonner uniquement à travers le filtre des compétences au moment de recruter. Face aux nouveaux défis, les parcours estampillés « grandes écoles » et les trajectoires linéaires ne représentent plus la norme, tandis que les profils atypiques rompus à la nécessité de s’adapter en continu savent faire preuve d’une agilité précieuse et essentielle aujourd’hui.

Dans un tel contexte, poser la question « qu’est-ce qui vous fait vibrer ? » ou « comment allez-vous vous approprier cette mission ? » est bien plus pertinent que de demander à un candidat de dérouler son CV en vérifiant qu’il coche bien toutes les cases sur le plan des compétences dites techniques. Le véritable enjeu aujourd’hui est de cerner une personnalité et d’évaluer comment elle s’intégrera harmonieusement dans un collectif préexistant.

Accorder une place de choix aux émotions en entreprise

Personne ne devrait se sentir contraint d’inhiber ses émotions, ses doutes et ses rêves une fois la porte du bureau franchie. Pourquoi faudrait-il systématiquement opposer professionnalisme et sensibilité ? Comment est-ce possible de s’épanouir au travail si on ne peut pas rester soi-même ?

Il est d’ailleurs prouvé, que la liberté d’exprimer ses émotions se traduit par un gain de productivité pour l’entreprise, et ce quand on sait que les conflits et les incompréhensions peuvent coûter jusqu’à 1,5 jour de travail par semaine à chaque salarié. Identifier ses émotions, les comprendre, les maîtriser ou les ajuster en fonction de celles des autres : c’est ainsi que se définit l’intelligence émotionnelle, atout indispensable en entreprise. Et c’est une évidence : quand on comprend le mode de fonctionnement de ses collaborateurs, il devient plus naturel et efficace de travailler en équipe, soudés autour d’un objectif commun. Notons qu’au Danemark, les enfants suivent des cours obligatoires d’empathie dès l’âge de 6 !

Ce n’est pas un hasard si la possibilité de s’exprimer et de prendre des risques, la sécurité psychologique, a été plébiscitée par les participants du Projet Aristote. En effet, cette vaste étude lancée par Google en 2012 était destinée à découvrir les bonnes pratiques des équipes les plus efficaces.

Et pour cela les managers doivent montrer l’exemple. Dévoiler ses vulnérabilités sans les confondre avec des faiblesses, faire preuve de modestie et savoir se tourner vers ses équipes lorsque confrontés à de nouvelles problématiques sont autant de façons de transmettre un message essentiel : vous avez le droit d’être, enthousiastes, révoltés, inspirés. Vous avez le droit d’être humains ! Mieux encore : puisque vous ne craignez pas d’affirmer vos talents et vos envies, vos compétences “cachées” peuvent s’épanouir et servir le collectif.

Comme le recommandait Oscar Wilde, non sans malice, “Soyez vous-même, les autres sont déjà pris”. Cela demande beaucoup de courage dans un contexte normatif et élitiste, mais le jeu en vaut la chandelle !

Saluer la singularité

Dans le film « Séduis-moi si tu peux », actuellement à l’écran, une candidate démocrate aux présidentielles américaines – interprétée par Charlize Theron – cherche un prête-plume pour ses discours de campagne. Quand elle songe à accorder sa confiance en la personne d’un journaliste subversif et désargenté, son entourage prend peur : sur le papier, il ne correspond pas du tout à la fiche de poste. Ni son look, ni ses expériences précédentes ne permettent a priori de l’imaginer à ce poste ; mais sa personnalité et son parcours de vie en feront le profil atypique idéal.

Le film recèle une vérité : on risque beaucoup plus à miser sur la « sécurité » d’un CV sur mesure qu’à parier sur une personnalité qui sort des sentiers battus. Mais pour y parvenir, mieux vaut évoluer dans un environnement où confiance et empathie ont toute leur place, et où la prise de risque est valorisée.

Selon le World Happiness Report de l’ONU, le Danemark se classe régulièrement parmi les pays les plus heureux du monde. Le système éducatif est sans doute l’une des clés du bonheur à la danoise : les enfants sont encouragés à développer leurs talents et leur personnalité sans crainte du jugement. Bon en maths ou fort en dessin ? On part du principe que chaque talent trouvera sa place dans la société, si on l’encourage à s’exprimer. Chacun se voit accorder le même niveau de confiance a priori. Résultat, la mobilité sociale est bien plus importante au Danemark qu’en France : deux générations suffisent à y améliorer sa condition sociale, contre 6 dans l’Hexagone (chiffres de l’OCDE). Ici, malheureusement, l’élitisme reste encore prédominant. Dès le plus jeune âge, il s’agit de briller dans les matières qui “comptent” quitte à cacher ses talents pour la danse ou le foot. Cette dissonance cognitive se poursuit souvent dans le monde de l’entreprise, quand il faut rentrer dans un moule au détriment de ses aspirations et de sa personnalité.

Être heureux au travail signifie aujourd’hui de devenir acteur de son propre bonheur ! Favoriser le bien-être des collaborateurs va leur permettre de s’épanouir individuellement et collectivement, tout en restant en accord avec ses aspirations personnelles et ses valeurs humaines. Et pour l’entreprise cela représente un formidable levier de performance face aux défis collectifs de notre société. Et si votre singularité était la clé de votre bien-être au travail ?

Malene Rydahl (auteure, conférencière et executive coach d’origine danoise) et Alexandre Pachulski (co-fondateur et auteur  chez Talentsoft)

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