Au cœur d’un 21ème siècle riche en challenges et empreint d’une incertitude grandissante, le monde est engagé dans un mouvement complexe et en perpétuelle accélération. Pour résister, et donc survivre, l’entreprise va devoir, telle un être vivant, élever son niveau de conscience depuis ce qui la compose à tout ce qui l’entoure.
Un organisme qui n’évolue pas est condamné à disparaître. C’est un fait. Pour prendre un exemple proche de nous, notre corps humain est lui-même le résultat d’une succession de transformations survenues naturellement et à des fins d’harmonisation avec notre écosystème. Il s’est adapté, d’une part, à de nouveaux besoins mais, également, à un environnement lui aussi en constante évolution. Voilà pourquoi, dans un contexte de complexité et d’incertitude tel que nous le vivons aujourd’hui, il doit en aller de même pour des entreprises qui ne peuvent définitivement plus rester figées. Pour cela, elles doivent, sans plus attendre, adopter une vision holistique, seul moyen de s’adapter au 21ème siècle et de faire face aux problématiques majeures qui régissent notre quotidien et influencent notre avenir. Parmi elles, les nouvelles technologies qui, malgré une avalanche d’innovations de rupture ces 20 dernières années, sont loin d’avoir tout dévoilé. L’économie, qui voit son système globalisé, parfois déconnecté des réalités locales et difficilement contrôlable, remis en question. A cela viennent s’ajouter des mutations sociales et sociétales majeures, amplifiées notamment par les réseaux de communication déployés à grande échelle et parasitées par les fake news et autres stratégies d’influence. Enfin, la préoccupante et incontournable question de l’environnement annonce d’ores et déjà des mouvements conséquents qui, non seulement rebattent les cartes, mais surtout donnent le LA en termes de stratégies d’avenir possibles.
L’information, vecteur d’intelligence distribuée
En conséquence, le concept d’entreprise vivante devient progressivement la règle à laquelle il faut se préparer dès à présent. A l’image de notre système nerveux, l’information doit y circuler de façon fluide et naturelle tel un stimulus. Soit pour générer une réaction immédiate, soit pour être convertie en connaissances et capitalisée afin de nourrir analyses, stratégies et apprentissage. Dans un contexte de surinformation, causé notamment par une hausse du nombre de sujets à suivre, une démultiplication des sources mais aussi par une course à la visibilité incitant tout le monde à produire de l’information, cela se révèle d’autant plus vital. Il devient, en effet, de plus en plus difficile d’y voir clair, voire de suivre ce qui se passe au quotidien pour parvenir à se projeter dans un avenir incertain. L’objectif : transmettre la bonne information aux bonnes personnes et au bon moment. Une fois convertie, l’information permet en effet de renforcer la compréhension de ce qui se passe et d’alimenter ainsi la connaissance de l’entreprise pour, in fine, prendre de meilleures décisions et encourager les initiatives. Pour toutes ces raisons, la question de l’intelligence collective n’est plus une option mais bien une priorité. Elle ne peut plus être envisagée au travers de projets de second rang pilotés par une poignée de personnes à destination de toute une organisation. C’est d’intelligence distribuée dont il est désormais question et d’engagement. Celui de toute l’entreprise. Et cela dans une démarche collaborative au sein des organisations mais également entre écosystèmes, tiers lieux et réseaux. Alors, bien entendu, cela ne se décrète pas comme ça et ne se définit pas du jour au lendemain. S’il faut réunir un certain nombre de conditions pour que la magie opère, la question du management se retrouve en première ligne. Cela se traduit par une remise en questions drastique des codes liées aux organisations pyramidales, seule façon de basculer sur des schémas plus collaboratifs, axés sur la confiance, l’autonomie et le sens.
Transformation managériale : s’en saisir ou la subir
Il s’agit là d’un préalable indispensable pour créer ensuite les conditions nécessaires à la mise en place d’une intelligence collective qui pourra, ensuite, être décuplée et stimulée par un meilleur partage de l’information, de la formation, de l’animation et de la communication interne. Et cela concerne toutes les strates de l’entreprise ! “Ne prétendons pas que les choses vont changer si nous continuons à faire la même chose”, nous a dit Albert Einstein. Désiloter les directions métiers et décentraliser les prises de décision, par exemple, va permettre à chaque cellule et organe qui composent les organisations d’être agiles et intelligentes avec leur propre capacité d’action et de réaction. Tout cela grâce à un management basé sur la confiance et l’autonomie pour que toute l’entreprise parvienne à s’engager dans une dynamique agile en intelligence collective. Un autre enjeu, pour les managers, sera de composer des équipes en tenant compte des spécificités et des talents de chacun. La diversité (personnalités, centres d’intérêts, cultures, etc.) devient alors un facteur de performance et de résilience. Cela reste valable pour les équipes dirigeantes qui doivent avoir conscience de leurs propres limites afin d’aller chercher les compétences internes et externes qui viendront compléter leur aptitude à mener les projets, conduire le changement et prendre les bonnes décisions. Il s’agit de recomposer la gouvernance pour gérer l’équilibre général de l’écosystème de l’entreprise et résister, en temps de crises, tout en ayant une vision long terme qui tienne compte des évolutions systémiques. Pour cela, développer la socio-perception des dirigeants est essentiel, comme nous l’expliquent brillamment Irène Dupoux-Couturier et Alain de Vulpian dans le livre “Homo sapiens à l’heure de l’intelligence artificielle : La métamorphose humaniste”.
De la compétition à la coopétition
Au-delà de son introspection et de ses réaménagements internes, l’entreprise va devoir également s’ouvrir de plus en plus sur l’extérieur pour être en symbiose avec son environnement et s’aligner avec les Objectifs de Développement Durables (ODD). Il faudra, pour ce faire, se diriger vers des dispositifs plus inclusifs où l’on retrouve les clients, les partenaires, les fournisseurs, les filières et les territoires. Autant d’acteurs qui doivent être intégrés à la dynamique ou à la stratégie des entreprises voire, directement, à leur core business. Il s’agit donc de mettre en réseau les acteurs qui partagent une volonté et une vision commune pour, in fine, transposer de nouvelles formes de gouvernance, de management ou de modèle économique. Cette dynamique doit être l’occasion d’aligner le développement des organisations avec des externalités sociales et environnementales positives, mais aussi de voir se dessiner, grâce à cette interdépendance, une forme de résilience, priorité désormais universelle.
Tribune écrite par Mickaël Réault, CEO de Sindup
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