Au cours de la dernière décennie, seul le passeport vénézuélien a subi un déclin plus marqué que celui des États-Unis. Selon les experts, la politique « America First » a considérablement réduit la liberté de déplacement des citoyens américains à l’échelle mondiale.
Un article de Suzanne Rowan Kelleher pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
Les États-Unis poursuivent leur déclin et se retrouvent à la 9e place du Henley Passport Index, un classement mondial basé sur le nombre de destinations accessibles sans visa préalable. La mobilité internationale est un indicateur clé du « soft power » d’un pays à travers ses citoyens à l’étranger. Le passeport américain offre actuellement un accès sans visa à 186 destinations, le plaçant au même niveau que le passeport estonien.
À titre de comparaison, les citoyens de Singapour – le passeport numéro un du classement – ont accès à 195 destinations sur 227 dans le monde sans visa. Le Japon détient le deuxième passeport le plus puissant au monde, offrant un accès sans visa à 193 destinations.
À la même époque l’année dernière, les États-Unis avaient grimpé d’une place, passant de la huitième place l’année précédente à la septième. Il y a un peu plus de dix ans, en 2014, les États-Unis occupaient la première place avec le Royaume-Uni.
Le faible classement des États-Unis s’explique par un manque de réciprocité, selon la méthodologie de Henley & Partners. Bien que les détenteurs de passeports américains puissent voyager sans visa dans 186 des 227 destinations mondiales, les États-Unis n’accordent cette facilité qu’à 46 nationalités. Cette politique restrictive les place à la 84eposition du Henley Openness Index, loin derrière leur 9e rang dans l’indice des passeports. L’indice d’ouverture évalue le nombre de nationalités autorisées à entrer sans visa dans chaque pays, reflétant ainsi leur niveau d’accessibilité pour les voyageurs étrangers.
Certains experts attribuent le déclin du pouvoir du passeport américain à la posture « America First » des États-Unis. « Avant même l’éventualité d’une seconde présidence Trump, les orientations politiques américaines s’étaient déjà notablement repliées sur elles-mêmes et teintées d’isolationnisme », a déclaré Annie Pforzheimer, associée principale au Center for Strategic and International Studies, un think tank basé à Washington.
« Bien que la santé économique des États-Unis dépende fortement de l’immigration, du tourisme et du commerce, les électeurs, durant la campagne présidentielle de 2024, ont été nourris d’un récit selon lequel l’Amérique peut (et doit) fonctionner seule, a-t-elle poursuivi. En fin de compte, si les tarifs douaniers et les déportations restent les outils politiques privilégiés de l’administration Trump, les États-Unis continueront non seulement de perdre du terrain dans l’indice de mobilité en comparaison avec d’autres pays, mais ils risquent aussi de reculer en termes absolus. Cette tendance, combinée à une plus grande ouverture de la Chine, renforcera probablement la domination croissante de l’Asie en matière de soft power à l’échelle mondiale. »
À l’inverse des Américains, les citoyens chinois ont vu leur liberté de déplacement s’accroître au cours de la dernière décennie. Selon l’indice Henley, la Chine est passée de la 94ᵉ place en 2015 à la 60ᵉ en 2025, avec une augmentation de 40 destinations accessibles sans visa sur cette période. En matière d’ouverture aux autres nations, la Chine progresse également dans l’indice d’ouverture de Henley. Au cours de l’année écoulée, elle a accordé l’accès sans visa à 29 pays supplémentaires, portant à 58 le nombre total de nationalités pouvant entrer librement sur son territoire début 2025, et atteignant ainsi la 80ᵉ place du classement.
Les citoyens américains représentent la plus grande part des demandeurs de résidence alternative et de citoyenneté, totalisant 21 % de toutes les demandes soumises aux programmes de migration par investissement chez Henley & Partners en 2024. Selon le PDG Juerg Steffen, le cabinet compte davantage de clients américains que les quatre autres nationalités les plus représentées — Turcs, Philippins, Indiens et Britanniques — réunies.
« Face à une volatilité sans précédent, les investisseurs et les familles fortunées adoptent une approche d’arbitrage géopolitique, cherchant à obtenir des options supplémentaires de résidence ou de citoyenneté pour se protéger des risques liés à une seule juridiction et tirer parti des écarts légaux, économiques, politiques et sociaux entre les pays afin d’optimiser leurs finances, leur qualité de vie et leur sécurité », a-t-il expliqué.
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Parmi les 199 passeports évalués dans le monde, 22 ont reculé dans le classement au cours des dix dernières années. Les États-Unis figurent parmi les plus touchés, avec une chute de sept places, passant de la 2ᵉ position en 2015 à la 9ᵉ en 2025. Seul le Venezuela a connu un déclin plus important.
Le Vanuatu, un pays du sud de l’océan Pacifique regroupant environ 80 îles, a enregistré la troisième plus grande chute au classement, reculant de six places en dix ans, de la 48ᵉ à la 54ᵉ position.
Le passeport britannique, autrefois au sommet du classement en 2015, se retrouve désormais à la 5ᵉ place. De son côté, le Canada figure également parmi les plus grands perdants, ayant reculé de trois places en dix ans, passant de la 4ᵉ à la 7ᵉ position actuelle.
Les 5 passeports les plus influents au monde en 2025
Derrière Singapour et le Japon, six pays se partagent désormais la troisième place du classement, avec un accès sans visa préalable à 192 destinations chacun : la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Corée du Sud et l’Espagne. Ce classement s’appuie sur les données de l’Association du transport aérien international (IATA).
La quatrième place est partagée par sept pays – l’Autriche, le Danemark, l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède – avec un score de 191 pour les destinations sans visa.
En cinquième position, un groupe de cinq pays est à égalité avec un accès à 190 destinations sans visa : La Belgique, la Nouvelle-Zélande, le Portugal, la Suisse et le Royaume-Uni.
Au total, les citoyens de 27 pays bénéficient d’une plus grande mobilité mondiale sans visa que les Américains.
L’écart de mobilité s’accentue
En bas du Henley Passport Index, l’Afghanistan voit sa situation se détériorer encore, ses citoyens ayant perdu l’accès sans visa à deux destinations supplémentaires cette année. Ce fossé se creuse face à des pays comme Singapour. En 2025, les détenteurs du passeport singapourien peuvent voyager sans visa vers 169 destinations de plus que les Afghans, qui n’ont accès sans visa qu’à 26 destinations dans le monde.
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