30 Under 30 Europe Social Impact 2025 : ces jeunes fondateurs qui mettent la tech au service de l’humain

Des appareils portables aux services éducatifs, ces jeunes pionniers contribuent à relever les grands défis mondiaux en développant des plateformes et des produits innovants.

Pour Lisa Oberaigner, 26 ans, son mémoire de maîtrise au MIT sur les émissions de carbone dans les chaînes d’approvisionnement n’était qu’un point de départ. Très vite, elle en a fait le socle d’un véritable projet entrepreneurial. Ciblant en particulier le secteur de la construction — responsable à lui seul de 11 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre —, elle cofonde Emidat, dont elle est aujourd’hui la PDG.

La start-up s’appuie sur un logiciel alimenté par l’intelligence artificielle pour aider les fabricants de matériaux comme le ciment, l’acier ou le verre à évaluer précisément l’impact environnemental de leurs produits. Une approche qui a séduit des investisseurs de renom, parmi lesquels General Catalyst, permettant à Emidat de lever 4,8 millions de dollars.

L’objectif : permettre aux industriels de répondre aux attentes croissantes des clients, de mieux se différencier sur le marché et de rester en conformité avec les réglementations. « Lorsqu’un fabricant parvient à réduire concrètement ses émissions, il doit aussi pouvoir le prouver à ses clients — et facturer une ‘prime verte’ », défend Lisa Oberaigner. « À terme, nous voulons encourager une concurrence qui ne repose plus uniquement sur le prix, mais aussi sur la qualité des données environnementales. »

Lisa Oberaigner fait partie des jeunes entrepreneurs sociaux distingués cette année par la liste Forbes 30 Under 30 Europe – Social Impact, qui met en lumière celles et ceux qui mobilisent la technologie pour répondre aux grands défis de notre époque. Qu’il s’agisse de favoriser l’accès à l’éducation, de lutter contre le gaspillage alimentaire, de prévenir les violences domestiques ou de soutenir les personnes malvoyantes, les lauréats de cette édition proposent des solutions innovantes, à la fois concrètes et évolutives, là où se rencontrent impact social et avancée technologique.

Dacod Magagula, 29 ans, et Tao Laine Boyle, 28 ans, font partie des visages d’une éducation plus accessible. Avec FoondaMate, leur plateforme d’apprentissage via WhatsApp, ils ont su tirer parti d’une infrastructure déjà largement répandue pour proposer un service fonctionnel même dans les zones à faible connectivité. En trois ans, leur outil est passé de 40 000 à 4 millions d’utilisateurs dans 180 pays.

Autre approche, autre domaine : Brian Mwenda, 28 ans, originaire du Kenya, repense l’assistance à la mobilité. Avec l’Autrichienne Laura Wissiak, 28 ans également, il a cofondé Hope Tech Plus, à l’origine du « Sixième sens » : un dispositif portable combinant sonar, écholocalisation et intelligence artificielle pour aider les personnes malvoyantes à se déplacer de manière autonome.

Dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, Vincent Garcia, 28 ans, et Martin d’Agay, 29 ans, adoptent eux aussi une approche technologique. Avec Kikleo, leur solution basée sur l’IA pour les cuisines professionnelles, ils permettent aux restaurants d’identifier automatiquement les types et quantités de déchets alimentaires afin d’adapter leurs achats et leur production. Le résultat parle de lui-même : 200 tonnes de nourriture économisées — soit l’équivalent de 400 000 repas — et plus de 1 000 tonnes de CO2 évitées. À l’image de Lisa Oberaigner, tous démontrent que l’innovation peut être un puissant levier d’impact social et environnemental.

Pour Jasmine Douglas, 28 ans, l’entrepreneuriat s’est imposé comme une nécessité plus qu’un choix. Après avoir fait l’expérience de la discrimination dans le secteur de la tech, cette fondatrice britannico-américaine d’origine nigériane a lancé Babes on Waves, une plateforme de mise en réseau pilotée par l’IA, destinée à connecter les femmes entrepreneures de couleur avec des financements, des opportunités d’emploi et des acteurs clés de l’industrie. Ce qui n’était au départ qu’une petite communauté a depuis permis plus de 1 000 placements professionnels, facilité l’accès à plus de 800 000 dollars de financement et scellé des partenariats avec des géants comme Apple, Nike ou L’Oréal.

L’histoire de Ba Linh Le, 28 ans, est elle aussi marquée par un parcours personnel fort. Immigrée vietnamienne de deuxième génération, elle a fondé Frontline après avoir été elle-même victime de violences domestiques. Son outil de prévention, alimenté par l’intelligence artificielle, affiche un taux de précision de 84 % pour prédire les situations à haut risque. Il est désormais déployé dans la moitié des services sociaux en Allemagne.

Ce qui réunit ces lauréats du 30 Under 30 Europe – Social Impact cette année, c’est leur volonté de mettre la technologie au service de l’humain. Bien au-delà de la création d’entreprise, ils conçoivent des solutions pensées pour répondre à des enjeux sociaux majeurs, prouvant qu’impact et rentabilité peuvent avancer main dans la main.

Les candidats ont été sélectionnés par un jury d’experts reconnus dans leurs domaines, parmi lesquels Natalie Campbell, codirectrice générale de Belu Water ; Jessica Anderen, directrice générale de la IKEA Foundation ; Roberta Bosurgi, à la tête d’Impact Europe ; ou encore Flinn Dolman, cofondateur et responsable de l’intelligence artificielle chez Lawhive, et ancien lauréat du classement 30 Under 30 Europe 2024.

Pour figurer parmi les nommés cette année, les candidats devaient être âgés de 29 ans ou moins au 9 avril 2025. Résultat : la promotion 2025 se distingue par sa diversité, avec 45,7 % de personnes de couleur, 57,1 % de femmes, et une large majorité de fondateurs ou cofondateurs (91,4 %).

Un article de LaVonne Roberts, Brianne Garrett et Igor Bosilkovski pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

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