Rechercher

YouTube : Quid Du Respect Envers Les Créateurs De Contenus ?

En l’espace de 12 ans, la plateforme YouTube est passée par différentes étapes où le créateur de contenus est passé du stade d’ambassadeur reconnu à simple faire-valoir.

Rapidement rachetée par Google en 2006, YouTube a passé son temps à rigidifier les règles et à réduire à peau de chagrin les gains désormais modestes pouvant être espérés par les émetteurs de contenus. Selon moi, ce monopole est devenu une faiblesse, car la révolution technologique actuelle (blockchain) pourrait changer la donne….Silence, on tourne!

La YouTube Story des créateurs de contenus

Épargnons-nous les chiffres-clés relatifs au nombre de vidéos uploads chaque seconde, et, le nombre de « vues » par jour. Oui, c’est un postulat : YouTube est le roi de la vidéo sur Internet…En même temps, il s’agit d’un monopole bien rigide où seules quelques miettes sont laissées à DailyMotion, RuTube, Vimeo et autres plateformes plus modestes…

Pour rappel, les YouTubers touchent un pourcentage (après le prélèvement de la commission de son « network » pour les plus connus, une sorte de régie dédiée aux créateurs de contenus) des publicités achetées par les annonceurs et apparaissant sur leurs vidéos. Ici, nous ne prenons pas en compte les autres modes de rétribution liés aux marques (placement de produit, featuring,…).

Déjà en 2013, le durcissement des règles liées aux droits d’auteurs (ce qui est justifié) a entraîné une baisse notable des vidéos pouvant être monétisées (la monétisation n’est évidemment pas automatique). Cette règle avait pour but de réduire les « claims », à savoir les revendications par des tiers de leurs droits d’auteurs (ex: musique ou extrait d’un tiers présent dans ladite vidéo).

Même jusqu’en 2016, le mythe relatif au fait qu’un YouTuber pouvait toucher 1 dollar pour 1000 vues persistait. Bien entendu, ce montant n’est plus d’actualité, et, nous en sommes, à ce jour, plutôt à 500 dollars pour…1 million de vues! Quand on connaît le temps nécessaire à concevoir, tourner et monter une vidéo…Oui, même si YouTuber n’est pas un métier pour certains, diffuser son propre contenu est devenu une norme à laquelle il faut s’habituer!

En 2017, YouTube avait aussi stoppé la monétisation des contenus ayant moins de 10 000 vues, et ce, afin de lutter contre les vols de contenus (des YouTubers copiaient des contenus en les re-postant sur leurs chaînes).

Récemment, le coup de grâce est arrivé puisque la monétisation ne sera réservée qu’aux chaînes ayant au moins 1000 abonnés et plus de 4000 heures de visionnage (addition des minutes « vues »). Autrement dit, les vidéos de buzz sont hors course pour espérer glaner quelques euros…Dans le même temps, YouTube a créé des algorithmes plus durs afin de « vérifier » les contenus. En somme : YouTube ne veut monétiser et booster que les vidéos « maîtrisées ».

YouTube préfère prendre (grand) soin des annonceurs que des créateurs de contenus

Ces durcissements n’arrivent pas par hasard puisque plusieurs scandales 2.0 ont émaillé la réputation de YouTube : l’affaire Logan Paul et l’affaire des publicités diffusées sur des contenus sensibles (terrorisme, homophobie, islamophobie, etc…).

Disons que, par exemple, les annonceurs de couches pour bébé ont mal vécu le fait d’être associés à des tutoriaux pour concevoir un engin explosif…Et ce, même si les contenus de certaines couches ressemblent à un champ de bataille!

Face à cela, les dé-référencements de vidéos, les refus de monétisation et les bannissements ont été (très) nombreux. Certains contenus n’ont évidemment rien à faire sur YouTube, mais le « filtre » a été particulièrement meurtrier pour les petits et/ou les nouveaux créateurs de contenus (excellent article à lire). En ce sens, YouTube a choisi son camp…

Comment les créateurs de contenus « survivent » ?

Chaque nouvelle règle semble être accompagnée par une « bonne raison » (selon YouTube), mais les créateurs de contenus ont clairement le sentiment d’être mis sur le côté. Alors qu’il existe à présent des écoles pour devenir YouTubers (!), cette mine d’or n’a plus aucun filon !

Dans un tel contexte, les YouTubers (et autres influenceurs qu’il ne faut pas oublier) cherchent à  maximiser leurs revenus « hors YouTube ». Entre les placements de produit (dont certains peu discrets et répétitifs…), les Tipee (une sorte de « quête 2.0 ») et des formats plus courts (Instagram, SnapChat), les créateurs de contenus doivent jouer aux commerciaux pour générer quelques « maigres » revenus (article de Bloomberg).

Aussi, ce ne sont pas les « abonnements mensuels » (moins de 5 dollars par mois – uniquement pour les chaînes de plus de 100 000 abonnés) et la possibilité de vendre leurs produits dérivés (tee-shirts, coques de téléphone, etc…) qui vont permettre aux petits (empêchés de devenir grands…) de percer…Les coups de gueule des YouTubers se multiplient…

La politique de YouTube me paraît risqué, car sans les créateurs de contenus, la plateforme deviendra une zone aseptisée où les contenus seront soit trop « maîtrisés », soit « Premium », soit une nouvelle bibliothèque à la Netflix. Comme récemment souligné par Frédéric Taddei, les contenus télévisés ont changé d’écran et les émetteurs sont partout, ils ne se limitent pas aux chaînes de télévision dont le désamour par la nouvelle génération est criant (tout comme auprès de la presse traditionnelle).

Quelles solutions pour les créateurs de contenus ? Un paradigme bien plus fair-play

Sans être le prosélyte de la révolution « Blockchain », il semblerait que cette technologie a tout pour plaire aux YouTubers en quête d’une alternative sérieuse et résolument plus juste.

En effet, cette technologie encore trop méconnue permettrait de réduire drastiquement les freins liés aux paiements (paiements immédiats sans frais et automatiques) et de faire disparaître un grand nombre d’intermédiaires (dont les fameux « networks »).

Plusieurs projets ont cette ambition dont Verasity, Viewo ou le plus abouti, à savoir Snapparazzi. Le chemin est encore long, et, eux aussi pourraient être confrontés à des problématiques notamment de modération, toutefois la nouveauté réside dans les avantages de cette technologie (rapidité, sécurité, disparition des intermédiaires).

À noter que certains des projets ci-dessus, grâce aux économies générées, visent aussi à rémunérer les spectateurs. Oui, l’écosystème des vidéos en ligne change et il semblerait qu’il soit bien plus fair-play que le monstre monopolistique actuel….

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC