Vincent Bolloré a officiellement posé les jalons d’un rapprochement entre les deux groupes, dont il est premier actionnaire, avec pour ambition de constituer un leader mondial de contenus, de médias et de communication. Une union longuement attendue.
Un secret de polichinelle. Œuvrant en coulisses – avec plus ou moins de discrétion -, Vivendi et Havas, avec pour maître de cérémonie Vincent Bolloré, vont bientôt pouvoir convoler en justes noces. Dans un communiqué publié après-bourse ce jeudi, Vivendi a annoncé avoir fait une offre au groupe Bolloré pour le rachat de sa participation de 59,69% dans le sixième groupe publicitaire mondial, mettant ainsi un terme au « faux suspens » entourant les tractations entre les deux entités. Dans le détail, la maison-mère de Canal+ et Universal Music Group propose un prix de 9,25 euros pour les actions Havas, valorisant la participation de Bolloré à 2,36 milliards d’euros. Cette offre fait ainsi ressortir une prime de 8,8% par rapport au cours de Bourse d’Havas en date du 10 mai 2017, indique Vivendi, qui prévoit de financer l’opération avec sa trésorerie, le groupe de médias bénéficiant « d’un trésor de guerre » dévolu aux acquisitions.
Un dessein aux allures de consécration pour la famille Bolloré. Outre Vincent Bolloré, le « fils », Yannick, PDG d’Havas, est de facto en première ligne sur ce dossier. En dépit des démentis d’usage du début de l’année – « le groupe n’a, à l’heure actuelle, pas de projet formel visant à un tel rapprochement », déclarait sans convaincre en février dernier, Arnaud de Puydefontaine, président du directoire de Vivendi -, les principaux intéressés ont pris soin de ne pas être aussi catégoriques, tant un tel rapprochement relevait de l’évidence.
Havas en pleine forme
Un « mariage » en forme de passage de témoin entre deux générations d’hommes d’affaires – Vincent Bolloré et son fils Yannick, le premier ayant toujours promis qu’il se retirerait du monde des affaires le 17 février 2022 – avec compte à rebours sur son smartphone –, date anniversaire du groupe Bolloré qui fêtera alors ses 200 ans. Outre la « symbolique » d’un tel rapprochement, Vivendi mettrait la main, avec Havas, sur un groupe en pleine santé financière avec notamment une croissance à faire pâlir d’envie la concurrence.
Ainsi, le sixième groupe publicitaire mondial a enregistré, sur l’ensemble de l’année 2016, un chiffre d’affaires de 2,28 milliards d’euros, soit une croissance de 3,1% à changes et périmètres constants, quand les analystes les plus optimistes tablaient sur une progression oscillant entre 2,4 et 2,9%. A titre comparatif, son grand rival hexagonal Publicis a affiché une croissance famélique de 0,7% en 2016, pénalisé par des pertes de budgets et les contre-performances de ses actifs dans le numérique.
Des analystes circonspects
Dans ce concert de louanges, certains analystes ont toutefois mis en garde, mettant en exergue les risques inhérents à ce type d’opérations. Notamment les risques de conflit d’intérêt pour Havas, qui conseille des concurrents de Canal+ notamment. D’autres ont également pointé la singularité d’une opération qui verrait Vivendi, contrôlée de fait par Vincent Bolloré et ses 29% des droits de vote, racheter les parts de ce dernier dans sa filiale.
Vivendi, qui espère finaliser l’opération, au mois de juin-juillet a également préciser que ce « deal » n’aurait aucun impact sur les effectifs des deux groupes, assurant également au passage que l’objectif n’était pas non plus de retirer Havas de la cote. « Nos groupes évoluent dans un univers commun, certaines de nos équipes se connaissent déjà, et nos cultures se ressemblent et se complètent », a expliqué dans un mail à ses salariés le PDG d’Havas Yannick Bolloré. Il est évident qu’il y aura un jour quelque chose entre Vivendi et Havas » déclarait Vincent Bolloré, il y a quelques mois, dans les colonnes des Echos. « L’oracle breton » est désormais exaucé.
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