Le réseau social professionnel hexagonal Viadeo, en grande difficulté, a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris.
Le réseau social professionnel « made in France » aura fait long feu. Dans l’ombre du mastodonte LinkedIn, de seulement deux ans son aîné, la société française, fondée en 2005 par le tandem Dan Serfaty et Thierry Lunati, n’est jamais parvenue à se faire sa place, une difficulté en entrainant une autre. Dernière en date, et non des moindres, la procédure de redressement judiciaire initiée par le tribunal de commerce de Paris qui devrait se prononcer, d’ici la fin de l’année, sur des offres de reprise de l’activité du groupe. Si l’entreprise, dans un énième supplément d’âme, affirme avoir « d’ores et déjà reçu plusieurs offres de reprise de son activité, de la part de repreneurs solides financièrement, prévoyant le maintien d’une part significative des effectifs », cette séquence scelle une série de camouflets et de déceptions en tout genre.
Succession d’échecs
Ce n’était plus qu’une question de semaines, voire même de jours, avant que le couperet ne tombe. En effet, le jeudi 10 novembre, étranglé financièrement, Viadeo avait demandé à l’Autorité des marchés financiers (AMF) la suspension de son cours de Bourse, l’entreprise n’ayant jamais réussi à trouver, ni la bonne cadence ni son public, sur les marchés.
Dans un langage plus mesuré, mais empreint d’impuissance, le nouvel homme fort du groupe, Renier Lemmens (ancien DG de Paypal Europe), qui a remplacé en janvier dernier le PDG et cofondateur de Dan Serfaty, avait souligné que la société ne réussirait pas à mener à bien sa stratégie de redéploiement, avec une trésorerie limitée à 1,3 million d’euros fin octobre.
Lourdes pertes
Et d’ajouter « A l’heure actuelle, il semble peu probable que nous puissions sécuriser de nouvelles sources de financement et nous explorons des solutions alternatives ». Alternatives parmi lesquelles devait figurer, dans un coin de son esprit, la procédure de redressement judiciaire. Il est vrai que l’introduction du réseau social en Bourse a été un échec patent. Le titre Viadeo ne vaut plus que 0,99 euro après avoir chuté de 55% cette année et de 66% en 2015. Pour son premier jour de cotation, le 2 juillet 2014, l’action, dont le prix avait été fixé en fourchette basse à 17,10 euros, avait chuté de 17%.
En outre, Viadeo a fait état d’un chiffre d’affaires de 12,27 millions d’euros sur les neuf premiers mois de l’année 2016, en baisse par rapport aux 18,56 millions correspondant à la même période de 2015. Sur l’ensemble de cette année-là, Viadeo avait enregistré une perte nette abyssale, à hauteur de 23 millions d’euros imputable notamment à la fermeture de ses activités en Chine qui a pesé pour 10 millions sur ses résultats. L’empire du Milieu était alors le premier marché du groupe, avec 25 millions d’abonnés, mais était également, comme souligné, un foyer de pertes considérables.
Viadeo avait essayé, en mai dernier, de donner le change par l’intermédiaire de sa stratégie de redéploiement ViaNext qui, si elle avait été très bien accueillie par ses clients coporate, dixit le groupe, n’a visiblement pas été suffisante pour sortir Viadeo de ses méandres. Espérons pour l’entreprise que les « repreneurs solides ayant une expertise reconnue sur le marché du recrutement online » évoqués en préambule puisse sortir le groupe de l’ornière et lui offrir une seconde vie, plus en adéquation avec ses ambitions.
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