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Verdir son entreprise grâce à l’IA, solution réaliste ou énième chimère technologique ?

IAFlowers petals and leaves forming brain shape on blue background.

La ruée vers l’IA se poursuit. Il est désormais plus que fréquent de voir des entreprises promouvoir des fonctionnalités en mettant en avant l’intelligence artificielle comme principal argument marketing. Pourtant ce sujet brûlant reste largement inabouti. Si tout le monde s’y intéresse, c’est surtout par peur d’être laissé sur le quai, à défaut de n’avoir pu attraper au vol le train inarrêtable de l’innovation.

Une contribution de Thomas Guyot – CEO de Traace

 

Nouvelles arrivantes dans ce domaine, les Greentechs veulent également leur part du gâteau et nombreuses sont celles qui, depuis quelques mois, promettent que l’IA va permettre d’accélérer la transition écologique à grand renfort d’algorithmes.

Comment faire la part entre les applications où l’IA est vraiment impactante et celles où sa pertinence est plus que discutable ?

Au-delà de l’emballement médiatique et commercial qu’elle génère, l’IA commence déjà à faire ses preuves dans le domaine du développement durable. Gestion de l’énergie, réduction des consommations  en eau, prévisions des catastrophes climatiques… En nous permettant de mieux planifier, elle nous permettra d’être plus efficaces sur la gestion de nos ressources ainsi que pour prévenir les conséquences du réchauffement climatique.

Du point de vue des entreprises soumises depuis peu à la CSRD (une norme de reporting extra-financier traitant entre autres des sujets liés au développement durable), l’IA est souvent présentée comme la panacée pour produire ces rapports annuels dont l’exhaustivité fait frémir les directions RSE et financières.

Ces rapports, chronophages, sont pointés du doigt car ils détourneraient les ressources de l’entreprise au profit d’un nouveau marasme administratif. L’IA devrait donc permettre, en s’appuyant sur les données de l’entreprise, de compléter et rédiger ces rapports, et ainsi laisser le champ libre aux équipes opérationnelles pour implémenter des solutions concrètes permettant de réduire l’impact environnemental de la société.

Cette promesse ambitieuse cache en réalité de nombreuses limites.

Tout d’abord, la complexité des rapports CSRD a été largement exagérée. L’analyse de double matérialité que l’entreprise doit effectuer en amont réduit souvent le nombre de points de données sur lesquels elle doit reporter. Ensuite, si, certes, l’IA vous fera gagner du temps, l’idée même de ce rapport est de permettre à l’entreprise d’identifier les causes, conséquences et solutions aux problèmes que son activité génère. Il doit guider votre stratégie climatique.

Or, l’IA reste une boîte noire qui agrège et analyse des données existantes. Ainsi, utiliser une IA pour générer du contenu en masse, par exemple pour répondre aux multiples questions des nouveaux standards de reporting, empêchera les entreprises d’être mieux-disantes. Faire du reporting pour cocher une case, c’est justement aller à l’encontre de la philosophie même du reporting extra-financier.
D’un point de vue purement fonctionnel, comment pourra-t-elle contrôler la véracité et la qualité des données collectées ? Peut-elle proposer des solutions adaptées aux spécificités d’une entreprise, forcément composée d’humains ? Comment l’humain peut-il efficacement détecter les ”hallucinations” parfois générées par l’IA, c’est-à-dire du contenu trompeur car faux mais crédible. Et d’ailleurs, comment auditer un rapport généré par un algorithme ?

Dans le cadre de sa stratégie climat, l’entreprise a besoin d’une vision, d’objectifs, d’esprit critique, bref, de subjectivité.

L’enjeu d’une entreprise aujourd’hui est de repenser son modèle d’affaires en innovant et d’être en mesure d’intégrer un facteur environnemental au sein de chacune de ses décisions stratégiques. Si l’IA peut être un outil d’aide à la décision ponctuel, elle ne sera pas la solution ultime. Elle peut simplifier la collecte des données, leur traitement, mais l’analyse devra rester humaine.

Il reste du chemin à faire pour voir l’IA surpasser la créativité de l’homme, probablement encore seule solution à la catastrophe climatique qu’elle a elle-même créé. Miser notre survie sur un algorithme encore incapable de modéliser une main à 5 doigts semble relever de l’inconscience la plus complète. Cette forme de technosolutionnisme ne s’apparenterait alors qu’à une fuite en avant. Et n’oublions pas non plus de mentionner l’empreinte carbone de l’IA, extrêmement énergivore, qui, même avec les estimations les plus faibles, s’avère dantesque.

 L’IA reste un outil. Un outil dont on mesure encore à peine le potentiel, qui peut nous aider à affronter le défi du siècle, mais un outil qui, comme tous les autres, doit être guidé par l’humain pour être utilisé de manière adéquate.


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