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Véhicules électriques en Europe : quelle troisième voie entre incitations et sanctions ?

Véhicules électriques : quelle troisième voie entre incitations et sanctions ?

La politique gouvernementale en matière de transition vers la mobilité électrique semble manquer de cohérence et de vision à long terme. D’un côté, le Gouvernement a annoncé, il y a quelques semaines, renoncer à une hausse des taxes sur l’électricité, qui figurait dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2025. De l’autre, le bonus écologique pour l’achat de véhicules électriques est réduit, passant de 7 000 à 4 000 euros maximum pour les ménages les plus modestes. Ces décisions contradictoires envoient un message confus aux consommateurs et aux industriels.

Une contribution de François Gatineau, président de Mobileese

 

Sans incitations, le secteur automobile européen est en danger de mort

L’exemple allemand est édifiant : l’arrêt soudain des aides à l’achat de véhicules électriques en décembre 2023 a provoqué une chute des ventes de 47% en un an (Source : Chiffre de l’Association centrale de l’industrie automobile allemande). La France risque-t-elle de connaître le même sort ? Cette instabilité réglementaire est d’autant plus préoccupante que le secteur des transports représente l’un des leviers les plus accessibles pour atteindre nos objectifs de décarbonation.

À cette fragilité s’ajoute désormais une menace extérieure majeure. Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis s’accompagne de la promesse de nouvelles barrières douanières qui pourraient frapper de plein fouet l’industrie automobile européenne. Avec des droits de douane potentiels allant de 10 à 20% sur les importations mondiales, les constructeurs européens, en particulier allemands, risquent de voir leurs exportations vers les États-Unis sévèrement impactées. Cette perspective inquiétante souligne l’urgence de renforcer la compétitivité et la résilience du secteur automobile européen face aux défis géopolitiques et économiques à venir.


Face à ces atermoiements, une troisième voie mérite d’être explorée, au-delà de la simple alternative entre subventions et sanctions. Il s’agit de mobiliser l’investissement privé via des tiers de confiance, capables d’accompagner efficacement la transition écologique. Cette approche permettrait de concilier la nécessité d’une transition rapide avec les contraintes budgétaires de l’État. Des acteurs privés pourraient jouer un rôle clé en collaborant avec les collectivités pour trouver des financements dérisqués et apporter leur expertise en matière d’usage.

 

Un cadre réglementaire moins contraignant et plus efficace

Pour que cette troisième voie soit viable, il faut créer un cadre juridique et opérationnel adapté, capable de rassurer les investisseurs tout en garantissant que les fonds soient orientés vers la transition écologique. Cela implique de repenser nos modèles de financement des infrastructures, en s’éloignant des partenariats public-privé classiques au profit de solutions plus innovantes et flexibles.

L’enjeu est de taille : il s’agit de trouver un équilibre entre l’intervention de l’État et l’initiative privée, en laissant plus de souplesse aux entreprises tout en maintenant des garde-fous. Cette approche permettrait aux acteurs économiques de faire des choix éclairés, sans être bridés par des contraintes trop rigides.

 

La transition vers la mobilité électrique en France nécessite une approche innovante qui dépasse les simples subventions et sanctions. En mobilisant des investissements privés via des tiers de confiance, nous pouvons créer un cadre flexible et efficace pour accompagner cette transition écologique. Il est impératif que le Gouvernement adopte une vision cohérente et stable pour rassurer à la fois les consommateurs et les investisseurs, tout en garantissant que les fonds soient dirigés vers des projets réellement durables.

 


À lire également : Investiture de Trump : ces mesures économiques qui pourraient fragiliser l’Europe

 

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