Lundi 6 mai, un ancien cadre de TikTok, qui poursuit la plateforme en justice, a affirmé que ByteDance, la société mère de TikTok basée en Chine, exerce un contrôle beaucoup plus étendu sur la plateforme de réseaux sociaux qu’elle ne l’a prétendu. De son côté, le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, se défend contre une éventuelle interdiction de l’application en insistant sur le fait qu’elle n’est pas dépendante de la Chine.
Article d’Antonio Pequeño IV pour Forbes US – traduit par Flora Lucas
Ce qu’il faut retenir
L’ancienne responsable marketing de TikTok, Katie Puris, a d’abord poursuivi la plateforme en février, affirmant qu’elle avait été licenciée dans le cadre d’un acte de discrimination fondée sur l’âge et le genre. Selon une nouvelle plainte déposée lundi, elle affirme qu’après le dépôt de la plainte initiale pour discrimination, l’avocat de la plateforme de réseaux sociaux a déclaré que ByteDance ne l’employait, ni elle ni toute autre personne : une affirmation que Katie Puris a qualifiée de « complètement fausse » et qui s’inscrit dans les efforts de TikTok pour convaincre les législateurs américains et le public que la plateforme n’est pas contrôlée par ByteDance, la société mère du célèbre réseau social basée à Pékin.
Plusieurs cadres de ByteDance contrôlent les fonctions et les opérations quotidiennes de TikTok, telles que le marketing, l’image de marque, les procédures de plainte, les allocations budgétaires, la gestion du personnel et les décisions de licenciement, affirme Katie Puris, ajoutant que ces cadres, et non Shou Zi Chew, sont « les véritables décideurs de TikTok », et que le PDG de la plateforme avant tout un « intermédiaire » pour eux.
Toujours d’après la plainte, TikTok ment au Congrès au sujet du niveau d’indépendance de Shou Zi Chew.
Par ailleurs, Katie Puris affirme que son supérieur a été licencié après que les dirigeants de ByteDance ont critiqué ses décisions de marketing, exigé qu’il les consulte et craint que ses campagnes ne nuisent aux relations de ByteDance avec d’autres entreprises technologiques basées en Chine.
Enfin, la plainte affirme également qu’un haut dirigeant de TikTok basé aux États-Unis et dont le nom n’a pas été révélé a envoyé un message à Katie Puris après son licenciement et a déclaré que le contrôle de la plateforme par les Chinois était devenu « plus extrême » depuis le licenciement de Katie Puris, la plainte citant un message présumé du haut dirigeant qui a déclaré : « Ils nomment des dirigeants qui définissent les relations avec la Chine. »
TikTok n’a pas répondu immédiatement à la demande de commentaire de Forbes.
À surveiller
Les accusations portées par Katie Puris interviennent peu de temps après la ratification par le président américain Joe Biden d’une loi exigeant que ByteDance vende TikTok sous peine d’être interdit aux États-Unis, en raison des craintes d’accès aux données des Américains par le gouvernement chinois. ByteDance dispose d’un délai d’environ neuf mois pour commencer la vente de la plateforme, avec la possibilité de prolonger ce délai de 90 jours si le gouvernement Biden constate des « progrès significatifs » en faveur d’une vente. TikTok pourrait être interdit aux États-Unis si la vente à un partenaire non américain n’est pas conclue.
Contexte
TikTok a fait l’objet d’un examen minutieux pendant des années en raison de ses liens avec ByteDance, notamment au sujet d’accusations selon lesquelles le personnel basé en Chine aurait accès aux données d’utilisateurs américains. Par ailleurs, des employés de TikTok auraient partagé des informations avec les dirigeants de ByteDance. L’entreprise a longtemps nié ces accusations. Shou Zi Chew, qui dirige TikTok depuis 2021, a déclaré au Congrès en mars qu’il n’était pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle la plateforme espionnait les utilisateurs américains et qu’il s’engageait à protéger les données américaines contre les acteurs étrangers. Depuis juin 2022, 100 % du trafic des utilisateurs américains sur TikTok est acheminé vers une infrastructure en nuage fournie par Oracle, une société texane spécialisée dans l’informatique en nuage, selon TikTok. La société ByteDance indique également qu’elle est détenue à environ 60 % par des investisseurs institutionnels. Les affirmations de la plateforme concernant la sécurité des données des Américains et la diversité de son actionnariat n’ont pas réussi à apaiser les inquiétudes des législateurs américains, dont la majorité a voté en faveur du projet de loi ratifié récemment par Joe Biden et exigeant que ByteDance vende TikTok.
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