L’ancien patron du voyagiste en ligne Expedia, Dara Khosrowshahi, a été désigné pour prendre la succession du très controversé Travis Kalanick à la tête du vaisseau-amiral Uber. Objectif : remettre de l’ordre dans la maison de la plateforme VTC la plus célèbre du monde et redresser les comptes en vue d’une potentielle introduction en Bourse.
Retrouver le calme et la sérénité. Tels pourraient être les premiers mots sur la feuille de route du nouvel homme fort de Uber, Dara Khosrowshahi, qui reprend les commandes de la plateforme de VTC, celle-ci ayant connu une crise de gouvernance sans précédent, après le départ tumultueux de son fondateur, Travis Kalanick. Une « mise en retrait » ou plutôt un débarquement forcé de la part des actionnaires, ces derniers ne supportant plus un management axé sur le sexisme, les discriminations et l’agressivité. Ce départ a forcément laissé des traces au sein de l’état-major de Uber qui a également dû faire face à une valse de démissions ces derniers mois, la gouvernance étant, depuis le départ de Kalanick et de ses soutiens, assurée par un comité de 13 personnes. La tâche s’annonce donc ardue pour l’ancien PDG du voyagiste à succès Expedia , coté en Bourse à la différence de Uber . Le nouveau patron de la plateforme de VTC, âgé de 48 ans, aura fort à faire pour remettre de l’ordre dans la maison Uber. Si la mission s’annonce difficile, elle ne paraît pas non plus insurmontable pour un homme qui quitte une entreprise en pleine santé qu’il a dirigée d’une main de maître pendant 12 ans.
En effet, sous sa houlette, Expedia a vu son chiffre d’affaires doubler depuis 2012 pour atteindre 8,8 milliards d’euros l’année passée. En outre, le bénéfice net du voyagiste en ligne sur la période frisait les 282 millions de dollars. Durant le mandat de Khosrowshahi, le groupe – numéro 1 du secteur en termes de réservations traitées – a également brillé par ses acquisitions. Citons pêle-mêle le rachat, en 2014, de HomeAway, considéré comme le rival de Airbnb pour la bagatelle de 4 milliards de dollars, ou encore Orbitz Worldwide pour 1,3 milliard ou encore Travelocity pour 280 millions.
Réduction des pertes mais…
Des « états de service » prometteurs au moment de remettre d’équerre les comptes de la plateforme VTC qui n’a toujours pas connu, depuis sa création, un exercice bénéficiaire. Si le groupe a réduit ses pertes au deuxième trimestre, la situation financière reste préoccupante. Ainsi, Uber a fait état d’une perte nette de 645 millions de dollars contre 708 millions au premier trimestre et 991 millions au quatrième trimestre 2016. Comme évoqué en préambule, n’étant pas coté en bourse, le groupe n’est pas tenu de rendre ses comptes publics mais il en a pris l’habitude, l’IPO étant un objectif « un jour ou l’autre » selon le vocable en vigueur, aucune date n’ayant été arrêtée à ce jour. Mais ce « projet » devrait rester d’actualité avec la nouvelle direction.
Mais l’annonce de son départ a, en revanche, impacté le cours de l’action Expedia, le titre du voyagiste cédant 4,5% hier soir à la clôture de Wall Street. Cependant, le « choix Khosrowshahi » rassure les observateurs. « M. Khosrowshahi est un bon choix car c’est le seul (des candidats évoqués) qui quitte son entreprise à un sommet », estime l’analyste Trip Chowdry, de GlobalEquitiesResearch. En concurrence avec Jeff Immelt, président de General Electric et Meg Whitman, directrice générale de Hewlett Packard Enterprise, Dara Khosrowshahi a su tirer son épingle du jeu face à un Jeff Immelt en délicatesse chez General Electric tandis que la seconde nommée a rapidement démenti lorgner sur la direction générale de Uber. Seul bémol, peut-être, le manque de notoriété du nouveau « pilote ». Contrairement à ses concurrents, le nouveau directeur général, d’origine iranienne, n’est pas une figure emblématique et reconnue du monde des affaires, comme ses deux concurrents, et n’a pas non plus la « culture » Silicon Valley, si « chère » à Travis Kalanick, le siège d’Expedia étant basé dans la localité plus « tranquille » et cossue de Bellevue, à quelques encablures de Washington.
Patron le mieux payé du monde en 2015
Quid du salaire du nouveau directeur général de Uber ? Pour rappel, Dara Khosrowshahi s’était fait remarquer en 2015 comme étant le « CEO » le mieux payé des Etats-Unis, essentiellement grâce à l’attribution de stock-options d’un montant de près de 91 millions de dollars (76 millions d’euros), soit une rémunération globale dix fois plus importante que Bernard Arnault, patron de LVMH, la même année. Peu d’éléments ont filtré sur sa rémunération. Toujours est-il que la tâche s’annonce titanesque pour ce fervent pourfendeur de Donald Trump qui avait pris la plume, en début d’année, dans le New York Times pour critiquer la position du président américain à l’encontre des musulmans. Il avait également clôt, en février dernier, une conférence téléphonique, dans une allusion à peine voilée au locataire de la Maison Blanche par ces mots : « Espérons que nous serons tous en vie pour voir la fin de l’année prochaine ». Fin de citation.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits