Secundo, une forte pression sur l’Europe. Donald Trump s’est déclaré résolument favorable à un accord bilatéral entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis et prédit que sa victoire ferait de lui « M. Brexit ». La première personnalité internationale qu’il a reçue a été Nigel Farage, l’homme politique qui a mené l’extrême-droite anglaise à sa victoire en juin dernier lors du référendum sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne.
They will soon be calling me MR. BREXIT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 18, 2016
L’électorat nationaliste qui a porté les Républicains américains au pouvoir s’apparente assez étroitement aux Britanniques qui ont voté pour le Brexit. Si l’administration Trump favorise, publiquement ou non, les « exits » des autres Etats membres de l’Union, elle ne sera pas seulement en cohérence avec les positions du candidat, sans coût électoral particulier. Elle y trouvera aussi facilement un terrain d’entente avec la Russie de Vladimir Poutine, dont on connaît les liens financiers et politiques avec les partis anti-européens comme le Front National.
Les élections de 2017 en France, aux Pays-Bas et en Allemagne seront donc déterminantes. Comme pour les élections américaines et le référendum britannique, les sondages sont pour l’heure rassurants. Il n’est pas impossible que les dirigeants qui seront élus (ou réélus) tentent de faire de l’Europe une zone protégée des troubles internationaux, improbable bastion libéral. Mais on ne peut pas plus exclure que les droites extrêmes en sortent, sinon gagnantes, du moins en position d’influencer le résultat. Avec l’appui de pays comme la Hongrie et la Pologne, déjà ouvertement anti-européens, les nouveaux gouvernements du cœur de l’Europe seraient alors en mesure de marginaliser les institutions créées depuis 1957.
Depuis cet été, Airbus se débat pour comprendre comment il lui faudra réorganiser sa chaîne de production en fonction des clauses qui seront négociées sur le Brexit. Une remise en cause du marché unique étendra ces problèmes à toutes les entreprises qui ont orienté leur croissance vers l’international ces dernières années. Pas toutes : les plus dynamiques et les plus innovantes d’abord.
Ergo et tertio, un ralentissement de l’innovation. Les entreprises menacées, ce sont celles qui ont su se réorganiser pour profiter de la « deuxième mondialisation » et de la « troisième révolution industrielle », numérique. L’OCDE les appelle les « frontier firms » : le top 5% des entreprises, qui a vu la productivité de ses employés augmenter, entre 2001 et 2013, de 3,6% par an dans les services et de 2,8% par an dans l’industrie. La productivité des 95% restants a stagné, avec une croissance de l’ordre de 0,5 % par an.
Parmi les caractéristiques de ces champions, qu’on retrouve notamment dans les palmarès de Forbes : une plus forte utilisation des brevets et de la propriété intellectuelle, une meilleure rentabilité des investissements numériques… et bien sûr une orientation résolument internationale. La chute du Mur, en 1989, avait consacré le primat de l’économique sur le politique et favorisé leur émergence.
Ce cycle politique est peut-être en train de se clore. Mais quoi qu’il en soit, les « frontier firms » et les entrepreneurs qui veulent les émuler devront en défendre pas à pas les acquis. Ils seront, sinon, les premiers à en souffrir.
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