Rechercher

Trenitalia à la conquête de la France

Europe
Source : Getty Images

FORZA | Avec leur silhouette rouge flamboyant, les trains italiens Trenitalia ont fait une entrée remarquée dans le paysage ferroviaire hexagonal. Dix-huit mois après son lancement, les chiffres vont au-delà des prévisions les plus optimistes. Ce nouvel opérateur est bien décidé à devenir l’alternative incontournable en France et multiplie les investissements en ce sens. Au plus fort de la crise énergétique cet hiver, le géant transalpin a maintenu sa politique de prix doux. Tour d’horizon avec son directeur général Roberto Rinaudo.

 

Trenitalia a fait le pari de la France il y a dix-huit mois maintenant. Quels sont les retours sur le terrain et les retombées niveau business ?

Roberto Rinaudo : Le bilan est très positif. En décembre dernier, nous avons fêté notre millionième client et avons atteint un remplissage à 73%. Avec quatre trains par jour sur l’axe Paris / Milan et six dessertes quotidiennes sur le Lyon / Paris, nous attirons autant une clientèle d’affaires que de loisirs. Les voyageurs bénéficient de conditions agréables  en profitant d’un portail de divertissements, d’une connexion Wifi, de sièges confortables, de deux ambiances de voyage, de repas servis directement en voiture, et même d’un espace de réunion à part entière, le tout à prix très compétitif.

Vous avez consenti à beaucoup d’investissements, la France est donc stratégique pour vous. Pourquoi ?

C’est même une priorité pour nous ! Il a fallu satisfaire à tous les paramètres techniques, sécuritaires afin de respecter d’autres normes ferroviaires. En France, l’accès à l’infrastructure est plus cher que chez ses voisins européens, les coûts de péages, de maintenance peuvent quadrupler. Comparativement à d’autres pays, nous avons donc réalisé des investissements plus conséquents. Mais, il est clair que le marché est porteur. Nous avons réalisé une enquête de satisfaction sur l’axe Paris / Lyon et découverts que 37% des voyageurs n’avaient jamais pris le train ! Cela veut dire que nous avons une très grande capacité à attirer de nouveaux clients, d’ailleurs nous nous appuyons sur des études que nous avons menées.

En outre en 2022, la SNCF a déclaré avoir augmenté son trafic de 10%. Finalement, plus il y a d’opérateurs, d’offres tarifaires, et plus nous convertissons de nouveaux clients.

Derrière cette augmentation, voyez-vous un lien avec des préoccupations environnementales ?

L’argument environnemental fait clairement partie des arbitrages car de plus en plus de voyageurs veulent choisir un mode de transport moins carboné.

Roberto Rinaudo, Directeur général © Trenitalia

 

Ils sont donc prêts à sacrifier au temps de trajet. Un Milan / Paris reste très long vs l’aérien…

Nous observons que ce n’est pas un facteur décourageant tant pour la clientèle business que d’affaires. Il convient de faire une évaluation à 360° car nos gares de départ et d’arrivée sont situées dans les centres villes, elles ne sont pas excentrées comme peuvent l’être les aéroports. Il n’y a pas de contrôles douaniers chronophages. Par ailleurs, nos trois classes : économique, business et executive conviennent à chaque typologie de client. Sur ces longs trajets, la clientèle d’affaires apprécie de disposer d’une salle de réunion tout équipée pour travailler sereinement. La catégorie Executive s’accompagne également d’une offre gastronomique complimentary illimitée.

Nous n’offrons pas seulement un transport mais une expérience de voyage qui commence dès le process d’achat.

Quelle trajectoire pour votre politique de prix lorsque vous serez davantage consolidés dans l’Hexagone ?

Notre ambition d’accroître notre visibilité va de pair avec notre promesse de ne pas augmenter nos prix. Et même lorsque le megawatt est passé de 56 euros en 2022 à 493 euros au premier trimestre 2023, autrement dit, une explosion ! Nous n’avons malgré tout pas touché à nos tarifs. Nous travaillons énergiquement à trouver des alternatives dans notre approvisionnement énergétique. Nous garderons cette garantie qualité / prix.

Quelle imbrication de la technologie avec le train ? A quelle expérience de voyage peut-on s’attendre à moyen-terme à l’heure où l’on assiste à une révolution dans le monde de la mobilité ?

Le train offrira une expérience magnifique tout en parvenant à être le moins pollueur possible. Aujourd’hui, Trenitalia repose sur une flotte technologiquement avancée en s’appuyant sur des systèmes de maintenance de pointe basés sur des procédés prédictifs. Nous avons la capacité de transférer nos data directement à l’atelier, ce qui permet d’anticiper les besoins de maintenance. Sur nos trains, il y a 16 moteurs distribués sur les rames qui génèrent plus de puissance de propulsion. Certains de nos matériaux sont issus de circuits durables.

En dehors de la France, où regardez-vous ?

Trenitalia est focalisé sur des projets dans le monde entier. A horizon fin 2024, nous envisageons de lancer une ligne Paris / Madrid via Barcelone. C’est une manière de connecter deux pays où nous sommes désormais implantés. Pour nous, la concurrence est stimulante !

 

 

Pour aller plus loin :

Trenitalia

www.trenitalia.com

 

 

 

<<< À lire également : « L’Orient-Express : et le train devient Palace ! » >>>

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC