Désireux de ne pas se faire distancer par les groupes de la Silicon Valley, au premier rang desquels Google, qui fourmillent d’idées – et de projets -, le constructeur nippon Toyota prévoit, lui aussi, de se lancer corps et âme sur le marché très prisé de la voiture autonome.
Un véritable changement de paradigme et un nouveau chapitre à écrire pour le célèbre constructeur japonais. Afin de ne pas rester simple spectateur et voir ainsi filer, sous ses yeux, le « train » de la voiture autonome, Toyota a franchi une marche supplémentaire, ces derniers jours, en annonçant changer de braquet – et étoffer sa culture d’entreprise – pour se lancer sur le marché tant convoité de la voiture autonome. Dès lors, fini le fameux « Kaizen », ce processus d’amélioration constante jalousé et envié par toute la concurrence ? La réalité est peu plus complexe. Si ce « modus operandi » reste le socle du constructeur japonais, celui-ci pourrait néanmoins « s’adapter » à certains cas spécifiques, comme la voiture autonome. « C’est le kaizen qui a fait la renommée de Toyota », souligne Gill Pratt, le directeur du Toyota Research Institute dans les colonnes des Echos. Et de poursuivre. « Mais ce principe ne fonctionne que si le changement technologique est graduel. Le véhicule électrique et autonome amène un nouveau paradigme. Personne ne peut dire ce qui va se passer, il faut explorer des voies radicales et échouer, avant de trouver la bonne direction ».
Un premier pas en direction de la voiture autonome, marché qui attise la convoitise non seulement des constructeurs traditionnels mais également des plus éminents fantassins de la Silicon Valley qui veulent, eux aussi, d’une manière ou d’une autre obtenir leur part du gâteau en la matière. Premier de cordée, Google – et sa maison-mère Alphabet – pilote du programme de voiture autonome baptisé Waymo. Ce dernier s’est d’ailleurs récemment adjoint les services d’Intel pour monter en gamme sur ce marché. « La technologie d’Intel permettant la prise de décisions en temps réel pour une autonomie totale en milieu urbain a été intégrée aux derniers minispaces Chrysler actuellement testés par Waymo », a fait savoir le patron d’Intel Brian Krzanich. Un positionnement stratégique pour Intel… qui a également noué un partenariat en ce sens avec Toyota le mois dernier.
Toyota dans les starting-blocks
Le constructeur nippon a en réalité, au-delà d’un simple partenariat, jeté les bases d’un consortium avec le fabricant de puces électroniques. Consortium également composé du suédois Ericsson et du japonais NTT Docomo. « L’objectif est de développer une infrastructure afin que les véhicules connectés puissent utiliser de nouveaux services tels que la conduite intelligente, la création de plans avec des données en temps réel et l’assistance à la conduite, le tout basé sur des services en ligne (cloud computing) », développait Toyota dans un communiqué. L’ancien premier constructeur mondial – qui occupait cette position sans discontinuer depuis 2008 avant d’être doublé par Volkswagen, début 2017- a donné davantage de détails sur sa stratégie en la matière.
Ainsi, Toyota s’est engagé à investir un milliard de dollars (soit l’équivalent 847 millions d’euros) d’ici 2020 pour développer une technologie avancée de conduite automatisée et d’intelligence artificielle « En utilisant la technologie de l’IA, nous voulons élargir et améliorer l’expérience de conduite, afin que la voiture redevienne un objet d’affection », a déclaré Makoto Okabe, responsable de la division véhicules électriques du groupe. Et ainsi mettre en branle le « deuxième étage de la fusée » Concept-i, son premier véhicule autonome, dévoilé en grande pompes au CES de Las Vegas en janvier dernier. Portrait-robot de la nouvelle pépite de Toyota : la Concept-i disposera d’une autonomie de 300 kilomètres et sera même capable de prendre en compte les émotions et le degré de vigilance du conducteur en analysant l’expression de son visage, ses actions et le ton de sa voix.
Prendre le relais en cas de fatigue
Des informations « salvatrices » qui pourront enjoindre le « pilotage automatique » de prendre le relais en fonction du degré de fatigue du conducteur, par exemple. En effet, le véhicule sera en capacité de converser avec le conducteur, de connaître ses habitudes et préférences, voire ses émotions, grâce à un système d’apprentissage automatisé. Une avancée sur laquelle le constructeur nippon espère « enfoncer un coin » et se démarquer allègrement de la concurrence…qui continue de faire rage. Dernier en date, le constructeur historique Ford Motor, a investi, en 2017, un milliard de dollars dans Argo AI, une start-up créée par d’anciens employés de l’équipe de développement de voitures autonomes d’Uber Technologies, pour concevoir un service de voitures autonomes à la demande. Un segment légèrement différent mais qui témoigne de la « vitalité » de ce marché du véhicule autonome. Et Toyota semble bien décidé à ne pas rater ce virage.
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