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Tesla : la fin du mythe boursier ?

Tesla a longtemps incarné le rêve absolu de l’investisseur : une entreprise visionnaire, un leader charismatique et une ascension fulgurante en Bourse. Mais aujourd’hui, la réalité semble avoir rattrapé le constructeur de véhicules électriques. L’action a perdu plus de 15 % en une seule journée, clôturant à 222,15 dollars, son plus bas niveau depuis octobre dernier. Depuis le début de l’année, le titre a perdu plus de 30 % de sa valeur, et depuis son pic de novembre 2021, la chute atteint près de 60 %. Tesla n’est plus la valeur refuge qu’elle était.

Une contribution de Fidel Martin, Président d’Exoé

 

 

Tesla face à la tempête

 

Plusieurs facteurs expliquent cette chute brutale. D’abord, le marché des véhicules électriques est entré dans une phase de maturité, où la concurrence est féroce. En Chine, principal moteur de croissance de Tesla, les fabricants locaux comme BYD ont pris une avance considérable. En 2023, BYD a vendu plus de 3 millions de véhicules électriques, contre 1,8 million pour Tesla. En Europe, les immatriculations de Tesla ont chuté de 50 % en janvier 2025, alors que le marché global des véhicules électriques progressait de 34 % sur la même période. Aux États-Unis, la hausse des taux d’intérêt complique l’accès au crédit automobile, ralentissant les ventes.

Ensuite, le management de Tesla inquiète. Elon Musk, dont le leadership a longtemps été un atout, semble aujourd’hui divisé entre ses multiples projets : Twitter (rebaptisé X), SpaceX, Neuralink, Starlink… Les investisseurs s’interrogent : Tesla est-elle encore la priorité du milliardaire ? Sa personnalité très particulière et ses prises de position politiques controversées, notamment son soutien affiché à des partis d’extrême droite en Europe et aux États-Unis, ternissent l’image de l’entreprise et font fuir certains investisseurs institutionnels. En parallèle, de nombreux analystes s’inquiètent de la baisse des marges de Tesla, qui sont passées de 17 % en 2022 à seulement 12 % en 2024, un signal préoccupant pour un constructeur automobile qui s’est toujours positionné comme un acteur premium.

 

Une valorisation à repenser

 

L’autre point de crispation, c’est la valorisation de l’entreprise. Tesla s’est toujours échangé à des niveaux stratosphériques par rapport aux autres constructeurs automobiles. Même après la correction actuelle, son ratio cours/bénéfice reste supérieur à 50, contre environ 6 pour General Motors ou Ford. À ces niveaux, Tesla est toujours évaluée comme une entreprise technologique plutôt que comme un constructeur automobile classique, mais le marché commence à remettre en question cette distinction.

Faut-il pour autant enterrer Tesla ? Certainement pas. La marque conserve un avantage technologique et une capacité d’innovation indéniable. Avec plus de 5 000 super-chargeurs déployés à travers le monde et des investissements massifs dans le développement de véhicules autonomes et d’intelligence artificielle, Tesla reste un acteur clé du secteur automobile. Mais l’heure est à la remise en question. Pour rassurer les marchés, Tesla devra prouver qu’elle peut croître sans dépendre du charisme de son fondateur et trouver un équilibre entre ambition et réalisme.

 

Une chose est sûre : l’époque où Tesla était une action intouchable semble bel et bien révolue.

 


À lire également : Elon Musk a perdu 116 milliards de dollars depuis décembre 2024, alors que l’action Tesla recule fortement

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