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Tesla : Elon Musk Sauve Sa Tête… Pour L’Instant

Getty Images

Dans le collimateur des autorités boursières de Wall Street après son tweet estival faisant état de sa volonté de retirer Tesla de la cote, Elon Musk et son groupe devront verser une amende de 20 millions de dollars chacun. Autre conséquence : le fantasque entrepreneur cède son poste de président du conseil d’administration du constructeur mais conserve celui du directeur général.

 « J’envisage de retirer Tesla de la cote à 420 dollars ; le financement est assuré ». Ce tweet « faux et trompeur », selon le vocable  de la « SEC »  (Securities and Exchange Commission) rédigé par Elon Musk dans la quiétude du mois d’août n’est, en revanche, pas passé inaperçu auprès du gendarme boursier américain qui a exigé de l’entrepreneur d’origine sud-africaine et de son groupe de régler la bagatelle de 40 millions dollars (20 millions de dollars chacun).  Fruit d’un accord entre l’organe de régulation de la Bourse de New York et l’état-major de Tesla, ce montant est également assortie d’une démission, dans un délai de 45 jours, d’Elon Musk de ses fonctions de président du conseil d’administration. Il n’aura pas le droit, non plus, d’y être élu pendant trois ans. A charge également pour Tesla de désigner deux nouveaux administrateurs indépendants pour y siéger. En revanche, Elon Musk conserve les rênes de la direction générale, au grand soulagement des investisseurs. « Je pense que cette issue est la meilleure pour toutes les parties concernées », a réagi Ivan Feinseth de Tigress Financial Partners, cité par Reuters, et dont l’opinion à l’égard de Tesla est « neutre ».  Et de qualifier la décision de la SEC de « tape sur les doigts » d’Elon Musk. Fin de citation.

L’analyse est somme toute assez juste dans la mesure où la déchéance d’Elon Musk de son titre du directeur général du constructeur aurait particulièrement agité les marchés –doux euphémisme – et aurait pu se révéler dévastatrice pour l’ensemble d’un groupe qui cumule les pertes. Même si Elon Musk, dans une missive adressée aux salariés de son groupe, mettait en exergue le fait que Tesla était à quelques encablures de la rentabilité. « Nous sommes sur le point d’être rentables et d’infliger ainsi un cinglant démenti à nos détracteurs », affirme-t-il dans ce mail révélé par l’agence Bloomberg. Et de battre également le rappel des troupes.  « Si nous nous retroussons les manches (samedi), nous remporterons une victoire épique, bien au-delà des attentes ». Une indication « calendaire » relative au fait que ce dimanche 30 septembre marquait la fin du troisième trimestre de l’exercice du constructeur de véhicules électriques qui a « poussé les feux » selon les termes de Reuters pour doper ses ventes avant cette échéance. Et afin atteindre la rentabilité tant espérée.

Retour à l’ordinaire ?

Pour en revenir à la fameuse « tape sur les doigts » infligée par la SEC à Elon Musk, le principal intéressé – détail ayant son importance – et son entreprise n’ont, à aucun moment, eu à reconnaître une quelconque culpabilité.  Dès lors, après cet épisode « fâcheux », l’entrepreneur et son groupe vont-ils pouvoir enfin se re-concentrer sur l’essentiel, à savoir, entre autres, les livraisons « dans les délais » des fameux Model 3 sans cesse repoussées ? L’été fut, en effet, particulièrement compliqué pour Tesla qui a notamment perdu jusqu’à 10% en une séance lorsque les investisseurs ont appris coup sur coup le départ du directeur comptable du groupe et qu’Elon Musk s’était laissé filmer en train de fumer de la marijuana. De quoi achever d’écorner l’image du fondateur de SpaceX, adepte des sorties virulentes et autres coups de sang. Si le fameux tweet évoqué en préambule et point de départ et de la polémique a été jugé « faux et trompeur » par le gendarme boursier, l’éventualité d’une sortie de la cote de Tesla avait été, à l’époque, accueillie avec une « extrême prudence » par les analystes, pour ne pas dire avec beaucoup de scepticisme.  « Pour moi il est inimaginable que quelqu’un finance le rachat d’une entreprise aussi endettée et qui perd autant d’argent alors qu’elle a d’énormes besoins d’investissements », abondait Mark Spiegel, gérant du fonds spéculatif Stanphyl Capital Partners.  

Pourtant, Elon Musk, au cœur de l’été, n’en démordait pas, évoquant un intérêt manifeste d’un fonds saoudien pour « l’aider » à extirper Tesla de Wall Street. « Ils (le fonds) m’ont d’abord rencontré au début de 2017 pour manifester cet intérêt en raison de l’importante nécessité de diversification au-delà du pétrole », écrivait-il au mois d’août sur le blog de l’entreprise. Et de poursuivre son argumentaire, visiblement bien rôdé. « Nous avons ensuite eu plusieurs autres réunions au cours de l’année suivante pour confirmer cet intérêt et tenter d’avancer vers un retrait de la Bourse. De toute évidence, le fonds souverain saoudien a très largement assez de liquidités pour réaliser une telle transaction ». Avant d’asséner son « argument massue » visant à échapper au viseur des autorités boursières américaines. « J’ai quitté la réunion du 31 juillet (avec le fonds) sans le moindre doute qu’un accord avec le fonds souverain saoudien pourrait être conclu, et qu’il ne s’agissait que de mettre le processus en marche. Voilà pourquoi j’ai parlé de financement assuré lors de l’annonce du 7 août ». Info ou Intox ? Nul ne le saura probablement jamais… à part Elon Musk.

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