Arborant pas moins de 32 modèles de voitures électriques (VE), produites par une douzaine de constructeurs locaux, la Chine est le marché du véhicule électrique le plus imposant au monde. Tesla et Elon Musk comptent bien y prendre une part de marché de premier choix…
D’après l’association des fabricants automobiles de Chine, le marché du véhicule tout électrique s’est étendu de 65.1% en 2016 en produisant plus de 409 000 unités. Il semble que chaque constructeur de voiture zéro émission veuille sa part du marché VE. Nissan et VW, entre autres, ont déjà rejoint des projets en commun avec des constructeurs automobiles chinois pour construire des VE localement, afin de maintenir des coûts réduits.
À présent, et de manière compréhensible, Tesla Motors aspire à prendre une plus grande part du gâteau. Désireux de s’étendre et de consolider sa présence déjà forte dans le pays le plus investi du secteur VE dans le monde, Tesla vient d’annoncer être en train de négocier en vue d’établir une usine à Shanghai. L’année dernière, l’entreprise américaine a réalisé 1.1 milliard de recettes sur les ventes en Chine, un chiffre équivalent à 15% des ses recettes mondiales.
Une usine en Chine ? Bien joué. Avec son énorme usine de production de batterie d’une valeur de 5 milliards de dollars dans le Nevada, faisant son arrivée sur internet en janvier, Tesla peut à présent se concentrer sur ses marchés à l’étranger, le plus conséquent étant de loin la Chine. De fait, tardivement l’année dernière le PDG de l’entreprise, Elon Musk, a fait savoir aux investisseurs que sécuriser une base de production près des centres de consommation était une stratégie intelligente. Il faisait référence à la Chine. En construisant des véhicules dans ce pays, son entreprise pourrait éviter 25% de taxe s’appliquant à l’importation des Model S et Model Xs.
Cependant, comme nous l’avons vu avec d’autres constructeurs étrangers ouvrant des magasins en Chine, tels que GM, Nissan et VW, la législation chinoise stipule que pour développer des VE Tesla doit établir un partenariat de type entreprise commune avec un constructeur automobile local. Un partenariat similaire à la relation Dongfeng-Nissan.
« Tesla est en discussion avec le Gouvernement municipal de Shanghai afin d’explorer le potentiel de l’établissement d’une centrale de construction dans le pays, pour le marché chinois, » a déclaré un porte-parole de l’entreprise.
Soulignons néanmoins que les négociations sont toujours en cours et que le projet d’une centrale Tesla n’est toujours pas arrêté. La ville de Shanghai contrôle la SAIC Motor Corporation, partenaire de GM et VW, et l’un des plus grands constructeurs automobiles de Chine. Aucune information n’a été communiquée sur d’éventuelles négociations de Tesla avec la SAIC.
Tesla pourrait s’affranchir de la condition d’entreprise commune en construisant une usine dans une zone de commerce international en Chine. Toutefois, s’en remettre à une telle politique signifierait que l’entreprise serait toujours soumise au paiement de 25 % de taxe d’importation pour les voitures vendues en Chine. L’entreprise commune est donc l’option la plus intéressante.
Pour la Chine, un pays si concentré sur la VE, une usine Tesla locale pourrait se traduire par une victoire politique de taille. L’immense problème de pollution auquel la Chine fait face et sa dépendance croissante vis-à-vis du pétrole étranger sont les éléments qui ont forgé la motivation du pays à se concentrer si grandement sur le développement des VE zéro émission.
En accueillant dans le pays le constructeur de VE le plus visible et le plus populaire au monde, le gouvernement de Shanghai laisse deviner des synergies potentielles qui pourraient soutenir et porter plus loin son initiative électrique, explique un porte-parole de l’entreprise. Mais quelques obstacles se trouvent sur le chemin. En plus de la réclamation de la Chine auprès de la Chambre de commerce européenne en mars au sujet des restrictions portant sur l’entreprise commune obligatoire, le projet chinois du « Made In China 2025 », qui va promouvoir l’autonomie dans certaines industries technologiques, est perçu comme une politique insulaire qui subventionnerait injustement les entreprises locales par rapport aux entreprises étrangères.
La progression des discussions entre Tesla et Shanghai demeure obscure. Quel qu’en soit le résultat, la technologie des batteries est d’une importance ultime dans les négociations, en plus de la production d’une chaîne de montage de VE. L’entreprise devra construire les deux en Chine si elle veut récolter des bénéfices complets. Cela pourrait signifier la construction d’une mini giga-usine à Shanghai. Avec son projet de nouvelle centrale en ligne d’ici la fin 2018, Tesla concentrera très probablement la production sur son nouveau véhicule Model 3, moins coûteux, d’un plus grand volume et délivrant une performance exceptionnelle pour le secteur.
Tous les éléments sont rassemblés pour livrer bataille afin de se faire une place dans le marché du VE le plus compétitif au monde.
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