Aujourd’hui, d’après le cabinet LMC Automotive, Tesla qui a plus de 12 % du marché des véhicules électriques verrait sa part réduite à 3 % dans cinq ans. Les Allemands, eux, en détiendront près de 20 %. On pourrait donc en déduire qu’une grande partie de ce marché passera entre les mains des Allemands, des Japonais et des Chinois. https://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRKCN1LJ1P1-OFRBS.
Qu’est-ce qui explique ce déclin de Tesla ?
L’idée du véhicule et le positionnement marketing sont excellents, mais il apparaît de plus en plus évident que le modèle économique est de plus en plus discutable.
Tesla fabrique ses batteries dans son usine hyper-robotisée de Reno au Nevada. Cette activité, qui devrait être très bientôt dominée par les Chinois, ne semble pas être en difficulté pour le moment. lire :http://bernard-jomard.com/2017/10/29/voitures-electriques-voitures-propres-comprendre-evolution/
La Telsa M3, le modèle phare est fabriquée dans l’usine de Fremont en Californie. Cette usine conçue avec la participation de sociétés d’ingénierie allemandes et américaines rachetées par Tesla devait être le symbole de la puissance du groupe.
Il apparaît de plus en plus évident que la robotisation excessive a été un total fiasco. Le donneur de leçons qu’est Elon Musk et qui voulait posséder l’usine la plus robotisée du monde, n’a semble-t-il pas fait le « benchmarking » nécessaire auprès des constructeurs japonais et allemands, les deux leaders sur ce marché premium.
Elon Musk a dû se résoudre récemment à implanter une nouvelle chaîne de montage sous barnum/tente sur le parking de l’usine de Fremont, chaîne où il a aussi dû privilégier l’emploi humain https://www.nytimes.com/2018/06/30/business/tesla-factory-musk.html.
Où en est la concurrence ?
Allemands : Les trois constructeurs , BMW, Daimler-Mercedes (Smart), et Volkswagen captent déjà un tiers du marché européen de la voiture électrique avec batterie au Lithium-Ion. Très profitables, ils disposent de budgets de R & D bien supérieurs à Tesla qui lui ne cesse de générer des pertes. Dans le haut de gamme premium, Mercedes a présenté récemment la EQC un SUV urbain premium.http://www.auto-moto.com/nouveautes/mercedes-eqc-revelation-premier-suv-electrique-de-marque-177438.html#item=1. Porsche proposera en 2019 sa Taycan en concurrence frontale avec Tesla. BMW est déjà très présent en entrée de gamme avec son i3, et concurrence la Smart électrique. En résumé, face à la puissance allemande, avoir raison trop tôt c’est souvent avoir tort.
Chinois : Le constructeur Geely, https://www.autoplus.fr/actualite/Geely-suv-electrique-voiture-chinoise-1527724.html soutenu par les autorités, devrait entrer dans la cour des grands mondiaux de l’automobile. Cette société a été créée il y a une vingtaine d’années. Geely fut le premier constructeur chinois a développer ses propres marques. Le patron Li Shufu, appelé aussi le « Henry Ford chinois » commença à exposer à Détroit et Francfort il y a une dizaine d’années. C’est lors d’une rencontre durant les années de crise financière que le serpent chinois Geely avala l’éléphant Volvo. Geely a déjà une certaine expérience sur ce marché avec « Les black cabs » londoniens qui sont aujourd’hui électriques grâce à Volvo donc grâce à Geely. Enfin, la Chine devrait devenir à l’horizon 2035-2040 le leader sur ce marché. (source : Olivier Wyman)
Japonais : Toyota, qui avait une longueur d’avance avec ses hybrides, semble s’orienter comme ses concurrents japonais vers l’étape suivante, l’hydrogène. La Toyota Mirai https://www.capital.fr/entreprises-marches/on-a-teste-la-mirai-la-premiere-toyota-roulant-a-l-hydrogene-1240184 fabrique elle-même son énergie avec une pile à combustible. La voiture se recharge en 3 à 5 minutes dans une station à hydrogène, et offre une autonomie d’environ 500 kilomètres . Commercialisés au Japon depuis 2014, les véhicules à hydrogène sont donc en test depuis plusieurs années et pourraient créer la surprise.
Français : l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, performante sur ce secteur pour le moment, consacrerait 4 milliards d’euros à la recherche sur ces nouvelles motorisations.http://www.auto-moto.com/essais/prise-en-mains/nissan-leaf-2018-essai-une-autonomie-en-hausse-156215.html#item=1 Décision difficile à prendre, car ces trois constructeurs ont des positionnements stratégiques totalement différents. Ils semblent encore hésiter entre 100 % électrique, hybride light, hybride rechargeable ou hydrogène.
Américains : On pourrait citer la Chevrolet Bolt, mais celle-ci n’offre que 85 km d’autonomie. https://www.cnbc.com/2018/03/07/mary-barra-gm-ceraweek-chevy-bolt.html?__source=twitter%7Cmain On ne peut pas dire que la vente d’environ 15 000 voitures électriques soit un succès pour cette marque de General Motors, premier constructeur américain et qui vend trois millions de véhicules par an aux Etats-Unis.
Grande-Bretagne : Jaguar avec son I-Pace a lui pris une petite longueur d’avance sur les Allemands et sur la EQC.http://www.auto-moto.com/essais/jaguar-i-pace-felin-voulait-manger-tesla-170633.html#item=1
L’automatisation ou autonomie des véhicules fera-t-elle la différence ?
Uber et Tesla semblent assez avancés dans ce domaine , bien qu’ils aient des objectifs très différents.
Uber souhaitait se passer de ses chauffeurs. C’était oublier que lesdits chauffeurs nettoient leurs véhicules, se garent chez eux, et peuvent aller dans n’importe quelles ruelles ou « cul-de-sac ». Tâches qui ne seront pas assurées par l’intelligence artificielle.
Tesla, avec sa philosophie d’innovateur, rêvait d’avoir une longueur d’avance dans l’autonomie. Les accidents ont ramené Elon Musk à la raison, c’est-à-dire de longs tests indispensables aux étapes technologiques.
D’autre part, les villes bassins d’expertise et pionnières en intelligence artificielle telles que Pittsburgh et son université de Carnegie Mellon, https://www.cmu.edu/roboticsacademy/sont de plus en plus sensibles aux ressentis de leurs électeurs effrayés par ce petit nombre d’accidents. Il est donc probable que le National Transportation Safety Board impose bientôt des réglementations contraignantes, ce qui ne fera que ralentir les tests, et donc la mise sur le marché de véhicules autonomes, tests qui se déroulement à grande échelle, et sans contrainte en Chine.
Conclusion
Ce 2e plus gros tweetos américain, compulsif et fantasque qu’est Elon Musk n’admettra pas l’échec. Il apparaît que son secteur automobile est un gouffre financier, alors que ses autres secteurs, dont SpaceX semblent plus prometteurs. Il est donc fort probable que Tesla s’allie dans un premier temps à un gros constructeur allemand ou asiatique, allié qui ensuite diluera le capital pour prendre le contrôle de Tesla, mais ça c’est une autre histoire.
Lire article sur l’Intelligence Artificielle :
Lire articles sur les batteries des véhicules électriques :
http://bernard-jomard.com/2017/10/29/voitures-electriques-voitures-propres-comprendre-evolution/
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