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Technologie : vers des indicateurs plus éthiques

En ces temps troublés, la recherche du bien-être personnel et d’un sens à donner à sa vie se traduit de plus en plus dans la vie quotidienne. Une industrie est en train de s’affirmer à la frontière entre santé traditionnelle et meilleur contrôle de soi-même. La technologie y contribuera de façon décisive. Et si l’époque actuelle, caractérisée par un environnement incertain, aussi bien du côté de la santé que de l’environnement, cherchait également à se caractériser comme étant celle du « bien-être durable » ?


 

En ce début d’année 2022, la pandémie liée au COVID continue d’impacter massivement la vie quotidienne de la plupart des habitants de la planète. Peut-être en partie à cause de menaces en tout genre, il semble bien que le souhait de vouloir vivre de façon plus saine et plus équilibrée, de rechercher un équilibre personnel, voire de donner davantage de sens à sa vie, trouve désormais à s’exprimer sans détour.

 

Donner une « nouvelle frontière » à sa vie

Dès 2019, l’économie du Bien-être a été choisie comme thème principal par la Finlande comme thème principal de sa présidence de six mois du Conseil de l’Union Européenne. En conclusion de cette présidence, le Conseil demandait à la Commission Européenne – et aux états membres – d’intégrer le concept de l’économie du Bien-être dans ses futures directives. Celle-ci concerne en priorité l’éducation, la sécurité sociale, la santé, les conditions de travail et la notion d’égalité, afin de placer le bien-être individuel au centre des futures politiques économiques. Plus prosaïquement, il s’agit d’intégrer des instruments de mesure de ce bien-être dans les indicateurs actuels de mesure de l’activité économique. L’Europe n’est pas la seule à placer ce sujet parmi ses priorités. Les Émirats Arabes Unis sont devenus le premier pays à instaurer officiellement un « Ministère du Bonheur », chargé de définir des politiques améliorant le Bien-être.

De fait, le sujet n’est pas que politique. Il existe désormais des conférences internationales, ayant lieu aussi bien en Europe, qu’au Moyen-Orient et aux États-Unis consacrées au sujet du bien-être où se succèdent des chefs d’entreprise, des organismes à but non-lucratifs, des universitaires et de multiples influenceurs de toutes nationalités. Tous viennent sensibiliser les participants à l’importance de donner une « nouvelle frontière » à sa vie, sous de multiples dimensions. Concrètement, il s’agit d’agréger à la problématique de la santé traditionnelle (qui se focalise surtout sur la notion de traitement thérapeutique en vue de guérir de maladies physiques) une approche plus mentale et émotionnelle qui va permettre de créer une harmonie personnelle favorisant le sentiment de bonheur. Derrière ces objectifs louables, un grand nombre de secteurs économiques sont en mouvement aussi dans l’industrie alimentaire que celle des loisirs, dans les transports que dans l’immobilier.

 

Appétence pour les solutions personnelles et eldorado pour le secteur technologique

Au-delà des inévitables querelles de chiffres qui tentent d’évaluer le marché du Bien-être, une évidence : celui-ci se matérialise auprès de ses adaptes de façon d’abord numérique. Avènement de la mobilité et des communications sans fil oblige, les applications mobiles fleurissent, destinées en particuliers aux « milléniaux », ces jeunes adultes nés à l’aube du 21ème  siècle et les premiers chahutés par un monde à l’évidence très différent de celui anticipé.

Les spécialistes s’accordent pour constater que les jeunes adultes, en particulier, n’achètent plus seulement des produits et des services pour leurs besoins immédiats et matériels mais bien, aussi, pour améliorer leur qualité de vie au sens large, contribuer à réaliser leurs espoirs et leurs ambitions d’une vie personnelle meilleure. Des aspirations qui se traduisent en indicateurs concrets sur les lieux de travail. Selon l’institut de sondage Gallup, les entreprises qui adoptent formellement une politique en faveur du bien-être pour leurs salariés constate à la fois une réduction de l’absentéisme (-40%) et une meilleure productivité (+17%). A l’heure où les collaborateurs les plus méritants s’arrachent sur le marché mondial du travail, ces chiffres constituent pour les entreprises un facteur d’attractivité supplémentaire, au même titre que le salaire ou le respect d’une charte pour le respect de la responsabilité sociale et de l’environnement.

 

Le « Sustainable wellbeing » selon Mentors

Aux États-Unis, plus encore qu’en Europe, un autre facteur renforce la sensibilité des individus à cette recherche de bien-être et d’une qualité de vie meilleure : outre-Atlantique, le coût de la santé traditionnelle est si élevé que des solutions plus personnelles sont perçues, de plus en plus, comme une alternative. D’autant plus la pression sur le temps de travail et la productivité, en particulier sur les jeunes adultes, est particulièrement forte : le coût médical du burnout coûterait entre 100 et 200 milliards de dollars par an au système de santé américain.

La technologie devrait également contribuer à l’amélioration du « Wellbeing », en prenant en compte également les problématiques de durabilité, notamment grâce à l’intelligence artificielle. C’est le sens de l’initiative Mentors lancée récemment par Erwann Menthéour et Jean-Pascal Pham-Ba, des entrepreneurs qui misent sur le bien-être durable et les indicateurs « éthiques ». Selon eux, de bons algorithmes d’IA devraient permettre de sortir d’une approche ‘en silo’ et de faire une synthèse des applications existantes. Ils veulent donc développer une plateforme technologique qui répondra à cet enjeu, une « expérience continue (…) où l’on apporte tous les outils pour aider nos membres à atteindre leurs objectifs de bien-être et d’impact ».

Cet engouement mondial pour les applications de bien-être se mesure facilement aujourd’hui : selon une étude réalisée par MoEngage auprès d’1,5 milliard d’utilisateurs sur la planète, le téléchargement d’applications mobiles liées à la santé et au soin corporel a augmenté de 20% aux États-Unis l’année dernière, de 25 % en Europe et de près de 50% en Asie. Une tendance qui pousse de plus en plus de startups innovantes à se lancer dans la course : une centaine d’entre elles, positionnées sur les différents créneaux du bien-être, auraient déjà reçu plus de 2,2 milliards de dollars de financement en capital-risque en 2020.

Il ne serait pas étonnant qu’en 2022, le mouvement s’accélère et prenne de l’ampleur, tant les enjeux sanitaires et environnementaux requièrent une vision à 360 degrés des défis à surmonter.

 

Par Michel Ktitareff

Président de Scale-Up Booster

 

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