Engagé, résilient, et surtout passionné, William Boiché est de ces entrepreneurs que rien n’arrête. Sans jamais lever de fonds, il a su transformé un bourgeon en arbre florissant avec Clémentine, entreprise d’expertise comptable en ligne et de logiciels de comptabilité en ligne. Une success story semée de rebondissements dignes d’une série Netflix, mais qui n’y a pas toujours été destiné. Décryptage, au lendemain du rachat de Clémentine par TeamSystem.
En plein cursus à HEC, William Boiché rejoint l’incubateur de l’illustre école où il développe une appétence pour la création d’entreprise. En plein dans sa deuxième année, le jeune nancéien décide d’abandonner les cours pour se focaliser entièrement sur le business. Après une aventure entrepreneuriale en Pologne dans le transfert de matériel médical, il arrête complétement l’aventure HEC pour créer un business dans le transport de personnes, à l’âge de 21 ans. En 2011, il arrête tout avec perte et fracas, ne voyant pas en son entreprise un business model pérenne.
Lorsque la crise financière frappe l’Hexagone dans les années 2010, son père, Jean-Louis Boiché, voit son entreprise d’expert comptable peiner à se redresser et entrevoit dans le numérique une potentielle solution. William travaille sur un benchmark afin de trouver la marche à suivre, et en quelques semaines, le jeune entrepreneur se familiarise avec le monde de la comptabilité et constate l’absence de bilans à distance sur le marché français. Ni une ni deux, il retourne alors à Nancy et lance avec son père une solution de comptabilité en ligne. C’est la naissance de Clémentine.
Mais les débuts sont difficiles par manque de fonds, et trois banques refusent les demandes de prêts de William, jusqu’à ce qu’un banquier décide finalement de leur faire confiance et de leur accorder 70 000 euros. Ce prêt, convoité par William qui ne manque pas d’ambition pour le futur de l’entreprise, va droit dans l’acquisition client via la publicité sur Google. L’annonce fonctionne et une cinquantaine de clients débarquent chez Clémentine.
Quand l’affaire tourne et atteint les 100 clients en 2013 avec un chiffre d’affaires de 120 000 euros, William Boiché retourne voir une autre banque pour obtenir un deuxième prêt de 70 000 euros, qui servirait cette fois-ci à recruter des talents. Une affaire concluante puisque l’entreprise nancéienne signe l’année suivante un chiffre d’affaires d’un million d’euros, grâce notamment à l’arrivée d’un ami d’enfance de William, Maximilien Saint-Dizier, en tant que directeur commercial. Là, le jeune entrepreneur prendra trois longues années à créer une équipe solide, de confiance, et surtout, engagée envers le projet. Envers et contre tout, le trio porte l’entreprise jusqu’à que le recrutement porte ses fruits.
La tech, catalyseur du succès de Clémentine
Fin 2014, la tech débarque dans le business model de Clémentine grâce à l’obtention d’un troisième prêt, toujours de 70 000 euros. « L’idée est née dans le TGV en direction du salon des entrepreneurs de Nantes. Il nous fallait une plateforme. J’ai rencontré plein d’entreprises sous-traitantes mais les devis étaient hors de prix donc nous avons décidé de recruter notre propre développeur pour la tech. », explique William Boiché, qui engage alors Jérôme Simon devenu véritable pilier de la réussite de l’entreprise, en tant que CTO.
Le logiciel voit le jour et facilite grandement les opérations internes et celles des clients qui peuvent y retrouver leurs factures et leurs bilans. « À ce moment, c’est une révolution pour nous », explique William. L’entreprise est fructueuse mais touche un iceberg en 2018, malgré le milestone des 1000 clients, quand elle passe à l’automatisation de la comptabilité. L’arrivée de trois ingénieurs très sceptiques quant au modèle tech de Clémentine vient bousculer les engrenages de la société. La plateforme, mise de côté, présente des problèmes techniques et les clients sont insatisfaits. Sur mille clients, la moitié quitte le bateau. Le chiffre d’affaires s’écroule et la société connaît alors une année noire.
« Il fallait rattraper le retard qu’on avait accumulé sur la mise à jour de l’application. Mais mes équipes se sont serré les coudes. On a fait des nuits blanches par dizaines, et je dormais régulièrement au bureau. J’ai décrété que je ne me raserais plus la barbe tant que la nouvelle version de l’application ne serait pas en production », plaisante William Boiché.
Le travail intense fourni par les équipes de Clémentine finit par payer et la boîte parvient à redresser la barre, non sans pertes cela dit. En 2019, la refonte tech est un succès et surpasse celle de la concurrence, juste avant la crise du Covid. Pour satisfaire les demandes croissantes et une multitude de nouveaux clients, William décide avec ses équipes de créer une nouvelle marque, Comptalib.
La vocation de cette jeune pousse est de s’adresser à tous les entrepreneurs qui veulent faire leur comptabilité eux-mêmes. Pendant ce temps, Clémentine voit les choses en grand et passe de 30 comptables à une centaine. En 2021, l’entreprise fait l’acquisition d’un immeuble de 4000 mètres carrés pour installer ses nombreuses équipes, présentes à Paris, à Nice ou encore à Marseille. Clémentine et Comptalib dominent alors le marché de l’expertise comptable en ligne.
Le rachat par TeamSystem, nouveau tournant pour William Boiché
En 2023, alors que le business poursuit une forte croissance, une offre de rachat est proposée à William Boiché. Pas intéressé au départ, c’est finalement « une formidable opportunité qui s’ouvre », pour l’entrepreneur nancéien de 34 ans. En effet, les fonds d’investissements s’intéressent de près aux start-up SaaS rentables et en croissance, Clémentine fait bien partie du lot. Sa valorisation, plus que conséquente, la prépose alors à rentrer en diligence et en 2024 trois offres fermes arrivent sur le bureau de William. Les négociations font rage et les enchères montent, et c’est finalement un industriel italien TeamSystem, leader européen de la facturation électronique qui remporte la mise.
Malgré un contexte politique tricolore en dents de scie, l’affaire arrive à se conclure et ses clauses suspensives arrivent à se lever. Finalement, après quelques péripéties de signature, l’histoire se termine bien et l’entreprise se vend à 100% des parts. Mais l’entrepreneur n’en a pas fini avec l’aventure business et entend bien faire de l’Europe, à travers son prochain projet, une puissance économique de premier plan en « réveillant » des secteurs endormis. « En tant qu’entrepreneur aguerri, mon rôle est maintenant de développer des entreprises innovantes sur la scène mondiale. On peut toujours aller plus loin et j’ai envie d’écrire un nouveau chapitre. », affirme William Boiché.
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