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La Start-Up Estonienne Taxify Peut-Elle (Vraiment) Détrôner Uber À Paris ?

Capture d'écran

La jeune pousse estonienne Taxify, après avoir pris ses quartiers à Londres au sein d’un marché hautement concurrentiel, a débarqué à Paris la semaine dernière avec, dans ses bagages, des tarifs résolument attractifs. Suffisant pour déloger Uber ?

Débordant d’enthousiasme, Taxify, armée de cette fougue inhérente aux start-up impatientes de pénétrer le marché et défier la concurrence, a officiellement débarqué à Paris la semaine dernière. Objectif avoué : mettre un terme à la situation de quasi-monopole de Uber dans la capitale française. « Paris est essentiellement dominée par une société américaine. Nous voulons prouver que des entreprises européennes peuvent aussi arriver, conquérir une part de marché significative et faire un peu de concurrence », explique le (très) jeune PDG de Taxify, Markus Villig, à l’AFP. Car la start-up estonienne fait feu de tout bois, après s’être déjà installée à Londres en début de mois où elle compte largement profiter des déboires de Uber dans la capitale anglaise. En effet, le géant du VTC est quelque peu dans la tourmente après avoir vu les autorités britanniques opposer – pour l’instant – une fin de non-recevoir à la prolongation de sa licence, cette dernière s’achevant le 30 octobre prochain.

Mais, encore davantage qu’à Paris,  la tâche s’annonce tout de même particulièrement ardue pour la start-up estonienne au sein d’un marché où se côtoient les traditionnels taxis noirs, des compagnies de taxi privées comme Addison Lee et des sociétés de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) comme Get et Hailo, qui fait désormais partie de MyTaxi, du groupe Daimler. Tandis que « la plateforme à abattre », Uber, compte pour sa part 40 000 chauffeurs et trois millions d’utilisateurs à Londres, pour un total de un million de courses par semaine, de son côté, Taxify a débarqué sur la perfide Albion avec 3 000 chauffeurs pour desservir l’ensemble de Londres. A des années-lumière de la force de frappe de celui qui doit devenir à terme son grand rival, mais force est de constater que Taxify a déjà donné du fil à retordre à Uber, notamment, en Europe de l’Est, en Europe centrale… et également, plus surprenant, dans de nombreuses villes d’Afrique où la jeune pousse espère dépasser Uber à l’horizon fin 2017.  

« Nous serons toujours moins chers qu’Uber »

Car Taxify a plusieurs atouts dans sa manche, et non des moindres, comme des tarifs particulièrement attractifs, en tout cas plus intéressants que ceux pratiqués par Uber, selon Markus Villig. Le dirigeant argue que « Taxify sera toujours moins cher » que son concurrent américain. Dans le détail, la jeune pousse estonienne a rappelé qu’elle prélevait une commission de 15% sur les courses commandées via sa plate-forme en ligne alors qu’Uber prend 25% à Paris. Une manière de séduire plusieurs chauffeurs désireux de bénéficier des conditions les plus séduisantes possibles.  Car si Taxify revendique déjà 5 000 chauffeurs parisiens pré-inscrits sur son service, le secrétaire du syndicat des chauffeurs-privés VTC, Sayah Baaroun, s’est montré résolument circonspect sur ledit modèle économique.

« Si Uber ne s’en sort pas en prenant 25%, l’autre va débarquer avec 15%, vous pensez qu’il va s’en sortir? », souligne-t-il. Avant de prédire tout de même « une belle euphorie » dans les mois à venir, parce que Taxify « va mettre des primes, chacun essayant d’acheter des chauffeurs de son côté ».  Enfin, la jeune pousse estonienne affirme aussi que, contrairement à Uber, elle acceptera les paiements en espèces ou électroniques. Une différence de « mode opératoire » à laquelle s’ajoute également le soutien financier de Didi, plateforme de VTC chinoise qui a contrecarré les velléités expansionnistes de Uber dans l’Empire du Milieu. Au point que le poids lourd américain n’a jamais réussi à s’implanter en Chine.

Perte nette de 645 millions de dollars

Outre ces questions strictement financières, Taxify pourrait également profiter de la mauvaise image dont souffre Uber, et du flottement au sein de sa gouvernance, pour grignoter des parts de marchés. Même si le groupe a réduit ses pertes au deuxième trimestre et nommé un nouvel homme fort, la situation financière reste préoccupante. Ainsi, Uber a  fait état d’une perte nette de 645 millions de dollars contre 708 millions au premier trimestre et 991 millions au quatrième trimestre 2016. N’étant pas coté en bourse, le groupe n’est pas tenu de rendre ses comptes publics mais il en a pris l’habitude, l’IPO étant un objectif « un jour ou l’autre » selon le vocable en vigueur, aucune date n’ayant été arrêtée à ce jour. Mais  ce « projet » devrait rester d’actualité avec la nouvelle direction pilotée par l’ancien patron d’Expedia Dara Khosrowshahi. Toutefois d’autres concurrents pourraient également émerger dans le secteur des voitures de tourisme avec chauffeur.

Ainsi, Waymo – filiale d’Alphabet, maison-mère de Google – fer de lance du programme de voitures autonomes du groupe, et Lyft, service de location avec chauffeurs ont posé les jalons d’une collaboration afin (également) de contrecarrer l’hégémonie de Uber. Moins connu du grand public que son rival, Lyft dispose d’une image « moins clivante » et plus responsable socialement que celle du groupe de Travis Kalanick dont les scandales à répétition ont largement achevé d’écorner la réputation. Tous ces « challengers » en puissance devraient ainsi pousser  Dara Khosrowshahi à remettre Uber sur la route du succès.

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