C’est au secteur du privé de prendre les devants. Tarek Bouchamaoui est convaincu que les grands groupes tunisiens doivent impulser une dynamique exemplaire en faveur de la transition énergétique. Il estime indispensable d’inclure les énergies renouvelables, le solaire et l’éolien dans le mix énergétique du pays afin de préparer un avenir qui allierait la préservation de l’environnement et les activités industrielles.
L’homme d’affaires sait de quoi il parle. Dirigeant depuis plus de vingt-cinq ans de HBS International, société d’exploration et de production pétrolière et gazière en Égypte, Tarek Bouchamaoui fait le constat depuis des années déjà que les gisements s’épuisent, que la production d’hydrocarbures se raréfie et que les richesses s’amenuisent. Mais une transition énergétique ne peut s’opérer dans de bonnes conditions sans une volonté réelle et un accompagnement législatif de l’État.
Or, la volonté ne suffit pas toujours pour que les projets se concrétisent et se développent. Les pays de l’Afrique du Nord en ont fait diversement l’expérience ces dernières années. Ainsi, l’Algérie fourmille de projets de centrales photovoltaïques ou solaires thermiques à concentration afin de produire de l’électricité, mais depuis quinze ans aucune unité ne sort de terre. Au Maroc, c’est l’exemple inverse. La première tranche d’une centrale solaire a vu le jour début 2016, près de la ville touristique d’Ouarzazate, en lisière du désert. À la fin du projet « Noor », qui a permis la construction d’une des plus grandes centrales solaires au monde, la capacité totale s’élèvera à 580 MW. Elle aura coûté près de 70 millions d’euros.
Le groupe Bouchamaoui, précurseur dans les énergies renouvelables
Entre ces deux exemples contraires, la Tunisie ne veut plus être sur la touche. La volonté politique est clairement affichée depuis l’Accord de Paris sur le Climat signé par la Tunisie en avril 2016. Premier accord universel sur le climat, il se veut « différencié, juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant ». C’est à la suite de cette signature que le gouvernement tunisien a fait connaître son programme pour stimuler l’investissement du secteur privé dans les infrastructures de production énergétique. Son plan « Stratégie Nationale de Développement des Énergies Renouvelables 2016 – 2030 » vise la hausse de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 30 % à l’horizon 2030, pour une capacité totale installée de 4 000 MW. Pour ce faire, les capacités de production augmenteront de 1 000 MW d’ici à 2020, fixant la répartition à 1/3 d’éolien et 2/3 de solaire, et la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique s’élèvera à 15 %.
Tarek Bouchamaoui (dirigeant actionnaire de HBS International et de HBG Holding) a déjà inscrit le groupe dans une démarche sociétale et responsable dans l’économie verte et le développement durable, notamment en déployant son vaste programme dans l’arboriculture raisonnée dans le sud de la Tunisie. Sa société HBS International a par ailleurs conclu un partenariat minoritaire avec un fonds d’investissement pour financer une centrale photovoltaïque en Égypte, avec une capacité totale de 250 MW, qui devrait voir le jour en 2019. La ratification de l’Accord de Paris sur le Climat a été le détonateur permettant au groupe de se ranger au rang de ceux qui ont répondu, fin 2017, à l’appel à projets relatif au régime des autorisations, lancé par le ministère de l’Énergie des Mines et des Énergies Renouvelables. Pour ce faire, il s’est adjoint le partenariat d’Akuo Energy, le premier producteur indépendant français d’énergie renouvelable. Par ce positionnement stratégique résolument écologique et sa qualité d’acteur économique de premier plan en Tunisie, Tarek Bouchamaoui entend positionner le groupe HBG Holding en position de leader dans la production de l’électricité à partir des énergies renouvelables avec plus de 100 MW de capacités installées à l’horizon de 2025.
À la recherche d’un cercle vertueux
Fidèle à sa volonté de participer au développement régional et à l’emploi des jeunes, à travers des projets à forte valeur ajoutée dans les zones intérieures, Tarek Bouchamaoui a formé le projet de construire la première centrale solaire de 10 MW dans le Sud tunisien, aux environs de Gabès, sur un terrain de 20 hectares. Elle sera située près de sa société d’arboriculture raisonnée dans la commune de Matmata (30 km du centre-ville de Gabès). Ces deux projets concomitants favoriseront la recrudescence de synergies et l’apparition d’un écosystème plus dynamique. Ainsi, la centrale solaire devrait employer une vingtaine de personnes, dont des ingénieurs et des techniciens en majorité. L’investissement tournera autour de 30 millions de dinars (10,2 millions d’euros).
Tarek Bouchamaoui estime que la centrale solaire photovoltaïque d’une capacité de 10 MW devrait pouvoir être mise en exploitation en janvier 2020. L’électricité produite sera vendue exclusivement à la STEG (Société tunisienne de l’électricité et du gaz) à travers un contrat d’achat d’électricité (PPA) sur une période de vingt ans. Les années futures verront un agrandissement de la centrale solaire afin d’en augmenter significativement la production. Par ailleurs, le groupe ne souhaite pas restreindre au sol tunisien ses investissements dans les énergies renouvelables. Tarek Bouchamaoui ouvre son champ prospectif à toute l’Afrique pour financer des projets intéressants liés aux énergies renouvelables. Tout sera question d’opportunité.
Si le taux d’ensoleillement dépassant les 3 000 heures par an en Tunisie offre des conditions favorables pour l’exploitation des différentes technologies solaires, cette évidence n’est pas aussi nette avec l’éolien. Selon l’Association tunisienne de l’énergie éolienne (ATEE), son potentiel cinétique total est de 10 433 MW alors que le potentiel solaire total est estimé à 280 270 MW.
Cependant, cette restriction n’empêchera pas Tarek Bouchamaoui, au travers de HBG Holding, de participer aux prochains appels à projets qui seront bientôt lancés par le ministère de l’Énergie des Mines et des Énergies Renouvelables. Le plus imminent, fixé à août 2018, concerne la construction d’une ferme éolienne d’une capacité maximale de 30 MW. Le coût de cet investissement sera de l’ordre de 50 millions de dinars (17 millions d’euros ). Elle sera opérationnelle vers la fin de 2021. Bien entendu, si la participation à cet appel d’offres se révèle favorable, cette ferme éolienne sera réalisée dans la région de Gabès. Gabès, ville où la saga industrielle Bouchamaoui a commencé et où elle perdurera en intégrant le cercle vertueux de la transition énergétique.