Dans l’œil du cyclone des tensions diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis – crise qui a atteint son paroxysme avec l’arrestation de sa directrice financière au Canada le 1er décembre dernier -, la marque chinoise Huawei s’est offert une « bouffée d’oxygène » en annonçant les excellents résultats de son activité « Smartphone » et un chiffre d’affaires en progression de 21% en 2018. De quoi consolider sa place de dauphin derrière le géant coréen Samsung. Une « position » longtemps cadenassée par Apple.
Apple vs Samsung. Samsung vs Apple. Un « tandem » qui a longtemps symbolisé à lui seul la mainmise du « duopole » sur le marché des smartphones, ne laissant que des miettes à une concurrence « inoffensive » symbolisée par HTC ou encore Motorola. Une « rivalité » entre les deux géants qui s’est même poursuivie devant les tribunaux, la firme de Cupertino accusant, dès 2011, son adversaire coréen de « plagiat ». Une « guerre des brevets » qui a trouvé son épilogue en juin 2018 avec un accord à l’amiable, mettant ainsi un terme à un joute « d’un autre temps ». Car cette rivalité a désormais vécu et les deux mastodontes doivent désormais faire face à une concurrence plus affûtée et plus agressive sur un marché où le moindre faux pas peut s’avérer fatal. « Eternel » numéro 2 des ventes de smartphones derrière Samsung, Apple l’a appris à ses dépend en se voyant dépassé au cours de l’année 2018 – après une première alerte en 2017 – par le chinois Huawei et sa croissance fulgurante. Désormais deuxième plus gros vendeur de téléphones au monde, la firme de Shenzen, née il y a 30 ans, a « croqué la pomme » et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Prochain objectif : la citadelle Samsung. « Au final, nous serons le leader du marché. Peut-être d’ici trois ou quatre ans. », déclarait, sans ambages… en 2016 Richard Yu, l’emblématique patron de la division grand public de Huawei. L’échéance approche.
En attendant d’assouvir ses rêves de grandeur, Huawei a fait étalage de sa puissance, estimant que son chiffre d’affaires sur l’exercice 2018 devrait progresser de 21% par rapport à 2017 et s’établir ainsi à 108,5 milliards de dollars (soit l’équivalent de 95 milliards d’euros). Ainsi, à l’occasion de son discours de vœux pour la nouvelle année, le président en exercice, Guo Pin, a déclaré que le groupe s’était assuré de 26 contrats de téléphonie mobile de cinquième génération (5G) et, surtout, que les ventes de ses smartphones devraient dépasser les 200 millions d’unités. Un cru 2018 d’excellente facture qui assoit la deuxième position de l’entreprise chinoise sur ce marché, derrière Samsung. De solides performances notamment imputables aux ventes de ses derniers appareils haut de gamme comme le Mate 20 Pro ou encore le P20 Pro, sans oublier les excellentes ventes de sa marque satellite de « smartphones accessibles » Honor qui connaît également ses dernières années une croissance impressionnante. Un « flagship » qui a réussi à trouver son public grâce à une politique et un public résolument différent de celui de la maison mère. Huawei pour le premium, Honor pour l’accessible. Une formule gagnante.
Dans le collimateur de Washington
En revanche, Huawei est plus que jamais premier fournisseur mondial d’équipements de réseaux de télécommunications. Divers éléments qui devraient donner un peu de baume au cœur à une marque dont l’image a été singulièrement écornée ces dernières semaines. Comme évoqué en préambule, la firme de Shenzen s’est retrouvée au cœur des tensions diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis, à cause de ses liens présumés avec l’armée et le gouvernement chinois. Au point que Donald Trump envisagerait de prendre un décret au nom de l’urgence nationale interdisant aux entreprises américaines d’utiliser des équipements de télécommunications fabriqués par les groupes chinois ZTE et Huawei. Un tel décret présidentiel, qui pourrait être signé dès janvier, aboutirait ipso facto à l’exclusion du marché américain des deux entreprises chinoises. Washington estime que celles-ci, au regard de leurs liens avec Pékin, disposent d’équipements susceptibles d’être utilisés à des fins de cyber-espionnage. Comme expliqué par Reuters, le décret est à l’étude depuis plus de huit mois. Le département du Commerce aurait ainsi pour instruction d’interdire aux entreprises américaines d’acheter des équipements à des groupes télécoms étrangers présentant d’importants risques pour la sécurité nationale, indique-t-on au sein de l’industrie des télécoms et de l’administration Trump.
S’il est hautement improbable que ZTE et Huawei soient citées nommément par un tel décret, il est évident que les deux entreprises sont visées par le contenu de ce décret. De quoi (largement) assombrir les perspectives de Huawei en Amérique du nord. Déjà, au mois d’août dernier, les Etats-Unis ont adopté une loi sur la défense interdisant à l’administration américaine d’utiliser des composants en provenance de ces deux entreprises. La tension est monté crescendo jusqu’à atteindre son paroxysme le 1er decembre dernier, date à laquelle la directrice financière de Huawei, Meng Whanzou (et par ailleurs fille du fondateur de la marque) a été arrêtée au Canada à la demande de Washington qui l’accuse d’avoir dissimulé des liens existant entre l’équipementier télécoms chinois et une firme qui essayait de contourner les sanctions américaines contre l’Iran. Elle a été depuis remise en liberté sous caution, en attendant une audience d’extradition vers les Etats-Unis. De quoi contrecarrer (pour l’instant) les velléités de « domination mondiale » de Huawei.
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