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Silver Economy : « Vers Un Ruissellement Des Innovations »

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Lancée en 2013 par Michèle Delaunay et Arnaud Montebourg, la filière Silver economy regroupe les entreprises agissant pour et avec les personnes âgées. Avec 15 millions de personnes de plus de 60 ans, et probablement 20 millions en 2030, la France peut trouver dans cette économie à destination des « baby-boomers », aujourd’hui « papy-boomers », de nouvelles sources d’activité et de croissance.  La silver economy tient salon ces 14 et 15 novembre à la Porte de Versailles à Paris. Alain Bosetti, Président du groupe En Personne, organisateur du salon Silver Economy Expo.

 Quel est le poids de la silver economy, ou économie des séniors ?

En 2020, le secteur la silver economy pèsera 130 milliards d’euros. C’est un secteur intéressant car il s’agit d’un phénomène de masse : les « baby-boomers » sont devenus les « papy-boomers ». Aujourd’hui, 15 millions de personnes (selon l’Insee, ndlr) ont plus de 60 ans et ils seront 20 millions en 2030. Cela a trois conséquences. La première, concerne les retraités en bonne santé qui ont du temps libre à remplir. Il faut donc répondre à leurs attentes en terme d’activités. La deuxième, est liée au fait que vieillir provoque un affaiblissement des capacités physiques et cognitives. Ces personnes fragilisées ont donc de nouveaux besoins. Enfin, la troisième conséquence, et non des moindres, c’est la solitude. Une personne âgée seule voit sa santé se dégrader à une vitesse inimaginable.

Il y a donc une massification des besoins. Or, la démographie est quelque chose qui peut se prévoir : nous connaissions le baby-boom, nous savions que l’espérance de vie s’allonge, nous aurions donc pu nous y préparer collectivement.

Quels sont les secteurs qui impactés par cette mutation de la démographie et des besoins qui en découlent ?

On peut tabler sur 350 000 emplois créés d’ici 2020, avec des métiers qui évoluent. Par exemple, une auxiliaire de vie doit désormais savoir se servir de certaines outils, comme les tablettes ou les objets connectés.

C’est ce qui est formidable avec la silver economy : elle permet la création de nouveaux métiers dans tous les secteurs et sur toute la chaîne, de la conception, à l’installation, à la maintenance… Pour le domicile, il faut penser à de nouveaux outils pour sécuriser le logement, l’adapter à la personne affaiblit ou dépendante. Tout cela va mobiliser des ingénieurs, des services de R&D pour la conception, des électriciens et des techniciens pour l’installation et la maintenance, des centres d’assistance. Pour la nutrition, il faut développer des aliments riches en protéines et faciles à mastiquer, donc cela mobilise des ingénieurs, des nutritionnistes et des personnes qui, localement, vont accompagner ces personnes. Les vêtements doivent être pensés pour être enfilés simplement, mais doivent aussi permettre d’être coquets.  

Surtout, et ce n’est pas à négliger, ce secteur permettra un ruissellement des innovations. Si par exemple des chercheurs travaillent à la création d’une bouteille à ouverture facile à destination des personnes âgées souffrant d’arthrose ou d’une autre maladie, demain, elle pourrait également être utile aux jeunes parents qui font souvent les choses en tenant leur enfant dans les bras, donc avec une seule main.

Les séniors changent-ils ces dernières années ?

Les séniors changent, c’est certain ! Entre une personne de soixante ans, active et connectée et une personne dépendante, il y a une différence. D’ailleurs, on n’est pas sénior au même âge : selon Pôle emploi, on devient sénior à 45 ans, pour l’assurance maladie, ce serait plutôt à 65 ans, âge à partir duquel le vaccin contre la grippe est gratuit.  

Il faut penser accompagner ce changement, et prendre en compte certaines évolutions : il existe par exemple des robots qui commencent à détecter les émotions, les expressions. Ils réagissent en envoyant des stimulus au sénior ou ils contactent directement les aidants afin de les prévenir que quelque chose ne va pas.  

Comment avez-vous eu l’idée de lancer un salon de la Silver Economy ?

L’idée ne vient pas de moi. En 2013, Michèle Delaunay et Arnaud Montebourg (à l’époque ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l’autonomie, et ministre du redressement productif, ndlr) lançaient une filière de la silver economy, avec le double objectif de prendre soin et de développer un secteur économique.

Un de leur conseiller est venu me trouver pour me dire que ce serait bien qu’il y ait un salon. J’animais déjà le salon des services à la personnes, le lien était donc évident.

Ils n’avaient pas un euro à investir, mais en lançant cette filière, en lui donnant un nom, des acteurs se sont mobilisés, des start-up se sont lancées dans le secteur, des entreprises ont changé de nom en prenant celui de la silver economy. Et d’autres ont créé de nouveaux métiers.

Cette année, pour la cinquième édition du salon, 90 professionnels qualifiés et professionnels exposent, et nous attendons 3 à 4000 visiteurs. Il s’agit de directeur d’Ephad, de toutes les personnes qui servent les séniors.   

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