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Sauver Le Soldat « Territoire » En Alliant Le Meilleur Des Mondes

Par Getty Images

Par Emmanuel Marill, DG de Airbnb France et Denis Jacquet, fondateur de Day One event.

Les territoires glissent. C’est une source d’inquiétude. Cristallisée récemment. Nous pourrions invoquer Darwin, le sens de l’Histoire ou de l’inquiétude du futur. Nous pourrions nous dire « après tout, pourquoi pas ». Nous pourrions. Mais un territoire ce sont des êtres humains. Chaque centimètre perdu est un centimètre gâché. Nous devons inverser ce mouvement.

Dans tous les pays occidentaux, la mode est à l’urbain et au mégalo… pole. Nous n’y changerons rien. Pourtant, faire du choix entre mégalopole et territoire une alternative plutôt qu’un équilibre est stupide. Sur le territoire comme pour le corps humain, chaque membre à sa raison d’être, une utilité, à sa création.

Les hommes qui y vivent ont souvent fait un choix de vie. Plus centrée sur la nature. Moins de stress, un temps plus long, un air plus pur, un lien humain, une solidarité que garantit la taille. Un choix fort. Sinon, un jour, nous regarderons le villageois, avec le même dédain amusé que nous accordons à l’Indien d’Amazonie. Préférons le camp de la déconcentration à celui de la concentration. Le camp de l’identité. L’Histoire en a creusé de sillons. Les rues et paysages en font les témoins vivants de cette identité. Plus que le béton, ses reliefs sont les nôtres.

Nos communes sont en faillite. Le travail a quitté ces terres. Laissant dettes et colère. L’hôpital y devient le principal employeur. Le travail se concentre dans la grande ville qui aspire tout. Nos services publics ont du mal à s’y maintenir.

La tendance est mondiale, les études sont sans appel. Les grandes villes n’innervent plus les petites. Les mégalopoles s’innervent mutuellement. Paris, New York, Shanghai travaillent uniquement entre elles. Urbain ou mort ? Comme le dit J. Lettieri* : « Désormais votre réussite est une question de  code postal. »

Les entreprises pourraient encore capitaliser sur l’attractivité encore forte des territoires.

Le tourisme. Une ressource aussi précieuse que le pétrole. L’attrait de la France, ce sont ses territoires, ses paysages, que tout étranger rêve de découvrir. Le tourisme recule faute d’hébergement pour attirer et retenir cet étranger. Il y passe 5 jours de moins en moyenne. Il passe, faute d’offre. Le digital peut rallumer la lumière, quand la mégalopole le plonge dans l’ombre.

Mettre en avant le tourisme rural, prisé de l’urbain, et qui le sera encore plus demain, est une nécessité, mais surtout une opportunité économique. Le développement de l’offre est structurant. L’offre entraîne la création d’activités complémentaires qui redonnent vie au territoire. Cela permettra de cristalliser les populations. Une fois la taille critique retrouvée, les services publics pourront se maintenir.

L’immobilier, qui est souvent le seul capital des familles, reprendra sa valeur. Ce capital est un passeport pour leur avenir.

Le numérique permet de rêver à d’autres formes d’activité, d’échange. Dans une petite ville, l’échange de services pourrait remplacer partiellement l’échange monétaire pur. Pour tout cela, il faut Internet, ce qui exige d’investir autant qu’en ville. Investir pour la renaissance.

Ces communautés pourraient contribuer au service public de demain. Assis sur un modèle économique nouveau, le service pourrait être alors assuré par… le public !

Idem pour le travail à distance. Combien de communes potentiellement sauvées par des urbains heureux de travailler pour la ville, mais de loin? Nombre de professions digitales pourraient ainsi repeupler les territoires. Pas sans Internet.

Des entreprises comme La Poste contribuent au renouvellement de la notion de service. Les facteurs vont faire évoluer des offres au service de l’homme. Ils peuvent surveiller la santé des seniors, assurer la livraison au plus près des territoires, aider au télétravail ou au coworking dans ce qui était, il y a peu, un « simple » bureau de poste.

Les services publics doivent contribuer à réduire la fracture numérique. Elle aidera à la formation de plateformes citoyennes, à la livraison vers les territoires par des commerçants régionaux. Cela permettra de maintenir l’activité de commerces qui seront autant d’alternatives à des géants concentrés sur l’urbain. Redonner de la force à une multitude dispersée et pas seulement à une population concentrée.

Redonnons valeur à l’homme au service de l’homme. Nous voulons nous engager à conserver la chaleur humaine, à l’aide de l’outil froid numérique. Nous comprenant l’urgence. Le numérique n’est qu’un outil, donnons-lui une vision centrée sur l’homme, ce que nous avons affirmé lors de Day One, le Mouvement mondial,  le 29 novembre à Monaco.*

www.dayone-event.com 

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