Les actions de la biotech montent en flèche à cause du raz de marée de fusions et de rachats, certaines entreprises n’hésitant pas à investir plus de 21 milliards d’euros (26 milliards de dollars). Plus de la moitié de cette somme, soit 13 milliards d’euros (16 milliards de dollars) a été dépensée par Sanofi. Il se pourrait que le géant pharmaceutique français soit irraisonné, voire désespéré face à la concurrence des génériques qui devrait venir marcher sur ses plates-bandes, surtout pour le Lantus, son insuline à action prolongée qui représente un marché de plus de 4 milliards d’euros (5 milliards de dollars).
« Nous ne sommes pas déraisonnés, déclare Olivier Brandicourt, PDG de Sanofi depuis 2015. Nous faisons toujours preuve de la même rigueur financière. »
Le deux rachats : celui d’Ablynx NV aujourd’hui, une entreprise belge, pour 3,9 milliards d’euros (4,9 milliards de dollars), et celui de Bioverativ la semaine dernière, une société américaine spécialisée dans l’hémophilie, pour 9,35 milliards d’euros (11,6 milliards de dollars), répondent à toute une gamme de critères : correspondre à la stratégie d’Olivier Brandicourt de miser sur des maladies dont les traitements sont plus onéreux, obtenir un retour sur investissement dans les trois à cinq ans, et, si possible, augmenter les bénéfices. Selon le PDG, ces deux entreprises apportent une expertise supplémentaire à Sanofi dans le domaine des traitements expérimentaux.
Les investisseurs ont été déçus lorsque Sanofi n’a pas pu acquérir ni Medivation, spécialisée dans le traitement du cancer de la prostate et finalement rachetée par Pfizer pour 11,3 milliards d’euros (14 milliards de dollars) en 2016, ni Actelion, spécialiste des formes rares d’hypertension pulmonaire et rachetée par Johnson & Johnson pour 24 milliards d’euros (30 milliards de dollars) l’an dernier. « Si nous n’avons pas racheté ses entreprises, c’est tout simplement parce que ça n’a pas pu se faire. Nous créons une nouvelle franchise tout en respectant nos critères et notre rigueur financière. », indique le PDG de Sanofi.
Ablynx disposait déjà d’un partenariat avec Novo Nordisk. Ce dernier avait lancé plusieurs OPA à des prix beaucoup plus bas. Cela a certainement facilité les affaires de Sanofi. Steve Brozak, président de WBB Securities déclare avoir rencontré la direction d’Ablynx peu de temps après la dernière offre de Novo Nordisk. Ce dernier avait promis une collaboration amicale mais ne cessait de faire monter la pression. Selon Steve Brozak, la direction d’Ablynx « a dû faire comprendre à Novo Nordisk que ce n’est pas comme ça qu’on fait un rachat ».
Olivier Brandicout insiste sur le fait que le rachat d’Ablynx apporte à Sanofi un produit sur le point d’être commercialisé, en plus de la promesse de nouveaux médicaments. Notamment celui contre le purpura thrombotique thrombocytopénique, une maladie présentant 7 500 nouveaux cas chaque année dans le monde selon Bernstein Research, une société financière. Cependant, Olivier Brandicourt explique être enthousiasmé par un nouveau médicament contre le virus respiratoire syncytial, et bien d’autres. De la même manière, lorsqu’il parle de Bioverativ, qui vise à soigner l’hémophilie, il explique que les thérapies géniques expérimentales de l’entreprise étaient l’une des raisons du rachat. Cependant, la thérapie génique ainsi que Hemlibre, le nouvel anticorps antihémophilie des laboratoires Roche, devront être patients avant de se faire un place sur le marché des facteurs de coagulation.
Sanofi va-t-elle ralentir les rachats ? « Nous n’allons pas faire un rachat par semaine, si c’est là que vous voulez en venir. Mais nous avons toujours dit que 20 milliards d’euros d’investissement nous permettraient de consolider le secteur des acquisitions externes. Nous en avons fait deux, il se peut que nous en fassions d’autres si besoin est ou si l’occasion se présente. Nous avons une bonne cote de solvabilité, une comptabilité solide, une certaine souplesse et nous pensons au cas par cas. Il se peut que nous continuions sur cette lancée », précise Olivier Brandicourt.
20 milliards d’euros en un an ? Cela voudrait dire que Sanofi va certainement réduire la cadence mais il reste encore un peu de marge pour un rachat supplémentaire.
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