L’équipementier aéronautique a, une fois de plus, fait état de résultats financiers catastrophiques. Au point de remettre en cause son union avec le motoriste Safran ? L’état-major de Zodiac admet plancher sur un « scénario alternatif » en raison des « vents contraires » que rencontre le projet d’alliance.
Les publications se suivent et se ressemblent pour Zodiac Aerospace qui, trimestre après trimestre, creuse irrémédiablement ses pertes et aligne avec une régularité déconcertante les avertissements sur résultat. En effet, un mois et demi seulement après le précédent profit-warning, le groupe dirigé par Olivier Zarrouati – qui a donné sa démission hier ou plus prosaïquement qui a remis son mandat à disposition du conseil- a fait savoir que son résultat opérationnel courant pour 2016-2017 oscillerait en 200 et 220 millions d’euros. Là où la précédente prévision du groupe – présentée mi-mars dans la foulée du chiffre d’affaires trimestriel- était plus proche des 240 millions d’euros.
« Nous avons ajouté une couche de prudence supplémentaire dans notre évaluation », a pudiquement déclaré à des journalistes le président du directoire Olivier Zarrouati. Une déclaration empreinte de fatalisme et d’impuissance. Point d’orgue – mais sans doute pas point final- de la lente agonie de l’équipementier qui continue son chemin de croix alors que les négociations exclusives avec Safran, si elles se poursuivent, ne sont pas certaines d’être couronnées de succès tant les nuages s’amoncellent au-dessus de la tête d’un groupe en déliquescence.
Un mariage en danger
Pressé de toutes parts, notamment par le fonds activiste TCI qui, depuis des mois, tente de faire annuler le « mariage » via un travail de sape particulièrement bien organisé, Zodiac Aerospace affirme publiquement que le scénario d’une union avec Safran reste le scenario privilégié. Ainsi, Olivier Zarrouati, s’il a remis comme évoqué plus haut sa démission, restera en poste, sur demande du conseil de surveillance, afin d’épauler le nouveau conseiller spécial du groupe, l’ex-PDG de l’équipementier automobile Faurecia, Yann Delabrière. Un « attelage » censé durer le temps de la finalisation des discussions avec Safran. Néanmoins, l’état-major de l’équipementier aéronautique admet néanmoins plancher sur l’éventualité « Stand Alone », à savoir que le groupe conserve finalement son indépendance. Difficile à imaginer en l’état tant le groupe traîne sa peine, et son fardeau, symbolisé par les sempiternelles difficultés de sa branche Sièges.
« Le changement de gouvernance renforce la crédibilité des deux scénarios possibles », a estimé Olivier Zarrouati, affirmant tout de go, que le rapprochement avec Safran restait le scénario prioritaire de Zodiac. Tout en justifiant « l’étude » d’un maintien de Zodiac en tant qu’entité indépendante. « Un scénario alternatif à une fusion avec Safran doit exister en raison des vents contraires que rencontre le projet ». Pour la clarté, on repassera. Une lucidité dont ont néanmoins fait preuve les investisseurs en Bourse, saluant le départ d’Olivier Zarrouati qui permet au titre de progresser de plus de 3,7% moins d’une heure après l’ouverture.
Quelles répercussions pour Safran ?
Quid de « l’autre moitié » du couple, en l’occurrence Safran ? Au regard des difficultés financières du groupe, le motoriste pourrait être tenté de revoir drastiquement son offre de rachat à la baisse. Pour rappel, Safran a initialement proposé 29,47 euros par action Zodiac. Une « proposition » néanmoins soumise le 19 janvier dernier. Une éternité en Bourse. Surtout que le cours du titre a été singulièrement chahuté depuis. Preuve en est, sur la seule journée d’hier, l’action Zodiac a plongé de 6,52% à 20,85 euros. Le juste prix pour s’emparer de Zodiac ?
C’est encore visiblement beaucoup trop onéreux pour le fonds TCI qui juge plutôt le prix d’une action Zodiac entre 10 et 15 euros. Réagissant à ces résultats, Chris Hohn, patron du fonds activiste TCI, n’y est pas allé de main morte et a fustigé la stratégie de Zodiac en de pareilles circonstances. S’attaquant notamment à la nomination de l’ancien patron de Faurecia. « L’annonce de la nomination d’un conseiller spécial chez Zodiac est clairement une distraction », estimant que l’équipementier, en situation critique, avait besoin d’une augmentation de capital. Avant d’asséner le coup de grâce. « Safran surpaye largement Zodiac et devrait annuler son projet de rachat immédiatement ».
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits