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Safran Et Zodiac Convolent, Airbus « Attend De Voir »

© Getty Images

Alors que la rumeur bruissait depuis de long mois, Safran a – enfin – annoncé être entré en négociations exclusives avec Zodiac en vue du rachat du groupe aéronautique via une OPA de 8,55 milliards d’euros.

Zodiac surfe sur la vague. Le groupe aéronautique, qui après avoir vertement éconduit son prétendant il y a six ans, devrait finalement convoler en justes noces avec Safran qui aura eu le mérite de la patience et de la persévérance, qualités inhérentes à toute romance. Coût de l’opération : 8,55 milliards d’euros. Dans le détail, Safran proposera 29,47 euros par action Zodiac, soit une prime de 26,4% par rapport au cours de 23,31 euros de Zodiac mercredi en clôture. Une offre attractive, saluée par de nombreux analystes, qui, de facto, a dynamité le cours de Zodiac qui s’envolait de plus de 20% dès les premiers échanges, quand, dans le même temps, Safran était propulsé en tête du CAC 40, avec un gain de 2,78%.

Concernant les modalités de l’opération, l’OPA sera ensuite suivie d’une fusion sur la base de 0,485 action Safran après détachement d’un dividende exceptionnel pour 1 action Zodiac Aerospace, Safran précisant, en outre, qu’il continuera à redistribuer environ 40% de son résultat net ajusté sous formes de dividendes. Le groupe de Philippe Petitcolin estime que l’opération aura un effet relutif supérieur à 10% sur le résultat net par action dès le premier exercice complet post-fusion. Concernant le timing, le motoriste espère finaliser l’OPA au quatrième trimestre 2017 et entériner la fusion début 2018.

Airbus excédé par les retards répétés

Une transaction « gagnante-gagnante » pour de nombreux analystes, dont Jefferies, cité par Reuters, évoquant « une acquisition assez attractive ». Une sortie par le haut pour Zodiac, lourdement pénalisé par les difficultés chroniques de sa branche Sièges, véritable talon d’Achille du groupe au point de multiplier les profit-warning depuis 2014. Mais également de susciter l’ire de ses principaux clients, Airbus en tête qui n’avait pas hésité à tancer publiquement le groupe dirigé par Olivier Zarrouati. « Quand il était dit que la crise industrielle de Zodiac devait être terminée à l’été 2015. C’était du pipeau », avait déclaré, sans ambages, Fabrice Brégier, PDG de l’avionneur début 2016. Invité à réagir à cette opération par Reuters, un porte-parole d’Airbus a sobrement déclaré « nous verrons ».

La vente semblait être la seule alternative crédible pour sortir Zodiac de l’ornière et lui redonner son lustre d’antan même si la direction de l’équipementier avait, en novembre dernier, pris le parti de redresser la barre seul. « Le but de cette équipe de direction est d’exécuter notre plan et c’est un plan d’entreprise indépendante », avait déclaré Olivier Zarrouati fin novembre…tout en prenant soin de ne pas insulter l’avenir. « « Est-ce que cela signifie que nous sommes un village gaulois qui ne serait pas capable de saisir une bonne opportunité ? Bien sûr que non, mais toute opportunité devrait être meilleure que les performances que nous pouvons réaliser seuls ».

Nouvelle gouvernance et structure actionnariale complexifiée

Un diagnostic empreint de lucidité au moment pour Zodiac d’unir son destin avec Safran et donner ainsi naissance à un leader mondial de l’industrie aéronautique pesant 21,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 2,7 milliards de résultat opérationnel courant.  Concernant la gouvernance du nouvel ensemble, Safran doit régler le « problème » Philippe Petitcolin, atteint par la limite d’âge, et proposera de reporter l’âge limite du directeur général de 65 à 68 ans lors de l’assemblée générale annuelle prévue le 15 juin, lui permettant ainsi de rester en poste au-delà de 2017, année de ses 65 ans. En outre, Ross McInnes conservera son poste de président du conseil du nouvel ensemble tandis qu’Olivier Zarrouati, président du directoire de Zodiac Aerospace, deviendra directeur général délégué.

Concernant plus spécifiquement l’actionnariat du groupe, les familles fondatrices de Zodiac Aerospace, FFP, Fonds Stratégique de Participations, et l’Etat Français, entendent rester actionnaires de référence de Safran, avec environ 22 % de son capital, et une fois l’opération finalisée, signer un pacte d’actionnaires prévoyant une clause d’incessibilité de deux ans. Peut-être la seule « fausse note » de cette opération qui devrait complexifier encore davantage la structure de l’actionnariat de Safran.

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