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Royaume-Uni : que contient le programme économique du parti travailliste ?

Prime Minister Sir Keir Starmer (c) is flanked by Scottish Labour Party leader Anas Sanwar (l) and deputy leader Jackie Baillie (r) as he poses with Scottish Labour MPs outside 10 Downing Street on 9th July 2024 in London, United Kingdom. The number of Scottish Labour MPs has increased from two to 37 following the General Election. (photo by Mark Kerrison/In Pictures via Getty Images)

De retour au pouvoir après plus de 14 ans, le parti travailliste, emmené par le Premier ministre Keir Starmer, ne propose pas  un programme économique en rupture avec l’ère conservatrice. Des investissements dans les services publics sont attendus. 

 

Un programme prudent. Les travaillistes sont de retour au pouvoir après l’avoir laissé pendant 14 ans aux conservateurs, dont le bilan économique et social s’est avéré désastreux. Pour autant, il ne faut pas s’attendre à un changement de paradigme. Arrivé largement en tête aux législatives le 4 juillet dernier, le parti dirigé par Keir Starmer a opéré un net recentrage de sa politique économique ces dernières années. Si bien que le Labour apparaît désormais comme « pro-business ».

  • Finances publiques 

Il ne faut pas s’attendre à une augmentation des dépenses. Le gouvernement a bâti sa campagne sur un engagement de rigueur budgétaire,  soulignant l’importance de la stabilité économique. Rachel Reeves, la nouvelle chancelière de l’échiquier, a promis « une discipline de » sur les finances publiques. La dette s’approche de la barre des 100% du PIB depuis plusieurs mois, atteignant des niveaux inédits depuis le début des années 1960. Cette situation est en grande partie due aux mesures de soutien économique mises en place pendant la crise sanitaire. « Je veux que les investisseurs regardent le Royaume-Uni et se disent qu’il est un refuge dans un monde turbulent » où ils peuvent  « investir en toute confiance »  alors que d’autres pays  « s’orientent vers des politiques plus populistes », a affirmé l’ancienne économiste de la Banque d’Angleterre. Afin de garantir une meilleure maîtrise des dépenses, les futurs budgets seront évalués de manière indépendante par l’Office de prévision budgétaire (OBR).

  • Impôts sur les sociétés 

Généralement frileux envers les gouvernements issus du Labour, plusieurs dirigeants de grandes entreprises et des personnalités du monde des affaires ont pris la parole en soutien du parti travailliste. Ce dernier propose une politique fiscale proche de l’équipe sortante. Keir Starmer a assuré qu’il ne toucherait pas le taux d’impôt sur les sociétés, actuellement à 25%. Toutefois, des hausses ciblées sont annoncées, comme celle sur les superprofits des entreprises énergétiques, avec une imposition portée à 78 % au lieu de 75 %. Cette nouvelle taxe devrait générer 10,8 milliards de livres (12,7 milliards d’euros) sur une période de cinq ans. Le Labour ambitionne également une plus forte taxation des plus-values de cession des gérants (« carried interest ») de 28 % à 45 %. 

  • Services publics 

Principale préoccupation des Britanniques après le coût de la vie et de l’immigration, la crise des services publics, qui nourrit le sentiment de déclin économique outre-Manche, s’est imposée comme l’un des thèmes majeurs de la campagne des législatives. « Notre pays a voté massivement pour le changement et le retour d’une politique des services publics », a-t-il souligné lors de sa première prise de parole devant le 10 Downing Street avant d’ajouter,  « nos services publics sont un privilège ». Le Labour compte ainsi augmenter les investissements à destination de la santé, avec la promesse de débloquer des dizaines de milliers de rendez-vous pour réduire les temps d’attente pour les traitements. 6500 professeurs doivent être engagés pour combler les besoins de l’école publique. Mais, « faute de hausse de la fiscalité ou d’emprunt pour investir, on ne peut pas espérer de changement de paradigme », tempère Clémence Fourton, maîtresse de conférences en études anglophones à Sciences Po Lille auprès d’Alternatives Economiques. 

  • Energies 

Le Royaume-Uni a été durement touché par la crise énergétique consécutive à l’invasion russe de l’Ukraine, ce qui a provoqué une forte augmentation des prix de l’électricité en 2022. En effet, ces tarifs étant indexés sur ceux de la dernière centrale appelée – à l’instar de ce qui se fait dans l’Union européenne -, le pays a payé sa trop grande dépendance au gaz. Pour y remédier, le Labour promeut la création d’une entreprise d’État, Great British Energy, visant à assurer la sécurité énergétique, maintenir des prix abordables, et répondre aux enjeux climatiques. 8,3 milliards de livres (9,85 milliards) d’euros devraient être investis dans cette nouvelle entité.  Les travaillistes entendent diminuer la dépendance aux énergies fossiles, notamment le gaz, en augmentant la production d’énergies moins carbonées et moins chères. D’ici 2030, ils prévoient de doubler la capacité de l’éolien terrestre, tripler celle du solaire, et quadrupler celle de l’éolien maritime.

  • Relation avec l’Europe 

Le nouveau gouvernement entend  « redéfinir » les relations entre le Royaume-Uni et ses « partenaires européens », près de huit ans après le vote. Il « travaillera à améliorer les relations commerciales et d’investissement avec l’Union européenne ». Ce jeudi 18 juillet, le pays accueille un sommet de la Communauté politique européenne. Une opportunité pour Keir Starmer de renouer des liens, alors qu’une série d’entretiens bilatéraux sont prévus. 


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