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Romain Allouch : le chasseur des bureaux inoccupés

Portrait | Ancien directeur immobilier Europe de WeWork, Romain Allouch propose désormais une solution aux bureaux désertés avec sa start-up Sora qu’il a lancée début janvier 2024. 

 

Le rendez-vous est donné “Au jardin de Presbourg”, un restaurant cossu de la capitale. A deux pas de la plus belle avenue du monde, c’est ici que Romain Allouch a décidé de se confier à Forbes France. Habillé sobrement, tout de noir vêtu, car comme il le dit lui même, “il en a eu assez de se prendre la tête avec son style”,  et a fini par acheter plusieurs exemplaires d’une même tenue pour plus de facilité. 

A 34 ans, Romain Allouch est l’heureux parent de Sora : sa start-up qu’il a développée pendant un an, après son départ de WeWork où il occupait la place de directeur immobilier Europe. Pour débuter son activité, une levée de fonds de 4 millions d’euros a été réalisée auprès du fonds Daphni et d’un groupe de business angels, comprenant notamment Pierre Kosciusko-Morizet et Pierre Krings. De son côté, Romain n’aurait jamais imaginé un jour devenir entrepreneur et diriger une entreprise de dix salariés. “Sora c’est un peu comme mon enfant, j’y consacre tout mon temps et ce qui est drôle c’est que je n’aurais jamais cru devenir entrepreneur.” C’est aussi une start-up à l’ambiance de travail familiale. “Chez Sora il y a une bonne ambiance de travail. C’est très convivial. Mon équipe je l’ai construite sur des codes de méritocratie. Ce qui m’importe ce n’est pas qui vous étiez ou votre âge, c’est ce que vous faites.”

Pour Romain Allouch, tout commence à Paris. C’est là qu’il est né, qu’il a grandi et finalement là aussi qu’il a implanté puis développé son business. Enfant unique, élevé par une maman solo – qui est son modèle dans la vie -, il sort diplômé en 2013 de l’université Paris Dauphine PSL où il a étudié la finance. A cette époque, c’est un chemin déjà tout tracé dans ce monde qu’il pensait suivre. Ses études terminées, il part à New York où il travaille dans les fonds d’investissement immobilier. Il y découvre le networking et suit un chemin classique d’investisseurs dans l’immobilier. “ J’ai intégré un fonds d’investissement et je suis rentré dans un modèle de carrière assez classique en immobilier. J’ai arbitré des immeubles de bureaux, où je gérais des actifs pour le compte d’investisseurs.” “L’american dream” et les fonds d’investissement, c’est la première partie de sa carrière. La deuxième grosse partie, c’est son poste de directeur Europe chez WeWork. Il y reste six ans et y développe “le portefeuille immobilier sur Paris”. “Dans mon travail chez WeWork, il y a eu deux moments extrêmement importants. Le premier a été l’hypercroissance dans laquelle l’objectif était de déployer la marque et de trouver des nouveaux immeubles. La deuxième partie était la restructuration de la société.”

 

Penser les mètres carrés

En 2023, il quitte l’entreprise en ayant déjà – sans se l’avouer – l’idée de Sora dans la tête. Je n’avais rien qui me prédestinait à l’entrepreneuriat. Je n’avais pas de velléité particulière à me dire, un jour, il faut absolument que j’ai ma société. La raison pour laquelle je me suis lancé dans le sujet, c’est avant tout le sujet lui-même. Quand j’ai commencé à creuser l’idée, je me suis dit, on peut avoir plein de regrets dans une vie mais ce projet, si je ne le tente pas je m’en voudrais toute ma vie.” Son expérience chez WeWork lui a permis de constater de nouveaux besoins dans l’industrie de l’immobilier et notamment celui du coworking. “Ce que m’a appris le modèle de WeWork, c’est que le marché de l’immobilier de bureau était inévitablement en train de subir une transformation. Le coworking a amorcé cette transformation et a permis de donner un tremplin à plein de nouvelles façons de penser les mètres carrés. Les sociétés ont dû repenser leur stratégie de façon à se dire : avoir des bureaux c’est plus suffisant, maintenant il faut qu’ils soient attractifs.” Il amorce alors les réflexions qui vont le pousser à développer – une bonne fois pour toute – sa propre start-up : Sora. 

Riche des 12 années d’expérience de son PDG dans l’immobilier, Sora né le 18 janvier 2024. Romain Allouch reconnaît qu’il y a mis tout son cœur. Il ne pensait plus qu’à ça, y compris dans sa vie personnelle. Son seul exutoire, c’est la musique, en particulier la soul, qu’il aime écouter pour se détendre, ou encore les moments qu’il partage avec sa compagne – mexicaine avec qui il ne parle qu’exclusivement anglais -, qui lui permettent de souffler au milieu de ce tourbillon de stress qu’est l’entrepreneuriat. Dans son quotidien, il garde toujours un œil sur son application et ce qu’on en dit. “Je pense que par jour je dois regarder une trentaine de fois l’application. Dernièrement toute ma vie tourne autour de Sora.” Concrètement, la start-up répond à un besoin des propriétaires de bureaux qui constatent que 50% de leurs biens à destination des professionnels sont inoccupés en Europe. En réponse Sora propose une plateforme réunissant les services de coworking grâce à “une offre clé en main, à un prix inférieur de l’ordre de 30 à 40 %”, avance Romain Allouch. La base du modèle, c’est de permettre aux locataires de rentabiliser leurs bureaux et de les rendre accessibles à d’autres sous occupants qui, eux, n’arrivent pas à trouver leur bonheur dans des villes parce que l’offre est trop faible par rapport à la demande”. 

Le futur pour Sora, il le voit glorieux, même s’il veut garder les pieds sur terre et explique qu’aucune extension ne sera faite juste pour “faire grandir son bébé”. Si Sora doit se développer se sera intelligemment et toujours justifié par de la data :  une chose qui compte beaucoup pour le PDG, financier de formation. Pour vérifier que le modèle marche, il nous a fallu de la data, de vraies preuves qui prouvent que notre modèle est légitime et fonctionne”.  Un avenir prometteur se dessine pour l’entrepreneur pour qui personne n’aurait imaginé cette nouvelle carrière (lui le premier). 


 

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