Malgré les fiascos du Vélib’ 2 et d’Autolib’, le succès de l’économie de l’abonnement ne se dément pas – largement impulsé par les innovations numériques et l’économie du partage. Les nouveaux modèles de mobilité partagée répondent à l’évolution des attentes des Français.
Après 10 ans de bons et loyaux services, il est indéniable que le Vélib’ première génération a rempli ses objectifs. Mais, depuis 2007, les usages, les technologies et les approches de consommation ont radicalement changé. Et plutôt que de faire évoluer le concept pour tenir compte des nouvelles attentes des utilisateurs, Vélib’ s’arc-boute sur un modèle périmé quand Autolib’ jette l’éponge.
Un marché mature
Aujourd’hui, 2/3 des français sont des utilisateurs réguliers de services collaboratifs. 25 % d’entre eux ont déjà eu recours à des services de covoiturage ou d’auto-partage, et 64 % seraient prêts à sauter le pas. Une part toujours plus importante de français est prête à renoncer à la propriété pour favoriser la valeur d’usage. D’autant que cela répond également à une certaine désaffection de la voiture, source de pollution, d’insécurité et d’encombrements, ainsi qu’à une aspiration forte pour une mobilité sans contrainte.
Face à un marché mature, en quête de solutions alternatives simples et non contraignantes, l’opérateur Smovengo (chargé de la gestion des Vélib’ nouvelle génération) installe des « bornes »… Une approche dépassée, dont on ne s’étonnera pas des immanquables ratés à l’heure du « free-floating » et des plateformes de mobilité.
En effet, en lieu et place des contraignantes bornes, un modèle beaucoup plus fluide et agile a fait son apparition : celui du free-floating, qui consiste à mettre à disposition du public un moyen de locomotion sans station, avec des véhicules disponibles géolocalisés par le client via son smartphone, qui lui permet également de déverrouiller ou verrouiller le cycle après usage.
De nouvelles offres de mobilité plus flexibles
Ce modèle est économiquement plus léger puisque aucun investissement lourd n’est nécessaire (uniquement l’achat des vélos), ni aucune subvention publique. Pour le client, c’est moins de contrainte puisqu’il suffit de télécharger l’application, de créditer son compte, puis de payer à l’usage. C’est enfin plus de souplesse dans le modèle de facturation à l’usage par rapport à l’abonnement traditionnel du Vélib’ qui ne s’adapte pas à son consommateur.
De fait, pendant que Smovengo tente de se dépêtrer de ses problèmes de branchement électrique et de la grève de ses employés, les chinois Mobike et Ofo gagnent du terrain. En effet, Ofo compte 10 millions de vélos (jaunes) dans le monde et 1 000 vélos déployés à Paris, tandis que son concurrent Mobike propose 8 millions de vélos (gris et orange) à travers le monde, dont 3 000 en circulation dans la capitale française. Résistants (car sans rayon, sans chaîne et sans chambre à air), ces vélos connaissent un succès grandissant.
Scooters, trottinettes et voitures électriques
Outre les vélos, d’autres moyens de locomotion tirent parti du free-floating, à l’image de Cityscoot, le premier à lancer un service de location de scooters électriques en libre accès à Paris. D’ici la fin de l’année, Cityscoot compte doubler la taille de sa flotte pour atteindre 3 400 scooters à Paris et prévoit d’élargir sa zone de couverture à la proche banlieue. Le service compte également se déployer à Nice, Toulouse, Genève et Milan. Là encore, le succès a attisé les appétits puisque l’allemand Coup et l’espagnol Cooltra n’ont pas tardé à déployer leurs propres offres de e-scooters.
Dernièrement, l’américain Lime a lancé ses trottinettes électriques en free-floating dans la capitale française. Développées en partenariat avec le fabricant de gyropodes Segway, les trottinettes de Lime offrent 50 kilomètres d’autonomie et une vitesse maximale de 24 km/h. Spécificité de ce service, Lime est (pour le moment) le seul acteur du marché à récupérer chaque nuit (entre 21 heures et 6 heures du matin) ses trottinettes pour les recharger et si besoin les réparer.
Côté autopartage, à peine enterré Autolib’, on peut s’attendre au déferlement de nombreux nouveaux acteurs qui auront compris ces nouveaux usages. Des systèmes simplifiés sont dans les starting-blocks. À l’image de Ada (filiale du groupe G7) qui propose une location de courte durée en libre-service, avec réservation et déverrouillage via son appli mobile. Le constructeur PSA est également prêt à conquérir Paris, d’autant que son dispositif « emov » a déjà séduit près de 200 000 personnes en Espagne et au Portugal. Parallèlement, le géant du parking Indigo adapte ses services et ses ouvrages pour favoriser la location de véhicules partagés et privilégier le covoiturage, tandis que la SNCF revendique 700 000 utilisateurs de sa solution de covoiturage iDvroom.
On le voit, si le modèle initial de mobilité partagée a fait son temps, l’économie de l’abonnement séduit une part toujours plus importante de la population. Grâce à l’innovation, nous avons définitivement changé d’époque ! Pour le plus grand bénéfice des usagers.
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