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Revirements de carrière : Trump, Musk et Neumann parmi les figures marquantes de 2024

Trump
Le nouveau président américain, Donald Trump, quitte le palais de l’Élysée après une rencontre avec le président français Emmanuel Macron et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Cette réunion a eu lieu avant la réouverture de la cathédrale Notre-Dame. Getty Images

Une chute n’est pas toujours synonyme de fin, elle peut parfois être le prélude à un retour en force. Portés par des alliances pro-Trump, des investissements de plusieurs millions de dollars et des paris audacieux sur les cryptomonnaies, ces anciens leaders controversés réinventent leur trajectoire, redonnant un nouvel élan à leur influence et à leurs entreprises.

Un article de Maria Gracia Santillana Linares pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

 

Depuis plus de dix ans, Forbes dresse la liste des échecs professionnels les plus retentissants. Cette année, il nous a paru essentiel de mettre en lumière les chefs d’entreprise qui ont su rebondir en 2024, sauvant leur entreprise et leur carrière d’une situation critique. Même les plus puissants ne sont pas à l’abri d’une chute, mais ils ont aussi la capacité de regagner les sommets.

 

Donald Trump

Si quelqu’un maîtrise l’art du retour en force, c’est bien Donald Trump. Malgré trois affaires pénales en cours et une condamnation en attente après avoir été reconnu coupable d’un crime, l’homme de 78 ans prêtera serment comme 47eprésident des États-Unis le 20 janvier, à l’issue d’une élection présidentielle très médiatisée. Lors de son précédent mandat, Donald Trump avait quitté la Maison-Blanche avec deux mises en accusation à son actif, une montagne de dettes et un taux de désapprobation de 62 %, l’un des plus élevés pour un président sortant, à l’exception de Richard Nixon. Désormais, une majorité d’Américains approuvent la manière dont il gère la transition présidentielle.

Aujourd’hui, fort de sa victoire électorale retentissante, Donald Trump affiche une popularité au sommet. Sa fortune est estimée à 6,2 milliards de dollars, en léger recul par rapport à son pic de 8,1 milliards atteint en mai dernier.

 

Elon Musk

En 2022, Elon Musk a fait son entrée sur la liste Forbes des plus grands échecs professionnels, principalement en raison de son acquisition controversée de Twitter (aujourd’hui X). Durant son bref passage à la tête de l’entreprise, avant de céder le poste de PDG à Linda Yaccarino, il a accumulé les faux pas : gestion chaotique des licenciements, moqueries envers les utilisateurs, revirements sur les politiques internes et une communication erratique qui a inquiété les investisseurs de l’ensemble de ses entreprises, notamment Tesla.

Aujourd’hui, il est l’homme le plus riche du monde. En décembre, il est devenu la première personne à dépasser les 400 milliards de dollars de fortune nette, grâce à une nouvelle valorisation de SpaceX à 350 milliards de dollars. Cette hausse représente un bond de plus de 150 milliards de dollars cette année, porté notamment par sa participation de 13 % dans Tesla, dont l’action a progressé de 70 %, et par sa part estimée à 54 % dans xAI, valorisée à 50 milliards de dollars en novembre.

Au-delà de sa fortune, Elon Musk occupe une position clé dans le nouvel entourage stratégique de Donald Trump. Après avoir investi 200 millions de dollars pour soutenir sa campagne, il a été désigné pour codiriger le Department of Government Efficiency (Département pour l’Efficacité Gouvernementale), chargé de proposer des moyens de réduire les dépenses publiques.

 

Adam Neumann

Adam Neumann, fondateur et ancien PDG de WeWork, a fait un retour remarqué cette année en tentant de racheter l’entreprise de co-working pour éviter sa faillite. Sous sa direction, WeWork était passée du statut de start-up valorisée à 47 milliards de dollars à un fiasco lors de son introduction en bourse, menant à son départ en tant que PDG. En février, Adam Neumann a annoncé une offre de rachat de 650 millions de dollars en partenariat avec le fonds spéculatif Third Point de Dan Loeb, mais celle-ci a été rejetée.

Au lieu de s’obstiner, il a choisi de se consacrer à sa nouvelle entreprise dans le secteur immobilier. En août, sa start-up Flow a discrètement inauguré sa première propriété à Riyad, en Arabie saoudite. Lancée en 2022 avec un financement de 350 millions de dollars d’Andreessen Horowitz, Flow vise à réinventer « l’avenir de l’habitat » à travers des espaces de co-habitation et de travail. Deux autres propriétés estampillées Flow ont ouvert leurs portes en avril à Fort Lauderdale et Miami, en Floride, marquant une nouvelle étape dans la quête de Neumann pour redéfinir le secteur immobilier.

Ces nouveaux investissements ont permis à Adam Neumann de conserver son statut de milliardaire. Sa fortune, estimée à 2,3 milliards de dollars, provient principalement de sa participation d’environ 10 % dans WeWork, de ses parts majoritaires dans des immeubles résidentiels valorisés à un milliard de dollars avant endettement, et de l’évaluation de Flow à plus d’un milliard de dollars en 2022.

 

Michael Saylor

Michael Saylor, fervent partisan du bitcoin et président de MicroStrategy, a marqué l’année 2024 par un parcours impressionnant. Cet ancien spécialiste en aéronautique a fait de MicroStrategy l’un des plus grands détenteurs institutionnels de bitcoins, avec 439 000 pièces, valorisées à environ 44 milliards de dollars. Malgré le scepticisme entourant la stratégie audacieuse de cette entreprise, qui se décrit désormais comme « la première et la plus grande société de trésorerie en bitcoins au monde », les résultats parlent d’eux-mêmes. L’action de MicroStrategy a bondi de 403 % en 2024, surpassant largement le gain de 137 % du bitcoin et le rendement de 24 % du S&P 500.

Cette ascension fulgurante a été renforcée par l’ajout de MicroStrategy à l’indice Nasdaq 100 à la mi-décembre, un mouvement qui a stimulé davantage la valeur de l’entreprise grâce au fonds négocié en bourse Invesco QQQ. Pour Michael Saylor, cette année exceptionnelle s’est traduite par un doublement de sa fortune nette, alimentée par ses avoirs personnels en bitcoins et sa participation dans MicroStrategy. Sa valeur nette atteint désormais 8,7 milliards de dollars.

 

Fran Horowitz

La PDG d’Abercrombie & Fitch profite d’une nouvelle année de croissance pour cette marque de vêtements prisée des millennials et de la génération Z. Sous la direction de Fran Horowitz, arrivée à la tête de l’entreprise en 2017, l’action est passée d’un creux historique de moins de 10 dollars à 149 dollars aujourd’hui. Cela a permis à Abercrombie de se hisser parmi les meilleures actions de moyenne capitalisation aux États-Unis cette année, avec une croissance de 500 % depuis 2023 et de 60 % sur l’année en cours.

La stratégie de Fran Horowitz, centrée sur l’inclusivité des tailles, l’élargissement de l’offre et une refonte de l’image de marque pour séduire les professionnels, a porté les ventes annuelles à 4,8 milliards de dollars en décembre, enregistrant une hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. Parmi les initiatives phares de l’année, la marque a également lancé une collection de robes de mariée.

Cependant, ce succès s’est construit dans l’ombre des controverses liées à l’histoire de l’entreprise. En octobre, le département de la Justice des États-Unis a accusé l’ancien PDG, Mike Jeffries, de trafic sexuel et de prostitution interétatique, des accusations pour lesquelles il a plaidé non coupable.

 

Bernard Looney

Un an après avoir quitté son poste de PDG de BP suite à la révélation de relations non divulguées avec des collègues, Bernard Looney rejoint le conseil d’administration de Prometheus Hyperscale, une entreprise de données basée dans le Wyoming. En mai, cette société a conclu un partenariat avec Oko, une entreprise spécialisée dans l’énergie nucléaire et soutenue par Sam Altman, PDG d’OpenAI. En tant que président du conseil d’administration, Bernard Looney supervisera la construction du centre de données phare de l’entreprise à Evanston, un projet estimé à 10 milliards de dollars. Par ailleurs, il a récemment intégré le conseil d’administration de la compagnie pétrolière nationale d’Abou Dhabi (Adnoc).

Avant sa démission en septembre 2023, Bernard Looney a construit une carrière impressionnante au sein du géant britannique du pétrole et du gaz, passant du poste d’ingénieur de forage à celui de directeur général en seulement trois ans. Bien que BP ait affirmé qu’il n’avait pas techniquement enfreint les règles de l’entreprise, il lui a été reproché de ne pas avoir été « entièrement transparent ». Looney a ainsi dû renoncer à plus de 40 millions de dollars de rémunération et à une partie de ses primes passées pour avoir « sciemment trompé le conseil d’administration » dans un acte qualifié d’« inconduite grave ».

 

John Galliano

Un départ en pleine gloire. Après une décennie à la tête de la création de Maison Margiela et un défilé Artisanal en janvier dernier qui a marqué les esprits, John Galliano s’apprête à quitter la célèbre maison de couture française. Connu pour avoir popularisé les emblématiques chaussures Tabi et contribué à une croissance de 23 % des ventes en 2023, selon Vogue Business, John Galliano laisse un héritage remarquable. Quant à l’avenir de Maison Margiela, le mystère demeure. « Quand le moment sera venu, tout sera révélé », a-t-il écrit dans un post sur Instagram.

Le contraste est saisissant avec les débuts de John Galliano chez Maison Margiela. Ce poste marquait son retour après une sortie scandaleuse de Dior en 2011, où il avait occupé le poste de directeur artistique depuis 1996. Galliano avait joué un rôle clé dans la transformation de Christian Dior en une marque multimillionnaire, avant d’être licencié en pleine Fashion Week à Paris suite à la diffusion de vidéos où il tenait des propos antisémites. Son parcours, de l’exil à une renaissance spectaculaire dans l’univers de la mode et sur internet, a été si marquant qu’il a inspiré le documentaire High and Low : John Galliano, diffusé sur Amazon Prime en mars.

 

Sankaet Pathak

Il est possible de connaître un revers professionnel et réussir un retour en force au cours de la même année. En mai, Sankaet Pathak, fondateur et PDG de la fintech Synapse, a été évincé de son poste par un juge des faillites, qui a révoqué la direction en place et nommé un administrateur indépendant dans le cadre de la procédure du chapitre 11. Synapse, une société de services bancaires en ligne en difficulté, a finalement déposé le bilan cette année après des mois de recherche infructueuse de partenaires bancaires et d’acheteurs potentiels. Cette faillite a bloqué l’accès à 114 millions de dollars appartenant à des dizaines de milliers de clients, tandis que les avocats estiment que jusqu’à 20 millions d’utilisateurs finaux pourraient également en subir les conséquences.

Sankaet Pathak n’a pas laissé cet incident freiner son élan et s’est aussitôt tourné vers de nouveaux projets. Alors que la procédure de faillite est encore en cours, il se consacre déjà à sa nouvelle aventure dans le domaine de la robotique. En août, il a annoncé à TechCrunch avoir levé 11 millions de dollars auprès d’investisseurs, dont Tribe Capital, pour soutenir Foundation, une start-up dédiée au développement de robots humanoïdes afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre.


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