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Rencontre Du Square, Le Lab D’Émergence Collaborative De Renault

Un Lab est un outil organisationnel qui a pour ambition de stimuler la créativité et l’innovation au sein des entreprises. C’est un modèle de travail collaboratif faisant interagir des individus aux compétences diverses en suivant une logique d’itération en mode “essai-erreur” dans le processus d’innovation.  

Mon observation des pratiques récentes en entreprise m’a amené à proposer une catégorisation des Labs en six grandes finalités guidant leur mise en place : une finalité de prospective, d’agilité ou d’incubation, d’innovation ouverte, de facilitation, d’acculturation et de communication ou de « faire » (maker). Ces familles de Labs sont décrites dans la chronique Et si vous mettiez en place un lab dans votre entreprise ?.

Avec cet article, je souhaite initier une série de rencontres qui permettront d’illustrer plus précisément les Labs d’entreprise et ainsi transmettre une meilleure compréhension des démarches. Partons à la rencontre de Nathalie Rey et de Lomig Unger, cofondateurs et responsables de Le Square, un des leviers de l’open innovation de Renault.

Le Square se définit comme un Lab d’émergence collaborative, avec 3 finalités majeures : open innovation, prospective et maker. C’est un espace expérientiel qui incarne d’autres façons de travailler.

Un Lab à finalité d’innovation ouverte favorise les flux entrants et sortants intentionnels de connaissances afin d’accélérer l’innovation interne et d’élargir les marchés possibles par l’ouverture vers l’écosystème externe (start-up, universités, incubateurs, pôles de compétitivité, partenaires technologiques).

Comme Le Square, il peut s’agir d’un tiers-lieu, un espace de liberté d’aller et de venir et d’échange qui se situe au bord de l’entreprise ; une véritable passerelle entre la sphère interne et la sphère externe. Il est composé d’une communauté d’individus aux compétences variées.

Être un Lab d’open innovation signifie se connecter à une communauté externe multiple et diverse aussi bien des chercheurs, des écoles, des start-up, des freelances que des sociétés technologiques…Chacun se nourrissant de la richesse de l’autre. Les vertus d’une telle démarche sont d’engager et de faciliter des dynamiques d’innovation collective, d’intelligence collective, d’apprentissage collectif,…

 

Nathalie, Lomig, pouvez-vous vous présenter ?

Les cofondateurs du Square : Nous sommes à l’initiative de ce projet. Nous sommes salariés de Renault, avec deux parcours différents et complémentaires qui ont façonné ce qu’est le Square.

Nathalie : j’ai occupé différentes fonctions au sein du Groupe Renault dans le digital, la communication, les ressources humaines et la transformation. Ces expériences m’ont permise de me mettre au service de la conduite du changement et de l’innovation. Je suis passionnée par les organisations et l’intelligence collective, formée à la communication interpersonnelle de l’école de Palo Alto.

Lomig : physicien de formation, j’ai commencé ma carrière dans la R&D, et mon goût pour la recherche, la conception et la créativité m’ont conduit à mettre en place des structures collaboratives dédiées à l’innovation. Ce qui m’anime, c’est de créer les conditions de la discussion critique, de la créativité, de l’exploration, et de l’effectuation.

 

Qu’est-ce que Le Square ?

Les cofondateurs du Square : Le Square est un Lab d’émergence collaborative, qui réunit un ensemble de partenaires très variés : start-up, grands groupes, think tanks, associations, chercheurs, freelances, PME, …

Ces différentes organisations ont chacune leurs activités, leurs clients, et sont autonomes, mais ont une volonté commune de tisser des liens et créer des synergies autour du Why : explorer le futur de la mobilité et les nouvelles façons de travailler.

Basé au cœur de Paris, dans une ancienne concession Renault, que nous occupons de manière éphémère, ce lieu a été reconfiguré / détourné pour l’occasion en « colocation de travail » /coworking. C’est un espace de 2500m², totalement ouvert, sur deux niveaux. Les bureaux de vendeurs de voitures sont devenus des salles réunions partagées, les espaces showrooms sont devenus des open-spaces, et une partie des parkings/zone de préparation ont été aménagés en atelier, espace d’expérimentation. 100 personnes y travaillent chaque jour, pour 26 organisations différentes.

C’est un lieu hétéroclite, tant par la diversité de ses occupants, que de l’installation du mobilier, fait de récupération, de réutilisation, et d’apports multiples. Cette diversité et cette frugalité rendent le lieu organique, facilement appropriable, et propice à la créativité et au lâcher prise.

 

Comment ça fonctionne ?

Les cofondateurs du Square : Comme toute colocation, le loyer est partagé, et le bon fonctionnement est adossé à des règles. Nous avons mis en place un système de co-gouvernance : une fois par semaine se tient la réunion avec les partenaires, et c’est l’instance qui nous permet de prendre les décisions ensemble : cooptation, vie du lieu, projets communs, organisation d’évènements, actualités des uns et des autres, etc…

Pour être plus qu’un simple coworking, il est apparu nécessaire au fil du temps d’instaurer, en plus de cette réunion hebdomadaire, des rituels qui permettent le « frottement » :

– un apéro mensuel des résidents qui permet de faire venir de nouvelles recrues, et qui est la première étape de notre process de cooptation,

– le déjeuner collaboratif où nous cuisinons et déjeunons tous ensembles.

La frugalité de nos moyens a généré une absence d’accompagnement, de programmes, de « batch ». Il n’y a pas de durée imposée aux membres de la communauté. Nous avons ainsi développé un type d’incubation de projets basé sur l’autonomie, le don contre don, la curiosité, l’écosystème, et la débrouille. C’est un lieu propice aux entrepreneurs indépendants et autonomes, qui cherchent plus un réseau de réseau qu’un accompagnement spécifique de leur projet. Le Square vient ainsi compléter, sur Paris, de manière unique, l’offre par ailleurs abondante d’accompagnement et d’incubation.

 

À quoi sert-il ?

Les cofondateurs du Square : Ce lieu sert à nourrir le Why « explorer le futur de la mobilité et les nouvelles façons de travailler ». Il s’y déroule tout un univers d’activités variées, répondant aux besoins multiples des différentes entités présentes : des explorations, des expérimentations, des événements, des workshops, du networking, des formations, rendez-vous clients, fabrications & prototypages, etc.

Nous sommes dans le lieu les représentants de Renault et nous y menons donc les activités d’open innovation liées à notre entité. Ainsi, nous avons conçu ce lieu pour les collaborateurs Renault, afin qu’ils y trouvent un « lieu ressources », pour certains types de projets d’innovation et de transformation nécessitant :

– des méthodes de travail nouvelles amplifiées par la variété des pratiques de travail dans le lieu

– des partenaires différents de notre écosystème habituel

– un lieu et un contexte de travail libérant la créativité.

Nous avions l’intuition, vérifiée depuis, que le Square devait être un lieu d’émergence, c’est-à-dire d’identification et de création de nouvelles connaissances, de nouvelles opportunités business, et de nouvelles façons de penser le travail.

Nous y conduisons des activités d’exploration, autour de la transition mobilité : l’enjeu est d’imaginer de nouvelles formes de mobilités plus durables, accessibles, inclusives et intégrées harmonieusement dans leur environnement, ce qui implique de le co-concevoir avec l’écosystème de parties prenantes.

 

Quelles sont les 1ères réalisations ? Les 1ers succès observés ?

Les cofondateurs du Square : Pour l’écosystème du Square, depuis 2 ans : la naissance de start-up, le développement de business, la signature de contrats clients, le co-développement de solutions/d’offres, la mise en commun des réseaux des uns et des autres, l’identification de nouveaux partenaires business, une réputation et une visibilité dans l’écosystème d’innovation parisien, la mise en commun de cultures et de pratiques différentes, la structuration de champs d’innovation pour la mobilité urbaine avec les parties prenantes, le prototypage de solutions, l’organisation de meet-up, de conférences, de workshops.

 

Quel est le business model ?

Les cofondateurs du Square : Chacun paye sa part de loyer (nombre de postes de travail). Il n’y a pas de flux financiers entre les partenaires, sauf dans le cadre de prestations qu’ils peuvent éventuellement se délivrer les uns aux autres.

 

En une phrase ?

Les cofondateurs du Square : Notre Why qui est écrit sur le mur à l’entrée : « Explorer le futur de la mobilité et les nouvelles façons de travailler ».

 

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