Renault a publié ce vendredi matin des résultats financiers record pour l’exercice 2017 qui permettent de renforcer l’assise de Carlos Ghosn dans son bras de fer avec l’Etat actionnaire autour du débat concernant sa succession. Par ailleurs, le dirigeant a consenti une baisse de salaire de l’ordre de 30%.
Renault domine de la tête et des épaules le CAC 40, le titre de l’autoproclamé premier constructeur mondial bondissant de 3% grâce des résultats de haute voltige. Dans le détail, la marque au losange a enregistré, sur l’ensemble de l’année 2017, un chiffre d’affaires record de 58,77 milliards d’euros, soit une progression de 14,7%. Autre « record historique », une marge opérationnelle de 6,6% (contre 6,4% en 2016) et un bénéfice net part du groupe qui s’est littéralement envolé de 49,6% à 5,11 milliards d’euros. En outre, le résultat opérationnel (3,85 milliards d’euros) a surpassé les prévisions des analystes, ces derniers tablant sur un montant moindre, à hauteur de 3,65 milliards. « Nous avons une année record sur bien des domaines », a commenté à des journalistes la directrice financière de Renault, Clotilde Delbos, selon des propos rapportés par Reuters. « A commencer par la performance intrinsèque de Renault sur des marchés porteurs ». De solides performances à bien des égards qui ont donc permis à Carlos Ghosn de renforcer ses positions sur le constructeur puisqu’il devrait être confirmé à la tête de celui-ci pour 4 années supplémentaires.
Un temps qui sera mis à profit pour renforcer l’intégration de l’Alliance formée avec les japonais Nissan et Mitsubishi. Le renouvellement de son mandat d’administrateur sera proposé aux actionnaires lors de l’assemblée générale annuelle du 15 juin. « L’Alliance, je suis convaincu qu’elle est irréversible, mais nous voulons nous assurer que tout le monde en soit convaincu aussi », a déclaré le PDG de Renault au cours d’une conférence avec les analystes financiers. « Nous allons franchir des étapes supplémentaires pour garantir que ce ne soit pas partagé seulement par quelques experts, mais par l’ensemble du marché ». L’horizon semble totalement dégagé pour Renault qui a par ailleurs confirmé la nomination du directeur délégué à la Compétitivité (CPO) Thierry Bolloré à un nouveau poste de directeur général adjoint, à compter du 19 février. Ce qui en fait le dauphin du puissant et indéboulonnable Carlos Ghosn.
Renforcement de l’Alliance
Une « confirmation » et un « numéro 2 » qui, semble-t-il, permettent à l’action Renault – outre les bons résultats – de retrouver une certaine vigueur en ce jour (-0,7% sur l’ensemble de l’année 2017), comme le souligne Barclays, dans une note citée par Reuters. « Cela envoie un signal de confiance au marché sur la direction stratégique du groupe et reflète la priorité donnée à trouver la structure d’entreprise la plus efficiente possible », estime la banque britannique. Fort de ce nouveau mandat, l’homme d’affaires va devoir poursuivre le renforcement de l’Alliance en ménageant les susceptibilités, et continuer de cohabiter avec l’Etat actionnaire avec lequel les rapports n’ont pas toujours été au beau fixe. Doux euphémisme. L’occasion de répéter qu’il ne voyait pas comment ce rapprochement pourrait avoir lieu si l’Etat conservait une part aussi importante du capital (15%). « Je ne vois pas comment la partie japonaise pourrait accepter des étapes supplémentaires avec l’Etat français comme actionnaire majeur », a déploré le dirigeant.
Autre pomme de discorde entre l’Etat et Renault, la rémunération de l’emblématique patron du constructeur hexagonal. Mais là, tout semble rentré dans l’ordre, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire ayant annoncé que Carlos Ghosn avait concédé une forte réduction de son salaire au titre de 2018. « « Il a accepté de baisser de 30%, il a organisé sa succession, tout ça (…) nous permet, l’Etat et Renault, de travailler main dans la main, ensemble, en vue de la prochaine AG pour garantir l’avenir de l’Alliance », a déclaré l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy sur CNews. De son côté, Carlos Ghosn a souligné que cette baisse de salaire était imputable à la nouvelle répartition des tâches consécutive à l’arrivée de Thierry Bolloré. Pour rappel, en 2016, la rémunération du PSG avait atteint 7,06 millions d’euros. C’est d’ailleurs la première fois en trois ans que l’Etat approuve la rémunération de Carlos Ghosn, souligne Bercy. De quoi, peut-être, pacifier les relations entre les deux parties. En attendant le prochain épisode.
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