L’Amérique marque le début d’une ère de domination technologique. Pour l’Europe, il devient crucial de promouvoir sa propre politique industrielle et de viser la souveraineté technologique.
Une contribution de Sébastien Gravier : enseignant-chercheur devenu Président-Fondateur de Vulkam, la 1ère usine de Métaux Amorphes en France
Alors que l’Europe peine à assurer son approvisionnement en ressources énergétiques et en matières premières, elle conserve un atout stratégique décisif : ses compétences technologiques. C’est sur ce pilier que la France et l’Union européenne doivent bâtir leur réindustrialisation. La crise actuelle souligne l’urgence d’une stratégie globale, combinant souveraineté énergétique, soutien aux industries de haute technologie et innovation pour transformer nos économies et mesures politiques ciblées et adaptées.
Une Europe fragilisée, mais en position de force technologique
L’Union européenne, bien que privée de ressources naturelles abondantes, reste une puissance technologique de premier plan. Or, la compétition internationale s’intensifie : les États-Unis et la Chine multiplient leurs efforts pour contrôler les chaînes d’approvisionnement en matières stratégiques et développent des politiques protectionnistes agressives. Dans ce contexte, la France doit être à l’avant- garde d’une mobilisation européenne pour protéger et faire croître ses industries de pointe.
Une stratégie industrielle à réinventer
Les aides nationales aux industries, ne suffisent plus. Ce qu’il manque aujourd’hui, c’est une stratégie européenne coordonnée autour de trois axes majeurs :
• Sécurisation des coûts énergétiques et des approvisionnements en matières premières : Il est impératif de créer une politique énergétique commune capable de résister au dumping international. Cela passe par l’investissement dans les énergies renouvelables, la diversification des sources d’approvisionnement, une visibilité des couts sur le long terme et une meilleure gestion des ressources disponibles.
• Soutien aux industries de haute technologie : L’Europe doit offrir un environnement favorable aux entreprises innovantes en allégeant les charges salariales, en garantissant des coûts énergétiques compétitifs et en protégeant les technologies stratégiques par des mesures de protectionnisme intelligentes.
• Innovation pour une industrie sobre et durable : Miser sur des solutions technologiques qui permettent de réduire l’empreinte écologique tout en augmentant la performance. Cette transition passe par l’émergence de nouveaux matériaux comme les métaux amorphes, capables de révolutionner plusieurs secteurs industriels.
Les métaux amorphes : une révolution industrielle
Le métal est partout et la France détient un avantage considérable avec l’arrivée sur le marché de la métallurgie d’une véritable technologie de rupture : les métaux amorphes, aussi appelés verres métalliques. Ces alliages d’un nouveau genre, issus de la recherche scientifique française, présentent une structure atomique désordonnée qui leur confère des propriétés exceptionnelles pour tendre vers une sobriété des matériaux : une résistance mécanique élevée, un allègement des pièces, une diminution de l’impact environnemental.
Ces matériaux permettent de réaliser jusqu’à 50 % d’économies en matières premières et de réduire de 30 % les émissions de CO2. Leurs champs d’application sont innombrables : horlogerie, micro- mécanique, santé, aéronautique, électronique, énergies renouvelables… Ils offrent à la France un levier unique pour construire une industrie métallurgique plus innovante et durable.
Vers une filière industrielle des métaux amorphes
Et si nous parvenions à créer en France la première filière industrielle des métaux amorphes, positionnant ainsi notre pays comme un leader mondial de ce marché stratégique ! Avec l’ouverture imminente de la toute première usine de métaux amorphes à Grenoble, nous sommes prêts à redéfinir l’avenir de la métallurgie et à contribuer activement à la transition énergétique.
Une Europe stratège pour garantir son indépendance
La France et l’Union européenne doivent agir ensemble pour éviter une dépendance accrue vis-à-vis des grandes puissances économiques. Cela passe par la création d’écosystèmes industriels solides et innovants, la sécurisation des approvisionnements en métaux stratégiques et le développement d’un cadre réglementaire adapté aux exigences des marchés de haute technologie.
En misant sur une industrie innovante et sobre, la France peut devenir un modèle de réindustrialisation durable. Avec des initiatives pionnières dans les métaux amorphes, elle dispose des atouts pour bâtir un avenir industriel solide, compétitif et respectueux de l’environnement. Il est temps de penser et d’agir à l’échelle européenne pour donner corps à cette ambition.
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