Le nouveau Premier ministre a ouvert la voie à une réécriture du texte, sans modifier l’âge de départ légal lors d’intervention dans les médias. Il s’est également montré favorable à une plus forte cotisation des entreprises afin de dégager plus de recettes.
Avec François Bayrou, les pourfendeurs de la réforme des retraites de 2023 devraient goûter à une potion aigre-douce. A peine nommé Premier ministre, le maire de Pau va devoir s’attaquer à cet épineux dossier, où le risque de confrontation avec le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire (NVP) est important. Pour rappel, le nouveau locataire de Matignon défend une réécriture du texte, sans pour autant revenir sur l’âge de départ légal. A l’inverse des deux groupes, majoritaires à l’Assemblée nationale, qui réclament son abrogation.
Peu de temps avant l’adoption du texte par 49.3, François Bayrou qualifiait de la réforme de « mal préparée, mal expliquée » déplorant le « passage en force » du gouvernement. Début septembre, le Haut commissaire au plan expliquait sur LCI que de « meilleurs réglages » pouvaient être trouvés. Une opposition à l’une des lois les plus décriées du quinquennat Macron plus sur la forme que sur le fond, le nouveau Premier ministre ne s’étant jamais opposé au report de l’âge de départ légal, par souci de ramener à zéro le déficit de notre système par répartition à l’horizon 2030, objectif initial de ladite réforme. « Nous ne pouvons pas ne pas avoir de stratégie de rééquilibrage des retraites », soulignait-il à la chaîne d’information en continu.
Surcroît de recettes
Et ce, d’autant que François Bayrou considère, dans une note publiée en décembre 2022, qu’il existerait « un déficit structurel important » du système de retraites, de 30 milliards d’euros en 2021. Soit une estimation bien au-dessus de celles du Conseil d’orientation des retraites (COR), qu’il accuse sur France Inter de défendre « l’idée que ce n’est pas plus grave que ça ». Dans cet avis, il exprime une « surcotisation » de l’Etat, qui permettrait de tenir le système à l’équilibre, faisant référence à un taux de cotisations employeurs beaucoup plus important que celui pour les salariés du privé.
Dans ce contexte, difficile d’imaginer François Bayrou répondre aux attentes du NFP et du RN. Et ce, malgré la pression des syndicats. Sur le plateau de France 3, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a rejoint le parti socialiste sur une proposition de gel temporaire du texte. « S’il y a une suspension, ça doit être un point d’étape vers l’abrogation, a-t-elle signalé. Abroger la réforme des retraites coûterait 3 milliards d’euros en 2025. Quand on sait qu’on voulait imposer 60 milliards d’euros d’économies, on voit que 3 milliards est tout à fait finançable. »
Gage donné à la gauche, le patron du Modem s’était montré favorable à l’idée d’une « très légère augmentation des cotisations patronales » lors d’un entretien aux Echos, deux jours avant la présentation de la réforme en 2023. Le tout dans un objectif de dégager un surcroît de recettes en faveur du système par répartition.
Lire aussi : La France Insoumise dépose une proposition de loi pour abroger la réforme des retraites
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