Est-ce que les États-Unis vont bientôt entrer en récession ? C’est la question que se posent de nombreux Américains. Jerome Powell, président de la Fed, pourrait avoir la réponse.
Le président de la Fed, Jerome Powell, s’est adressé aux Américains mercredi 19 mars pour annoncer que le Federal Open Market Committee (FOMC, comité fédéral de marché ouvert) avait décidé de ne pas modifier son taux de référence pour les fonds fédéraux, le laissant entre 4,25 % et 4,50 %.
Jerome Powell a également fourni une évaluation détaillée de la situation de l’économie américaine, notamment en ce qui concerne les tarifs douaniers, l’emploi, l’inflation et d’autres facteurs pertinents. De nombreux Américains se demandent si les États-Unis se dirigent vers une période de récession. Qu’en est-il réellement ?
Situation de l’économie américaine
Jerome Powell a déclaré que l’économie américaine est globalement forte et que les conditions du marché du travail sont solides. Il a ajouté que l’économie a progressé à un rythme de 2,3 % au cours du quatrième trimestre 2024. Il a également indiqué que les dépenses de consommation se stabilisent après une croissance rapide au cours du second semestre 2024.
Ce dernier point est important, car les dépenses de consommation sont de loin la composante la plus importante de l’économie américaine, représentant environ 70 % du PIB total. Par conséquent, si les consommateurs continuent à dépenser, l’économie devrait se porter bien.
Pourquoi les dépenses de consommation ralentissent-elles ? Jerome Powell a indiqué que les perspectives économiques étaient très incertaines et qu’il fallait analyser comment cela pourrait affecter les dépenses et les investissements futurs. En d’autres termes, il est pratiquement impossible de prévoir avec précision l’évolution de l’économie à court terme, compte tenu du niveau d’incertitude existant. La projection médiane du PIB pour 2025 est d’environ 1,7 %, ce qui est inférieur aux prévisions de décembre dernier.
La situation de l’emploi
Jerome Powell a déclaré que le marché du travail restait solide, avec plus de 200 000 créations d’emplois par mois en moyenne au cours des trois derniers mois. Le taux de chômage est faible, à 4,1 %, et les salaires augmentent plus rapidement que l’inflation. Jerome Powell a également affirmé que le marché du travail n’est pas une source de pressions inflationnistes significatives.
Rapport sur l’inflation
Le dernier rapport sur l’indice des prix à la consommation (IPC) montre que l’inflation est tombée à 2,8 % en février, ce qui représente une baisse considérable par rapport au pic de 9,1 % atteint en juin 2022. Au cours de la dernière année du mandat de Joe Biden, l’inflation a oscillé entre un maximum de 3,5 % en mars et un minimum de 2,4 % en septembre.
Le rapport sur l’inflation de février révèle que les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 2,6 %, soit moins que le taux global, tandis que les prix de l’énergie ont baissé de 0,2 % au cours des 12 derniers mois se terminant en février. Même si l’inflation a baissé, elle reste supérieure au taux cible de 2,0 % fixé par les autorités fédérales.
Les politiques du gouvernement Trump
Jerome Powell a également déclaré que le nouveau gouvernement était en train de mettre en œuvre des changements politiques importants dans quatre domaines distincts : le commerce, l’immigration, la politique fiscale et la réglementation. Selon Jerome Powell, c’est l’effet direct de ces changements de politique qui sera déterminant pour l’économie et pour la trajectoire de la politique monétaire (c’est-à-dire les taux d’intérêt, la masse monétaire, les réserves obligatoires des banques).
Selon Jerome Powell, les droits de douane pourraient ne pas engendrer une inflation trop importante comme certains le prévoient, car de la fabrication au consommateur final, il y a de nombreuses étapes. Il est possible que le coût supplémentaire des droits de douane soit partiellement absorbé par le fabricant, le distributeur et les points de vente au détail, ce qui réduit l’impact pour le consommateur. En outre, si les droits de douane sont de courte durée, les stocks existants peuvent suffire à combler l’écart. Toutefois, il y a trop d’incertitudes pour en être certain.
Les taux d’intérêt
La Fed contrôle les taux d’intérêt à court terme. Mercredi 19 mars, le FOMC a laissé le taux des fonds fédéraux entre 4,25 % et 4,50 %. Jerome Powell a déclaré qu’il s’attendait à ce que ce taux tombe à 3,9 % d’ici la fin de l’année 2025 et à 3,4 % d’ici la fin de l’année 2026. En d’autres termes, Jerome Powell annonce quelques baisses de taux d’ici la fin de l’année prochaine.
Une récession imminente ?
Encore une fois, Jerome Powell a déclaré qu’il y avait beaucoup d’incertitude concernant les changements de politique du gouvernement Trump et leur effet sur les perspectives économiques. Toutefois, au vu des données les plus récentes, rien n’indique qu’une récession est proche. Pas encore en tout cas.
Ces dernières années, le chômage a eu tendance à augmenter à l’entrée d’une récession. Après avoir atteint un pic de 14,7 % en avril 2020, le taux de chômage aux États-Unis est tombé à son plus bas niveau (3,4 %) en avril 2023. En juillet, août et novembre de l’année dernière, le taux a atteint 4,2 %. Actuellement, le taux de chômage est de 4,1 %.
Selon Jeremy Piger, professeur d’économie à l’université de l’Oregon, il y avait 0,3 % de chances que les États-Unis soient en récession en janvier. Jeremy Piger a mené des recherches approfondies sur le sujet.
Pour mettre les choses en perspective, le National Bureau of Economic Research (NBER, Bureau national de recherche économique) est la principale autorité en matière de cycle économique, qui inclut les récessions. Le cycle économique indique quand l’économie atteint un sommet, quand elle se contracte et quand elle recommence à croître. Le NBER est la source la plus citée pour déterminer ces points d’inflexion.
Cependant, le NBER détermine ces points d’inflexion des mois après qu’ils aient eu lieu. En d’autres termes, il n’existe pas de source fiable pour déclarer une récession en temps réel. Peut-être que l’IA changera cela. Quoi qu’il en soit, de nombreux économistes s’attendent à ce que l’économie américaine se contracte au cours du premier trimestre 2025.
Si la définition académique d’une récession est de deux trimestres civils de croissance négative, l’autre méthode souvent utilisée, bien que moins précise, est celle d’une période prolongée de faiblesse économique. Il est clair que l’économie américaine ne répond à aucune de ces deux définitions.
Même s’il existe un risque de récession dans un avenir assez proche, l’économie est aujourd’hui forte, le marché du travail est solide et l’inflation est en baisse. Même si le risque de récession existe, il semble faible. Comme l’a dit Jerome Powell, les quatre changements politiques distincts en cours au sein du gouvernement ajoutent beaucoup d’incertitude et il faudra surveiller de près tout indicateur de récession.
Une contribution de Mike Patton pour Forbes US, traduite par Flora Lucas
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