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Rapport du GIEC : les administrateurs doivent être formés et informés

La demande d’information sur la stratégie de décarbonation des entreprises cotées est devenue un incontournable des assemblées générales.

Cette demande légitime des actionnaires et des salariés, au titre du risque social qu’ils acceptent de courir, se heurtent le plus souvent à des réponses qu’ils jugent insatisfaisantes en ce qu’elles ne leur permettraient pas d’évaluer la pertinence des plans réels ou supposés. Il en résulte une défiance croissante chez les actionnaires vis-à-vis de la gouvernance des entreprises, notamment sur la faculté réelle de celle-ci à se saisir pleinement du sujet climatique.  

 

Parmi les organes sociaux, le conseil d’administration se trouve dans la position paradoxale de déterminer la meilleure stratégie de croissance de l’entreprise et la meilleure stratégie de décroissance de ses émissions. Dans un modèle macroéconomique fondé sur la consommation d’énergies fossiles, l’équation semble insoluble à court et moyen terme. C’est pourtant dans ce délai qu’il est essentiel d’agir, ce que rappelle une fois de plus le GIEC dans le Summary for Policymakers de son sixième rapport d’évaluation (AR6) publié le 19 mars.

La formation des administrateurs aux enjeux climatiques est donc urgente et la Place semble l’avoir entendu : le code Afep-Medef, récemment modifié, recommande que les administrateurs bénéficient d’une formation sur les enjeux de l’entreprise en matière de RSE, « en particulier sur les sujets climatiques ». On pourra cependant regretter le caractère faiblement prescriptif de cette recommandation, alors que comptabilité carbone, scénarios de réchauffement, suivi des indicateurs, évolutions réglementaires et nouveaux risques sont encore peu maitrisés par les administrateurs. Compte tenu de l’importance du sujet, ceux-ci ne devront donc pas hésiter à mettre leur board sous pression pour être formés ou se former eux-mêmes.

 

Mais les administrateurs devront surtout mettre les conseils sous pression pour être informés. En effet, conseils d’administration et conseils de surveillance continuent de souffrir de deux obstacles consubstantiels à leur nature, qui affectent l’efficacité de leur mission. Premièrement, en tant qu’organes intermittents, ils souffrent d’une distance insurmontable avec l’entreprise et ses enjeux, à la différence des dirigeants exécutifs, par définition instances permanentes. Surtout, ils subissent une asymétrie d’information majeure avec la Direction générale, qui s’étend à tous les sujets de l’entreprise et en particulier son exposition au changement climatique.

Dans la plupart des cas, les dirigeants eux-mêmes se trouvent dans la situation délicate de ne pas disposer de l’information utile, faute de temps pour mettre en place les processus idoines, faute de compétences en interne, faute de métriques stables. Dans la plupart des cas, les stratégies présentées sont lacunaires, sans étapes claires ni objectifs intermédiaires. Sur ce sujet qui réactive le débat crucial du choix entre la création de valeur à court et à long terme, il est vital de réaligner les intérêts des parties prenantes en présence – actionnaires, salariés et citoyens – pour donner à l’entreprise les outils nécessaires à sa décarbonation.

Les directions générales doivent ainsi veiller, sous l’impulsion majeure du président du conseil, à apporter aux administrateurs les connaissances détaillées à la résolution du problème climatique. Quant à l’administrateur enfin, la question principale n’est plus seulement « Suis-je formé ? » mais aussi « Suis-je informé ? ». L’un ne va pas sans l’autre.

Caroline Ruellan & Hugues de Saint Pierre

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