En septembre 2024, à 74 ans, Alice Walton a détrôné la Française Françoise Bettencourt Meyers et est redevenue la femme la plus riche du monde. Elle occupe la 13e place au classement mondial des milliardaires de Forbes ce mois-ci avec une fortune estimée à 107,5 milliards de dollars, contre 95,8 milliards de dollars en septembre dernier.
La femme la plus riche du monde est assez peu connue du grand public. Discrète, passionnée d’art et d’équitation, engagée dans la philanthropie et la santé publique, Alice Walton intrigue par son mode de vie aussi sobre malgré une fortune colossale. Déjà désignée parmi les personnalités les plus influentes du monde par le Time Magazine en 2012, Alice Walton s’est imposée comme une figure majeure de l’influence culturelle et philanthropique aux États-Unis.
Née le 7 octobre 1949 à Newport, dans l’Arkansas, Alice Louise Walton est la seule fille de Sam Walton, fondateur de Walmart, et de sa femme Helen. Elle grandit à Bentonville avec ses trois frères, Rob, Jim et John. Diplômée en économie à la Trinity University de San Antonio, elle commence brièvement sa carrière chez Walmart comme acheteuse de vêtements pour enfants, avant de s’orienter vers la finance. Elle débute alors sa carrière comme analyste financière et gestionnaire de portefeuilles pour First Commerce Corporation, puis comme courtier chez EF Hutton. En 1988, elle fonde même sa propre banque d’investissement, Llama Company, qu’elle dirige pendant dix ans en tant que présidente, PDG et directrice du conseil d’administration.
Une collectionneuse d’art de longue date
Si Alice Walton est redevenue la femme la plus riche du monde, c’et avant tout grâce à sa position d’actionnaire chez Walmart, le plus grand groupe de distribution mondial. Fondé en 1962 par son père Sam Walton à Rogers (Arkansas), le groupe a fait fortune grâce à une gestion de volumes élevés, des chaînes logistiques optimisées et une politique de prix agressive. Walmart est devenu dans les années 1990 le leader de la distribution américaine, puis mondiale. Il compte aujourd’hui plus de deux millions de salariés, opère dans plus d’une dizaine de pays et génère un chiffre d’affaires annuel supérieur à 600 milliards de dollars.
Sans jamais avoir occupé de fonctions dirigeantes au sein de l’entreprise, Alice Walton possède une part importante du capital : en 2016, elle détenait plus de 11 milliards de dollars en actions. En 2025, sa fortune atteint 121 milliards de dollars, renforcée par la hausse spectaculaire de l’action Walmart, qui grimpe de 47 % depuis janvier 2024.
“Elle est celle qui me ressemble le plus – une anticonformiste – mais encore plus imprévisible que moi.” – Sam Walton
Mais si Alice Walton a choisi de rester en marge du pouvoir industriel de Walmart, c’est pour mieux s’investir dans sa passion de toujours qu’est l’art. Son attrait pour l’art naît très tôt : à 10 ans, elle achète pour 25 cents une reproduction de Blue Nude de Picasso, un achat qui marque le début d’une longue trajectoire de collectionneuse. Avec sa mère, elle peint aussi des aquarelles lors de balades en nature. Dans les années 1980, elle acquiert ses premiers dessins de Winslow Homer. En 2005, elle débourse 35 millions de dollars pour Kindred Spirits d’Asher B. Durand, une œuvre emblématique de la Hudson River School. Elle achète également des toiles de Hopper, Rockwell, Rothko, O’Keeffe, Peale, Wiley, Kaphar ou encore Hartley. Certaines œuvres, comme Rosie the Riveter de Rockwell, lui coûteront près de 5 millions de dollars.
En 2011, elle inaugure à Bentonville le Crystal Bridges Museum of American Art dont elle préside le conseil d’administration jusqu’en 2021 ; un projet ambitieux né de la volonté de rendre l’art accessible aux habitants des zones rurales. Le musée, conçu par Moshe Safdie sur un terrain de 120 hectares appartenant à la famille Walton, est gratuit et a accueilli plus de 5 millions de visiteurs en 10 ans. Pour prolonger cet engagement, elle crée la fondation Art Bridges en 2017, qui finance des expositions itinérantes, des prêts d’œuvres et des partenariats avec des musées régionaux peu dotés.
Passion équestre et philanthropie
Alice Walton possèdait également un ranch de 3 200 acres à Millsap au Texas, où elle élève des chevaux de cutting, spécialisés dans le tri de bétail. Dotée d’une intuition à déceler les poulains prometteurs dès deux mois, elle est reconnue par la communauté équestre. En 2015, elle revend sa propriété pour se consacrer pleinement à son musée avant de déménager à Fort Worth, puis à Bentonville dès 2020.
Côté philanthropie, l’héritière Walton s’investit dans de nombreuses causes. Elle crée la “Alice L. Walton Foundation” en 2017 pour promouvoir l’accès à l’art, à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques. En 2020, elle donne 3 millions de dollars à l’Université de Central Arkansas pour les beaux-arts, et 1,28 million à l’Université de l’Arkansas pour favoriser l’alimentation saine dans les écoles. En 2022, elle accorde 3,5 millions de dollars à la banque alimentaire du nord-ouest de l’Arkansas.
Mais c’est surtout la santé qui retient son attention. Elle fonde en 2019 le Whole Health Institute, qui coopère avec les organismes de soins, les employeurs et les collectivités pour défendre une médecine intégrative. En 2021, elle annonce la création de l’école de médecine “Alice L. Walton School of Medicine”, accolée au Crystal Bridges Museum. Le campus, actuellement en construction, ouvrira ses portes en 2025, sous réserve d’agrémentation. L’objectif est de former des professionnels en médecine allopathique avec une approche globale. En partenariat avec le Cleveland Clinic, elle participe à l’évaluation des besoins médicaux de la région, qui débouche sur la création d’un système médical spécialisé avec Washington Regional Medical System.
Si la famille Walton entretient des liens avec les Clinton – Hillary Clinton étant ancienne First Lady de l’Arkansas et membre du conseil d’administration de Walmart de 1986 à 1992 – Alice choisit de financer tantôt des partis républicains, tantôt des partis démocrates. En 2004, elle fait un don de 2,6 millions de dollars au groupe conservateur Progress for America, puis de 200 000 dollars au super PAC de Mitt Romney en 2012. En 2016, elle offre 353 400 dollars auprès du “Hillary Victory Fund”, destiné à soutenir la campagne d’Hillary Clinton. Si elle a exclusivement soutenu des candidats républicains jusqu’en 2012 (sauf en 2008 pour Clinton), elle opère un tournant en 2013 et concentre depuis ses dons en faveur des démocrates.
Discrète mais stratège, Alice Walton tient son succès à sa capacité à se renouveler constamment : « Pour réussir dans ce monde, il faut sans cesse se réinventer. » disait-elle. Sans jamais trahir son identité philanthropique et sa vision profondément ancrée dans les territoires.
« La clé du succès, c’est d’aller sur le terrain et d’écouter ce que les employés ont à dire. C’est extrêmement important que tout le monde s’implique. Nos meilleures idées viennent des caissiers et des magasiniers. » – Alice Walton
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